SÉRIE (3e circ./14) – Dans le cadre de la campagne des législatives, les candidats du Rhône répondent au questionnaire de Lyon Capitale : quelles propositions de lois voteront-ils s'ils sont élus à l'Assemblée nationale ? Lesquelles soumettront-ils eux-mêmes au Parlement ? Marina Avenas nous répond. Elle est la candidate de Solidarité et Progrès dans la 3ème circonscription du Rhône (Lyon 3e, 7e et 8e).
Lyon Capitale : Êtes-vous pour ou contre le mariage homosexuel ? Et l'adoption par des couples homosexuels ?
Dans les textes, le mariage est le premier pas pour fonder une famille. Il faut donc penser avant tout à l'enfant et à son meilleur épanouissement. Il me semble qu'aimer un enfant, l'aider à grandir, lui servir de modèle dans la vie n'est pas une question de sexe mais de caractère et d'engagement.
Êtes-vous pour ou contre la surtaxe Hollande de 75% pour les revenus au delà d'un million d'euros annuel ? Souhaitez-vous créer des exceptions pour certaines professions (sportifs, artistes…) ?
Plus que de renchérir en matière de taxe, il me semble que le plus important est de faire revenir les exilés fiscaux. Je ne trouve pas normal que des artistes ou des sportifs français, qui bénéficient du marché français ou qui ont été formés en France, n'y paient pas leurs impôts.
Souhaitez-vous une intervention de l'État pour limiter la hausse du prix de l'essence ?
Oui, dans un moment de crise, l'intervention de l'Etat est une nécessité pour ne pas noyer les ménages. Mais cette mesure doit rester ponctuelle. L'essence est de toute façon une source d'énergie dépassée. Il faudra se pencher sur les moyens de transport de l'avenir. Comme le train à lévitation magnétique qui était au départ une invention française de Jean Bertin abandonnée dans les années 70, et qui est maintenant une réalité au Japon et bientôt en Chine.
Êtes-vous pour ou contre l'encadrement des loyers ?
Oui. Le loyer aujourd'hui est devenu une question sensible, à cause de la spéculation immobilière. Tout ce qui touche aux conditions de vie ne devrait pas être l'objet de spéculation, comme la nourriture, l'eau, le logement. Ce n'est pas aux populations à s'adapter aux marchés, mais les marchés à investir pour les populations.
Pensez-vous qu'il faille réduire l'immigration légale en France ?
Non. Nous devons rester une terre d'accueil pour les réfugiés politiques. Quant à l'immigration économique, elle est nécessaire dans une société en croissance. A nous de mettre sur la table les mesures qui relancent la croissance. Il faut aussi se demander ce qui pousse les immigrés à partir de chez eux et comment faire pour développer des conditions de vie meilleures dans leur pays d'origine.
Êtes vous pour imposer un écart maximum de 1 à 20 dans la rémunération des salariés des entreprises publiques ? Des entreprises privées ?
Oui, bien sûr. Il faut une échelle de salaire large pour stimuler la prise d'initiative. Mais au-delà d'un certain seuil, l'argent n'a plus de valeur. L'argent créé par une entreprise en bonne santé doit être en bonne part réinvesti dans son secteur recherche et innovation : l'argent doit être un outil pour un projet à long terme.
Êtes-vous pour ou contre le droit de vote des étrangers aux élections locales ?
Oui. Le vote stimule l'intégration car il responsabilise. Et quand on vit depuis longtemps quelque part, qu'on paie des impôts, qu'on participe à la vie locale, pourquoi n'aurait-on pas droit de participer aussi à la vie politique ?
Pensez-vous qu'il faille conserver Hadopi ? Si non, par quoi souhaitez vous la remplacer ?
L'essentiel est la protection du travail de l'artiste, avant celle de son producteur ! Les artistes doivent pouvoir s'organiser en coopératives.
Êtes-vous pour ou contre une aide publique à la construction de mosquées ?
Je suis pour une harmonisation de la loi au sujet de tout édifice religieux. Il ne devrait pas y avoir deux poids et deux mesures.
Êtes-vous pour ou contre le retour à la semaine de 5 jours à l'école ? Si oui, préférez-vous que la nouvelle matinée de classe soit le mercredi ou le samedi ?
Je suis pour un temps-libre consacré à la formation artistique. Qu'il soit le mercredi ou bien réparti sur les après-midis de la semaine. L'éducation au beau, l'expérimentation de la création artistique, permet aux enfants de former leur sensibilité et leur personnalité. Il faut que la semaine d'un enfant consacre un large temps à l'apprentissage musical par exemple. Au Venezuela, il y a un programme public formidable d'éducation musicale qui s'appelle El Sistema : 250 000 enfants, la plupart issus de milieux défavorisés, à qui on a mis un instrument entre les mains, qui sont formés musicalement et qui jouent dans 125 orchestres répartis dans tout le pays. Voilà une belle leçon de démocratie !
