Christophe Geourjon et Denis Broliquier se livrent une guerre sourde pour être chef de file UDI aux municipales. La décision tombera fin juillet, comme nous l’a annoncé Jean-Louis Borloo, le président national. La victoire à la primaire UMP de Michel Havard change la donne : l’idée d'une liste unique de droite au premier tour refait son chemin.
Les lundis se succèdent à l'UDI : Denis Broliquier mange toujours plus son chapeau. Lui qui prétend à la tête de liste du mouvement en vue des municipales de Lyon constate son isolement persistant. "On n'a pas encore atteint le niveau nécessaire de confiance", regrette le maire du 2e arrondissement.
Les proches de Broliquier recalés
Lundi 1er juillet d'abord, l'UDI élit son bureau départemental. 78 membres sont choisis, 39 de droit, 39 élus. Dans cet aréopage mexicain, plusieurs protégés du maire du 2e arrondissement sont recalés, comme Cyrille Bouvat et Luc Lafond. Jean-Jacques David, Thierry Mouillac et lui-même sont retenus, mais de droit. Lundi 8 juillet ensuite. On impose au maire du 2e arrondissement de signer une charte de valeurs, qui promeut notamment l'humanisme et la lutte contre les extrêmes, lui qui est soupçonné de venir de la droite réactionnaire. Il est vrai que son passé ne plaide pas pour lui, sachant qu'il s'est imposé en politique en battant un candidat soutenu par l'UDF (lire encadré).
Mercier pour une liste UDI-UMP
Les comités départementaux se succèdent : aucune décision ne tombe. Ce même 8 juillet, le maire du 2e arrondissement attend de Michel Mercier, le président départemental de l'UDI, qu'il s'engage clairement en faveur d'une liste indépendante au premier tour des municipales de l'an prochain.
Mais c'est mal connaître le sénateur, qui aime à prendre son temps et cuisine à l'étouffé. Rien n'est venu : Denis Broliquier a tourné les talons avant la fin de la réunion. Et ce mardi, dans une interview au Progrès, il n'était pas loin de vider son sac : "Soit il [Michel Mercier, ndlr] choisit l'avenir et la constitution d'une liste dès le premier tour, soit il signe la fin de l'UDI à Lyon (…) Je demande à Michel Mercier d'avoir le courage politique d'annoncer une liste à Lyon." "On a perdu beaucoup de temps", nous a-t-il expliqué. "On aurait pu profiter de la dynamique de la mise en place de l'UDI", enrage-t-il, raillant une forme d'"amateurisme".
Quand l’UDI faisait voter Havard…
Le choix de la tête de liste cache en effet celui de la stratégie. Christophe Geourjon, qui est le concurrent de Broliquier, ne serait pas opposé à une liste de premier tour avec Michel Havard. Le conseiller municipal ne s'en cache pas : il s'entend très bien avec l'ex-député. Nombre de militants UDI avaient d'ailleurs voté pour lui à la primaire de l'UMP, contre Georges Fenech perçu comme trop à droite. Par contraste, Denis Broliquier espérait, lui, la victoire du député de Givors, plus pugnace. Et plus en phase avec ses convictions, comme sur le mariage homosexuel. Michel Mercier est lui aussi favorable à une liste d'union UDI-UMP, mais sans afficher ostensiblement de préférence pour l'un ou l'autre des prétendants. De toute façon, la décision finale ne lui incombe pas : elle viendra de Paris.
Broliquier : “Geourjon n’a aucune notoriété”
Les deux candidats l'ont bien compris, qui font tous les deux le siège de la capitale. Chacun estime avoir reçu des signaux bienveillants. Mardi soir, au conseil communautaire, Christophe Geourjon affichait un franc sourire, lui qui descendait juste d'un TGV. Mais Denis Broliquier y croit encore. "Le national s'est fait une conviction d'un gros potentiel centriste à Lyon. Nous estimons que Collomb est virable. Et on est les seuls dans l'opposition à le penser. Geourjon n'a aucune notoriété. J'ai douze ans d'expérience de président de groupe et de maire d'arrondissement", plastronne-t-il.
A mesure que l'échéance de la grande décision se rapproche, les langues se délient. Et leur bras de fer n'a plus rien de secret. En conseil municipal, Christophe Geourjon avait dénoncé avec virulence et solennité les perturbateurs de la cérémonie en l'honneur de Jean Moulin, supposés être soutenus in petto par Denis Broliquier, hostile lui aussi au mariage gay. "Ce serait dommage que le chef de file de l'UDI soit le plus à droite", persifle encore le centriste.
La décision nationale tombera fin juillet, comme nous l'a confirmé ce mercredi par téléphone Jean-Louis Borloo : "Nous nous réunissons la semaine prochaine pour commencer à en parler." Les incertitudes demeurent : que fera Broliquier s'il n'est pas retenu ? L'UMP acceptera-t-elle de faire de la place aux militants centristes et de maintenir dans leur fauteuil les maires UDI des 2e et 6e arrondissements ? "S'ils ne le font pas, on est prêts à partir avec Collomb", prévient un élu. Il est vrai que le maire de Lyon a approché certains élus UDI ces dernières semaines… Sacrés centristes !
|