Si Lyon et Villeurbanne ont réservé peu de surprises dimanche soir au vu des résultats du premier tour des municipales, il n'en va pas de même dans l'agglomération. Les maires de Bron, Rillieux et Saint-Priest sont en difficulté, tandis que ceux Décines, Vaulx-en-Velin, Saint-Fons et Chassieu ont peu de chance de rempiler. Tour d'horizon.
Les villes qui peuvent basculer
> Saint-Fons : Demontes (PS) dévisse
Un mandat et puis s'en va ? Avec 27,01% des voix, la sénatrice Christiane Demontès dévisse de treize points par rapport à 2008. Son opposante de droite la toise, à 40,13%. Ce sont les listes arrivées en 3e et 4e places qui vont jouer les arbitres : Marie-France Vincent (UMP) qui a obtenu 14,16% et Ahmed Benferhat (EELV/MoDem), 13,09%. En l'état des choses, la droite devrait regagner Saint-Fons.
> Grigny : la droite à un poil de la victoire
Pour le second tour, l'opposant Xavier Odo (UMP) n'a plus de réserves de voix. Mais il a pris une telle avance au premier tour (47,8%) qu'on l'imagine gagner la Ville dimanche prochain, d'autant que le Front national n'a pas à Grigny de candidat. Pour conserver une chance, le maire sortant, René Balme (Front de Gauche) devra obligatoirement faire la synthèse avec Estelle Mejri (EELV, 17,6%) et mobiliser les abstentionnistes.
> Vaulx-en-Velin : Geoffroy et Genin au coude-à-coude
Forte de son élection aux législatives, Hélène Geoffroy a réussi son pari : devancer le maire sortant, Bernard Genin (Front de Gauche), de 79 voix. Par rapport aux résultats de 2008, ce n'est pas tant elle qui progresse que le maire sortant qui s'écroule : Maurice Charrier l'avait emporté dès le premier tour avec 50,6% des suffrages, contre 26,1% pour son successeur. Dans cette ville où la droite va encore jouer les utilités, ce sont les listes divers gauche et centriste qui peuvent faire basculer : Nordine Gasmi (10,54%) et Stéphane Bertin (16,8%). La socialiste, qui les a contactés dimanche soir, va rencontrer Bernard Genin ce lundi après-midi. Pourrait-il lui annoncer son retrait, comme le veut la pratique républicaine à gauche ?
> Tassin : cartes rebattues à droite
Dans certaines villes, les cartes sont rebattues à l'intérieur d'un camp politique. Il n'y a donc pas de bascule à proprement parler. C'est le cas à Tassin où le maire sortant, Jean-Claude Desseigne (UDI), vice-président au Grand Lyon, est en ballotage défavorable (29,49%) face à l'UMP Pascal Charmot qui a obtenu 43,91%. Le PS va compter les points (29,6%).
> Chassieu : Percet (EELV) ne volera pas au secours de Darlay (PS)
Pour la droite, c'était une incongruité : Chassieu devait revenir dans l'escarcelle de l'UMP. La bascule pourrait se faire dans huit jours : le maire PS Alain Darlay a viré dimanche en tête mais est en difficulté (32,10%) face aux deux listes de droite Sandrine Chopard (24,48%) et le divers droite Jean-Jacques Sellès (24,93%). A-t-il des réserves de voix ? L'écologiste Joëlle Percet (13,05%), hostile au Grand Stade, ne l'a pas beaucoup ménagé ces dernières années. "Il n'y a pas de discussion possible avec monsieur Darlay. Aujourd'hui on réfléchit à une fusion avec des listes apolitiques", dit-elle. Elle envisage même un accord avec Jean-Jacques Sellès.
