"Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour qu'on parle de moi ?" Najat Vallaud-Belkacem (PS) cherche à "percer" en politique, et n'hésite pas à demander conseil aux journalistes, avec un brin de naïveté. Arrivée à Lyon il y a 4 ans, dans les bagages de Caroline Collomb, rencontrée à Sciences-Po Paris, elle a connu un départ fulgurant. Embauchée au cabinet du maire, elle est à l'origine de la création du conseil représentatif des étranger de Lyon. Et s'est très vite vue étiquetée comme "une jeune pleine d'avenir".
Femme, d'origine marocaine, jeune, elle répond à tous les "quotas", ce qui lui permet de s'imposer sans forcer, d'autant qu'elle est intelligente, ne manque pas de charme, qu'elle s'exprime de manière claire et "passe bien" sur le terrain... Elle n'a ainsi même pas eu à se plier au vote des militants pour être désignée candidate du PS dans la 4e circonscription, face à Dominique Perben (UMP) : cette dernière avait été doublement "gelée" par le PS sur les quotas "femme" et "minorité visible", un double critère qu'elle était la seule à remplir. En 2004, elle n'a pas eu à se battre non plus pour décrocher son premier mandat d'élue, en l'occurrence de conseillère régionale : c'est son mentor, Gérard Collomb, qui a négocié sa place auprès de Jean-Jack Queyranne. Collomb aurait même souhaité qu'elle soit vice-présidente à la culture. Queyranne refuse, mais lui cède la présidence de la commission culture. Un poste dont elle ne fait pas grand chose. "Elle ne bosse pas assez" tranche une habituée de la commission, "contrairement à ses prédécesseurs Hervé Mariton (UMP), Amaury Nardone (Millon) et Bernadette Laclais (PS), qui en ont fait un tremplin et un porte-voix".
"Parle"
Elle a aussi du mal, pour l'instant, à soutenir la comparaison avec l'ex-jeune espoir de la gauche, Barbara Romagnan, qui avait réalisé le meilleur score du PS à Lyon aux législatives de 2002, contre un autre "éléphant" de la droite Jean-Michel Dubernard (UMP), avant de partir à Besançon. Romagnan, qui savait aussi jouer de son image, s'était en effet avant tout imposée par ses prises de parole. Très sociale, elle n'avait pas hésité à critiquer les "barons" locaux du PS sur certains sujets, notamment le logement.
Najat Vallaud-Belkacem, suscite en revanche, comme Romagnan en son temps, un vrai engouement auprès des militants proches de la mairie, qui se bousculent pour l'aider dans sa campagne. Il ne reste plus à celle qui se dit "atteinte par le virus du combat politique", de démontrer qu'elle a aussi des idées à porter... D'autant plus si, comme le veut la rumeur, elle devenait l'une des 15 porte-parole de Ségolène Royal.
C'était quoi la question, déjà ? "Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour qu'on parle de moi ?" Laissons son mentor Gérard Collomb lui répondre, comme il l'a fait à son lancement de campagne : "Parle simplement de tes rêves. Parle de tes projets. Parle de l'avenir de notre ville, de l'avenir de notre région, de l'avenir de notre pays." En un mot : parle.
Première au "First"
Pour le lancement de sa campagne, Najat Vallaud-Belkacem (PS) a choisi de faire une soirée au First, une boîte de nuit du 6e, un peu typée "bourges de droite". "C'était le seul lieu possible dans le 6e" justifie l'intéressée. Lancement plutôt réussi, puisque tout le PS local s'est précipité, Gérard Collomb et Jean-Jack Queyranne (photo) en tête. La partie s'annonce quasi-impossible dans cette circonscription, classée à droite, mais Queyranne lui a lancé, citant Mark Twain : "Ils savaient que c'était impossible, alors ils l'ont fait".
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