Faux, usage de faux et désinformation alimentent la campagne de Begag depuis 48 heures au point que le Procureur de la République va être saisi d'une plainte.
À Lyon, la campagne d'Azouz Begag est scrutée avec le ricanement de ceux qui attendent le faux-pas, l'abandon, le décrochage lâche de la tête de liste régionale Modem. Chacun (journalistes, politiques et militants) s'est mis à croire que le scénario était écrit à l'avance si bien que les rumeurs et les fausses informations sont prises pour argent comptant. Il a été dit que Dominique Chambon a été remercié par Azouz Begag alimentant l'idée d'une campagne bordélique et désordonnée. Il n'en est rien. Dominique Chambon est toujours directeur de la campagne d'Azouz Begag. Il a simplement demandé une aide et un renfort afin d'assurer ses responsabilités d'avocat et de bâtonnier de l'Ardèche. Mais au registre fausse rumeur et désinformation, il y a bien pire. Hier, les rédactions ont reçu un mail avec le nom de Thomas Rudigoz dans l'en-tête et une adresse mail au nom aussi clownesque que fantaisiste : zouzoupresident@... et signé par “des adhérents Modem“.
Faux et usurpation d'identité
“Je veux vous alerter sur les faits suivants : nous n'acceptons pas la manière dont les choses ont été faites pour cette campagne, le choix de la tête de liste et l'absence de démocratie“, peut-on y lire. Après vérification, ce mail s'avérera être un faux. “Les personnes à l’origine de cette falsification ont utilisé mon nom afin de salir mon image et nuire à la campagne du Mouvement Démocrate“, explique Thomas Rudigoz qui a décidé de porter plainte auprès du Procureur de la République pour usurpation d'identité.
“Ils ont malheureusement en partie réussi leur minable manipulation, puisque quelques médias ont cité mon nom comme auteur de ces propos“, poursuit-il. Et le coup sera complet puisque quelques heures après la réception de ce mail, Gilles Vesco fait savoir sur son blog qu'il retire sa confiance à Azouz Begag au motif que ce dernier soutient Dominique de Villepin suite à la relaxe de l'ancien Premier ministre dans l'affaire Clearstream. Ce n'était pourtant pas nouveau mais les ricanements ont alors redoublé : Begag ira-t-il au bout ?
D'autant plus que dans les dernières 48 heures, un courrier adressé à François Bayrou a fuité dans la presse sur l'exercice d'une “clause de conscience et d'un droit de retrait“ d'une trentaine de membres du Modem du Rhône (Eric Lafond, le conseiller national Modem, Guillaume Haudebourg, Stéphane Sacquepée et autres responsables de sections Modem du Rhône) qui ont décidé de ne plus faire campagne pour leur parti et donc pour Azouz Begag. On savait les signataires déjà rétifs à se couler derrière la candidature de Begag. Ce courrier le confirme.
Mais la théorie du bordel désordonné est alors remâchée à la lumière de ces événements tout comme devant le constat que les plus proches soutiens de Begag lui retirent leur confiance. Ce n'est pas tout à fait exact puisque le mail de Rudigoz est un faux et que Fabienne Faure vient juste de clarifier sa position en décidant de mener la liste Modem dans l'Ain. Il y avait un doute sur sa participation abondant la théorie du lâchage de Begag par ses propres troupes. Rappelons que Fabienne Faure et Thomas Rudigoz ont fait des offres de service à Jean-Jack Queyranne ces dernières semaines.
À qui profite le crime ?
Dès lors la question se pose : à qui profite le crime ? Le faux mail de Rudigoz, le courrier “clause de conscience et droit de retrait“, la désinformation sur l'éloignement du directeur de campagne d'Azouz Begag et le lâchage de Vesco qui est, in fine, la seule chose avérée. Ces vraies-fausses informations sont toutes intervenues dans un délai de 48 heures si bien qu'on finit par s'interroger : y a-t-il eu préméditation ? Y a-t-il eu une volonté manifeste de désinformer et, le cas échéant, de saboter ?
Certes Begag n'est pas le plus habile des politiques et reste quelque peu incontrôlable. Il ne fait pas campagne, ne débat pas avec ses opposants et ne parvient pas toujours à asseoir son leadership. Il a en effet une grande part de responsabilité dans les difficultés de sa campagne. Cela étant, ces rumeurs de lâchage apparaissent aujourd'hui plutôt comme une sorte de lynchage. Si la plainte de Rudigoz est déposée, alors peut-être saura-t-on qui se cache derrière ces rumeurs. Mais une plainte en politique peut-elle avoir l'effet d'un traitement préventif : faire cesser le lynchage ?
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