Êtes-vous pour ou contre l'énergie nucléaire ?
Je suis pour une énergie nucléaire en constante amélioration. Sa gestion aujourd'hui n'est pas bonne (sous-traitance, gestion des déchets). Il faut que l'Etat reprenne en main ce domaine, et pousse la recherche (elle le fait déjà, mais n'a pas suffisamment de moyens) vers une énergie nucléaire plus propre, plus sûre, et plus dense. C'est possible avec la fusion d'hydrogène contrôlée, en investissant non seulement dans le confinement magnétique, mais aussi le confinement inertiel (allumage au laser). Une société qui avance est une société qui est capable de produire plus d'énergie que son simple besoin quotidien, dans le but de se lancer dans des projets à long-terme qui lui permettront d'améliorer sa capacité d'accueil en êtres humains.
Êtes-vous pour la légalisation de l'usage de cannabis ?
Non. Je pense que légaliser l'usage du cannabis est prendre le problème à l'envers. Il faut se pencher sur les raisons qui poussent une société à consommer davantage de drogues, qu'elles soient dites douces ou dures. La politique est faite pour changer ces conditions-là.
Êtes-vous pour ou contre la réalisation des projets autoroutiers qui concernent l'agglomération : A45, COL, TOP ?
La question des infrastructures de transport doit être une priorité nationale, avec un investissement massif, mais pas seulement dans les autoroutes : aussi et surtout dans les trains du futur (voir question sur l'essence). Pour mieux repenser les axes de communication et les harmoniser dans une perspective à long terme, il faut un bureau du Plan qui réfléchisse à leur pertinence au niveau national.
Quels sont vos engagements personnels en matière de cumul des mandats ? Pensez-vous qu'il faille une loi pour réglementer cette question ?
Je ne suis pas pour le cumul des mandats, et j'espère que les engagements du président Hollande sur ce sujet seront tenus. Je crois que les hommes politiques doivent donner l'exemple. On ne peut pas être au four et au moulin, ou alors en alternant les mandats locaux et nationaux, mais pas en même temps.
Quels sont vos engagements personnels en matière de transparence sur les rémunérations et les conflits d'intérêts des élus ? Pensez-vous qu'il faille une loi pour réglementer cette question ?
Les hommes politiques doivent donner l'exemple. S'ils ne sont pas capables de le faire de leur plein gré, alors une loi sera nécessaire. Pour répondre aux deux précédentes questions, j'irai même plus loin : en Grèce antique, les élus, chaque année, pratiquaient la reddition de compte : ils devaient rendre-compte, devant les citoyens, de ce qu'ils avaient fait pendant leur mandat. Ca se fait aussi aux Etats-Unis : les députés reviennent chaque année devant leurs électeurs, dans une assemblée, et doivent répondre de leurs actions.
Quels sont vos engagements personnels en matière de temps de présence à l'Assemblée nationale ? Pensez-vous qu'il faille une loi pour réglementer cette question ?
Même réponse que les 2 précédentes.
Quelles propositions de loi envisagez-vous de faire à l'Assemblée nationale si vous êtes élue ?
Le système financier international est en banqueroute. Toutes les questions posées dans ce questionnaire, qu'elles soient sociales ou économiques, sont vaines si l'Assemblée nationale ne s'occupe pas de façon urgente du problème qui est au cœur de la crise actuelle : à savoir la réglementation stricte de la finance. Qui se soucierait de la loi Hadopi ou de la légalisation du cannabis après un krach boursier de l'ordre de celui de 1929 ? Il faut donc très vite empêcher de vivre à nouveau un tel bouleversement, et l'exemple de la Grèce et de l'Espagne doit nous y inciter plus fortement encore. C'est pourquoi, trois mesures s'imposent :
- Exiger une commission d'enquête sur la crise, c'est-à-dire donner un mandat judiciaire à des gens chargés d'aller fouiller les comptes des banques pour faire la lumière sur les responsables de la crise.
- Séparer strictement les banques d'affaire et les banques de dépôt afin de protéger l'économie réelle et mettre en règlement judiciaire les banques qui ont spéculé dans le casino financier.
- Emettre du crédit public pour la production. L'Etat ne doit pas avoir à emprunter auprès des banques privées pour financer les grands projets. Cela permettra de mettre fin au prétendu problème de la dette, sans cesse creusée par les taux d'intérêt imposés par les banques privées.
Ensuite, dans ce cadre économique assaini, la société peut avancer.