Musée des Tissus : Wauquiez s'impose sur les terres de Collomb

Le président du conseil régional a critiqué la ville et la métropole de Lyon qui selon lui ont "joué la montre pour aller vers la fermeture". Laurent Wauquiez a tancé "les élus qui sont restés autistes" face à la pétition pour la sauvegarde du musée qui a recueilli 140 000 signatures, en visant directement David Kimelfeld, Georges Képénékian et Gérard Collomb.

"Ce n'est absolument pas une bataille politicienne", assurez la main sur le coeur tous les acteurs présents ce lundi au musée des Tissus pour la conférence de presse organisée pour annoncer son sauvetage. Mais force est de constater que c'est bien le président du conseil régional qui a remporté la bataille de la communication face à l'ancien maire de Lyon en se posant comme le sauveur, et désormais nouveau propriétaire, du musée de la rue de la Charité. L'ancien maire du Puy-en-Velay n'a d'ailleurs pas hésité à jouer sur la fibre lyonnaise. "Ce musée c'est l'âme de Lyon. L'endroit est dépositaire du savoir-faire lyonnais et de l'excellence française. C'est la confluence entre deux choses si belles qui sont l'essence même de l'esprit lyonnais : la conjugaison de l'esprit industriel et de l'esprit créatif", a-t-il débuté. "On ne peut pas parler de la route de la soie et de la volonté de faire rayonner Lyon dans le monde et en même temps de massacrer l’histoire de la ville. Quand on est Lyonnais, quand on aime la culture et le patrimoine, on n'accepte pas la fermeture du musée des Tissus", a-t-il ajouté avant de cibler la ville et la métropole de Lyon : "La pétition (qui a reçu plus de 140 000 signatures, NdlR) aurait du sonner comme alerte pour bien élus qui sont restés autistes".

"On a perdu un an et demi avec eux"

Selon Laurent Wauquiez, l'ensemble des acteurs a "tendu la main à la ville et la métropole de Lyon et espéré un sursaut jusqu'au bout. Mais la seule chose qu’ils attendaient c’était de jouer la montre pour la fermeture. Ils attendaient pour réaliser une opération immobilière". Le président du conseil régional a aussi critiqué le projet porté par la ville et la métropole qui prévoyait la vente de l'un des deux hôtels particuliers pour financer les travaux du musée. "Leur projet était de faire de la spéculation immobilière. C'était une façade destinée à faire croire qu'ils s'occupent du dossier. Mais quand on est sérieux, on avance des chiffres. Sur les 110 millions d’euros du budget culture de la ville de Lyon, ils n'ont pas trouvé 600 000€ à mettre sur un projet comme ça ? On a perdu un an et demi avec eux. Il n'y avait pas d'envie de la ville de Lyon sur ce dossier, c'est aussi simple que ça. Les jeux politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux", a critiqué Laurent Wauquiez. Concernant la volonté de la ville et de la métropole de partager les collections entre le musée des Confluences et le musée des beaux-arts, l’élu LR a aussi tancé les deux collectivités locales. "Ils ont proposé de partager la collection entre plusieurs lieux, mais discrètement les conservateurs de ces lieux ont fait savoir qu'ils n'avaient pas la place d'accueillir ces collections".

Le musée des Tissus, futur argument de campagne de la droite lyonnaise en 2020

Pour assister à l'annonce de la reprise du musée par la région, de nombreux élus du centre et de la droite lyonnaise étaient présents et beaucoup ne cachaient pas leur satisfaction. "Ce n'est pas une victoire politique, mais une victoire pour les Lyonnais", s'est satisfait Stéphane Guilland chef de fille de l'opposition LR au conseil municipal. Selon lui, Gérard Collomb a péché par orgueil sur ce dossier: "Comme sur la cité de la Gastronomie, il a dit que sans lui rien ne se fera. Et une fois de plus il a eu tort". Même constat du côté de Denis Broliquier, son homologue de l'UDI, qui s'est réjoui du travail fait depuis le début par son groupe pour sauver le musée. En filigrane, tous voient déjà se profiler la campagne des élections municipales qui aura lieu en 2020 ou 2021, si l'élection est décalée pour être organisée en même temps que les municipales et les cantonales. "L'État va mettre 5 millions d’euros, donc ça veut dire que même au gouvernement, contrairement à Gérard Collomb, on estime que c’est un dossier important", confie un proche du maire du 2e arrondissement. "Il est certain que sur ce sujet ça va taper fort, parce que la ville a oublié les Lyonnais", ajoute un élu présent. "Je dis au maire Lyon : reprenez vos esprits, venez avec nous. On peut tous faire des erreurs, mais il faut savoir corriger", a tout de même conclu Laurent Wauquiez. Le président du conseil régional étant désormais considéré comme le sauveur du musée, il paraît peu envisageable que la ville et la métropole reviennent sur leur position. "En 2020, peut être qu'un certain nombre de choses auront changés", a glissé Emmanuel Imberton un sourire en coin. C’est ce qu’espèrent déjà les élus d’opposition présents ce lundi autour de Laurent Wauquiez.

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