Laurent Wauquiez a officiellement lancé sa campagne pour ravir à Jean-Jack Queyranne la présidence du conseil régional ce dimanche. Il a réuni 1 500 personnes autour de lui pour escalader le mont Mézenc, à la croisée des régions Auvergne et Rhône-Alpes.
François Mitterrand gravissait la roche de Solutré, Arnaud Montebourg grimpe jusqu'en haut du mont Beuvray, Laurent Wauquiez escalade lui le mont Mézenc. Le candidat de la droite et du centre ne manque jamais une occasion d'écrire ligne après ligne, parfois précipitamment, son histoire. Dimanche, au mont Mézenc, aux confins de la Haute-Loire et de l'Ardèche, à la croisée de l'Auvergne et de Rhône-Alpes, il a rassemblé 1 500 personnes autour de lui pour lancer sa campagne des régionales. Une vraie démonstration de force, tant le lieu du rendez-vous aurait pu difficilement être plus inaccessible.
Des militants sont venus des 13 départements de la nouvelle région. Dans certaines fédérations, Les Républicains avaient affrêté des bus. "C'est beau, mais c'est loin ", lance Laurent Wauquiez qui reçoit dans sa circonscription, paraphrasant Jacques Chirac. "Je suis attaché à ce lieu, où j'ai toujours puisé de la force et de la sérénité", explique-t-il pour donner de la hauteur à sa promenade jusqu'en haut du mont Mézenc (1 753 m).
“Je ne veux pas être ministre en 2017”
Dans ce meeting qui symbolise le lancement de sa campagne, le député-maire du Puy-en-Velay et numéro 3 des Républicains s'affiche aux côtés de Patrick Mignola (Modem) et Franck Reynier (UDI), avec qui il a conclu une alliance durant l'été. Le parterre d'élus réunit toutes les sensibilités de la droite et du centre. Les élus de l'UDI qui avaient eu la dent la plus dure contre lui sont même présents au premier rang.
La plupart des parlementaires de droite de la nouvelle grande région ont fait le déplacement (Buffet, Cochet, Accoyer, Hortefeux, Meunier, Guilloteau, Verchère, Cinieri, Reynier, Dion, Darnaud, etc.). Les jeunes maires de la vague bleue des municipales de 2014 sont aussi de la promenade. Laurent Wauquiez, en terrain conquis, enchaîne les bises et les accolades aux élus comme aux militants. "Comment Queyranne peut-il lancer sa campagne après ce qu'on vient de faire ? Il réunira combien de personnes, lui ?" s'esclaffe un militant.
“Le PS a gâché le talent de notre région”
Symboliquement, Laurent Wauquiez a en effet réussi son entrée en campagne. Son discours est désormais bien rodé quand il s'agit d'attaquer à la sulfateuse le bilan de Jean-Jack Queyranne. Dans son discours d'une trentaine de minutes, il raille la majorité gauche plurielle de la région qui implose. "Le Parti de gauche tape sur le Parti communiste qui tape sur les écolos qui tape sur le PS qui tape sur Jean-Jack Queyranne", s'amuse-t-il. La salle est conquise.
Sa vision des actuelles gestions des régions Auvergne et Rhône-Alpes, sans filtre, comble aussi les militants : "Nous venons de connaître une des pires crises de l'agriculture de notre région. Que fait la région ? Rien. Le secteur du bâtiment souffre. Que fait la région ? Rien. Dans les derniers chiffres du chômage, notre région est une de celles qui se dégradent le plus. Que fait la région ? Rien. Alors, oui, je les accuse d'avoir gâché les talents de notre région."
Le candidat Wauquiez promet de développer l'apprentissage, la sécurité dans les trains ou d'assouplir les normes administratives. Il se fait chaudement applaudir quand il promet de demander aux allocataires du RSA des heures de travaux d'intérêt général. "Au Puy-en-Velay, nous avons commencé à la mettre en œuvre. À l'échelle de la région, je veux faire de même. Être aux côtés de la France qui travaille et de ceux qui cherchent vraiment un emploi", martèle le secrétaire général de l'UMP.
Taubira et Najat, des cibles faciles
Devant des militants chauffés à blanc, ses saillies contre Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira, les cibles les plus populaires à droite, recueillent presque une standing ovation. Le discours est rodé et Laurent Wauquiez joue, entre les lignes, la carte de la transparence quant à ses ambitions personnelles : "Je veux me battre pour notre région et je ne veux pas être ministre en 2017. Je connais les joies et les limites de ce cinéma gouvernemental. Je serai plus utile avec vous, dans ma région, en apportant la preuve que nos idées apportent des résultats concrets (…) Aujourd'hui, je ne crois plus que l'on transformera notre pays par le haut. C'est par le bas, par nos mairies, nos régions qu'il faut commencer, avec des élus qui ont enfin le courage de mettre en œuvre concrètement nos idées et nos convictions, qui arrêtent de trembler et de douter. J'en ai assez de cette caste qui se laisse dicter ses idées par le politiquement correct." Avec son meeting-promenade du mont Mézenc, Laurent Wauquiez a pris de l'élan pour accéder, s'il gagne la région en décembre prochain, à son tremplin vers le destin national qu'il s'écrit.
Des heures de travaux d'intérêt général aux allocataires du RSA? Faudrait-il encore que ces heures sonnent la possibilité d'un retour à l'emploi. Or les politiques de rigueur et la financiarisation de l'économie dont Wauquiez s'est fait le chantre depuis des années (c'est bien lui qui fait financer son micro parti par les banquiers d'affaires britanniques!) conduisent au chômage longue durée. Les entreprises d'insertion qui accompagnent ces personnes voient leur taux de réinsertion dégringoler car les entreprises ne proposent que des emplois à temps partiel sur des courtes durées. Généralisons les clauses sociales dans les marchés publics, accompagnons les projets d'entreprise favorisant la création d'emploi, la relocalisation des activités et il y aura déjà moins d'allocataires du RSA.