Législatives : les 5 circonscriptions du Rhône où le FN menace déjà l'UMP

Le parti de Bruno Gollnisch réalise des performances décevantes à Lyon, Villeurbanne et les principales villes populaires de l'agglomération. Il progresse en revanche à l'Est et dans le Beaujolais. Au vu des résultats de dimanche, il pourrait se maintenir dans six circonscriptions au second tour des législatives de juin prochain. Provoquant des triangulaires, périlleuses pour les députés de droite.

Le FN des villes recule, le FN des champs progresse : au soir du premier tour, le Front national présentait ces deux visages asymétriques. D'abord un score faible à Lyon (9,9%), médiocre à Villeurbanne (13,4%), décevant à Vénissieux (16,2%), Vaulx-en-Velin (13,8%) et Rillieux-la-Pape (15,8%) où il se situe à un étiage inférieur aux données nationales. Par comparaison, Jean-Marie Le Pen, au premier tour de 2002, avait respectivement recueilli 22,7%, 21,7% et 20,7% des suffrages dans ces trois dernières communes. Le recul est très net. "Dans beaucoup de grandes villes, c'est très mauvais. Peut-être parce que la bipolarisation y fonctionne plus. Les électeurs y ont voté le second tour avant le premier", avance Bruno Gollnisch.

Mélenchon reconquiert les villes de banlieue

Mais l'ex-numéro deux du parti voit aussi une explication plus polémique : "la submersion démographique a fait son effet". Autrement dit des vagues d'immigration qui conduisent à ce "qu'une population se substitue progressivement à une autre". Au vu des résultats de dimanche soir, Jean-Jack Queyranne percevait, à l'inverse, la réussite d'une politique de mixité sociale menée dans ces collectivités.

Autre facteur explicatif : la percée Mélenchon. Dans les deux plus grosses villes populaires de l'agglomération (Vaulx-en-Velin et Vénissieux), Marine Le Pen est nettement devancée par le candidat du Front de Gauche qui réalise grosso modo 19% des voix. Est-il en train de reconquérir les banlieues rouges, celles-là même qui avaient permis à Jean-Marie Le Pen d'élargir son assise électorale dans les années 90 ?

Le FN réalise toutefois de bons scores dans des villes de l'Est, positionnées à cheval entre l'agglomération et le Grand Est, mi-citadines mi-pavillonnaires. A Corbas et à Mions, la candidate d'extrême droite dépasse allègrement la barre des 20% des voix. Elle est aussi triomphante dans le Haut-Beaujolais : 34,7% à Dracé, 33,7% à Corcelles, 34,7% à Aigueperse, 35% à St-Bonnet des Bruyères et même 26% à Montsol. "Les habitants des communes rurales sont attachés aux valeurs traditionnelles. il y a dans nos campagnes un sursaut, une volonté de survie de l'identité française", se réjouit Bruno Gollnisch. "Beaucoup de déçus de Nicolas Sarkozy rentrent au bercail. Des agriculteurs, des viticulteurs", complète Christophe Boudot. Le secrétaire départemental du FN pointe aussi "l'islamisation de Villefranche", située non loin de là.

Meunier menacé ?

Cette poussée lepeniste aiguise les appétits du parti d'extrême droite pour les législatives. Ainsi, si les scores de juin prochain devaient être à l'avenant - notamment le taux de participation -, le Front national serait en mesure d'imposer des triangulaires au second tour dans 6 circonscriptions sur les 14 que compte le Rhône. Il s'agit des 8e (Tarare, L'Arbresle), 9e (Villefranche, Anse), 10e (St-Symphorien-sur-Coise, St-Genis-Laval, Vaugneray), 11e (Mornant, Givors, Condrieu), 13e (Meyzieu, Décines, St-Priest) et 14e (Feyzin, Vénissieux, St-Fons). Or dans 5 d'entre elles, leurs titulaires sont UMP. En 2007, Patrice Verchère (8e), Bernard Perrut (9e), Christophe Guilloteau (10e), Georges Fenech (11e) et Philippe Meunier (13e) avaient terrassé des adversaires frontistes au plus mal - ce dernier s'était gargarisé de mettre Bruno Gollnisch "en slip". Ce ne sera pas le cas dans quelques semaines.

Certes, le parti présidentiel est partout devant la formation d'extrême droite. Le FN n'est donc pas a priori en position de gagner un siège dans le Rhône. Mais son maintien au second tour fragiliserait le candidat de droite qui ne pourrait compter que sur ses propres électeurs pour l'emporter. Or dans la 11e et 13e circonscription, il y avait moins de cinq points d'écart entre Nicolas Sarkozy et François Hollande dimanche dernier. Une union de la gauche, associée au maintien d'un candidat du Front national, pourrait donc signer la défaite de Raymond Durand et de Philippe Meunier. Alors, qui sera en slip en juin ?

Lire aussi : "Présidentielle : les résultats dans les 14 circonscriptions du Rhône"

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