> Décines : Sturla (PS) face à une conjonction d'oppositions
Le maire sortant Jérôme Sturla, qui a rendez-vous pour la première fois aux municipales avec les urnes, rate d'une trentaine de voix la première position au premier tour. C'est l'UMP Florence Fautra qui rafle la pole position avec 30,80% des voix. Elle peut gagner Décines dimanche prochain si elle opère une fusion avec Sandy Sagnard (26,6%), opposant notoire au Grand Stade de l'OL. Le socialiste, en revanche, dispose de réserves de voix plus faibles : la liste Buronfosse/Boudaoud, critique à l'égard de la municipalité sortante, ayant fait pschiiit (12,12%). Qui plus est, les discussions n'étaient pas encore engagées à midi ce lundi.
> Mions : une centriste arbitre
Pour cette élection, le maire sortant, Paul Serres (PS) passait la main à son premier adjoint, Jean-Paul Vezant. Celui-ci devrait perdre la ville : avec 29,2% des voix, il est nettement distancié par l'UMP Claude Cohen (39,83%). La centriste Valérie Romero (14,3%) est toutefois en position de faiseuse de roi.
Les villes disputées
> Rillieux : Les Darne sous pression
Renaud Gauquelin (PS) et Alexandre Vincendet (UMP) ont réussi à virer en tête de leur camp respectif, avec 30,5% et 28,9%. En l'absence de candidat FN, le candidat de droite le sait : pour l'emporter, il doit réussir la fusion avec Julien Smati (13,5%) tandis que Jean-Christophe Darne (17,3%) se maintiendrait au second tour. Consciente du risque, la municipalité sortante plaide pour un retrait de la liste dissidente plutôt qu'une fusion. "Après s'être tant affrontés, s'aimer d'un coup d'un seul, c'est bizarre", souffle un proche du maire. Gérard Collomb interviendrait en ce sens, pour sauver des sièges de conseillers métropolitains et éviter un basculement.
> Saint-Priest : une triangulaire salvatrice pour David (PS) ?
En perte de près de dix points par rapport à 2008, la maire PS sortante n'est pas foutue. Avec 35%, elle devance son challenger UMP, Gilles Gascon (32,8%). Elle va chercher une alliance avec l'écologiste Véronique Moreira (6,8%) dont elle n'avait pas voulu en 2008. Surtout son salut pourrait provenir d'une triangulaire, comme c'est souvent le cas à Saint-Priest : Sandrine Ligout a frôlé les 22% au premier tour. Reste que le total des voix de droite et d'extrême droite est nettement plus élevé que celui des scores de la gauche.
> Bron : Brissy-Queyranne refuse de s'allier à Guillemot
Si elle n'a pas réussi son pari de devancer la maire sortante Annie Guillemot (PS, 30,1%), Elisabeth Brissy-Queyranne a réalisé une belle performance au soir du premier tour, avec 23,6% des voix. Elle constitue une grosse épine au pied de la socialiste. "Je n'ai rien à voir avec cette femme, je ne partage pas ses valeurs d'autocrate, je la laisse à son califat. En aucun cas, je ne m'allierai avec elle", nous déclare Elisabeth Brissy-Queyranne ce lundi matin. L'ex-adjointe compte bien se maintenir au second tour. Voilà qui redonne un peu de chance à Yann Compan (24,9%) même si la présence du Front national (15,6%) au second tour complique sa donne.
> Corbas : FN, divers droite et UMP peuvent-elle s'allier ?
Le maire sortante, Jean-Claude Talbot (PS), est arrivé nettement en tête, dimanche soir, avec 42,1%. Mais il est dépourvu de réserves de voix, et ses challengers de droite et d'extrême droite totalisent à eux deux près de 58% des suffrages (l'UMP est en tête). Reste que leur alliance ne va pas de soi. Après avoir expérimenté une liste FN/divers droite, Corbas va-t-elle proposer une liste UMP/divers droite/FN ? Peu probable.
Les villes qui ont déjà basculé
> Pierre-Bénite
Jérôme Moroge (UMP) a gagné dès le premier tour avec 52,8% des voix. La maire communiste sortante Mireille Domenech-Diana ne se représentait pas.
> Saint-Germain au Mont d'Or
Le village socialiste parmi les terres de droite a cédé : le maire Guy David (PS, 41,5%) a été nettement battu par Renaud Georges (divers droite, 58,5%)