Présumé compte secret en Suisse : Cahuzac plus téméraire que Moscovici

Comme nous l’indiquions hier (lire ici), le ministre délégué au Budget, Jérôme Cahuzac, n’a pas résisté à la tentation d’affirmer que le fait d'être toujours en poste, après la transmission à la France de documents fiscaux helvétiques sur son éventuelle détention d'un compte secret en Suisse, attestait qu'il disait "la vérité".

Interviewé sur BFM TV, M. Cahuzac a confirmé que la réponse suisse à la demande de la France, dans le cadre de l'entraide fiscale entre les deux pays (lire ici) sur un éventuel compte qu'il aurait détenu à la banque UBS, avait été transmise à Paris "la semaine dernière". "Je suis toujours ministre du Budget et cette réponse a été portée à la connaissance des autorités françaises la semaine dernière, quelle conclusion en tirez-vous ?" a lancé le ministre. Prenant le soin de répondre lui-même à sa propre question, Jérôme Cahuzac a poursuivi : "La conclusion qu'on peut en tirer, c'est que depuis le début, c'est moi qui dis la vérité".

"Je n’ai jamais eu, à aucun moment, un compte en Suisse"

La suite est nettement plus intéressante. En effet, le ministre délégué au Budget est allé beaucoup plus loin que ne l’a fait hier sur France Inter M. Moscovici -son ministre de tutelle- et a ainsi déclaré : "Bien que n'ayant pas vu les documents et la réponse, je n'ai aucun doute sur les questions posées et les questions posées ont été : 'M. Cahuzac possède-t-il ou a-t-il possédé directement ou indirectement un compte en Suisse ?'" a-t-il insisté. "Je n'ai pas, je n'ai jamais eu, à aucun moment, un compte en Suisse", a-t-il enfin asséné. De deux choses l’une : soit les autorités françaises ont bien un document de leurs homologues suisses indiquant clairement que M. Cahuzac ne possède, ni n’a jamais possédé, directement ou via un prête-nom, un compte en Suisse, et alors l’affaire Cahuzac aura "fait pschitt". Soit le document helvétique se borne à indiquer que M. Cahuzac n'a pas fermé de compte en Suisse en février 2010, ni même avant, c’est-à-dire jusqu’en 2006 (plus loin, il y a prescription) et alors la réponse ne sera guère convaincante, parce que jouant une fois encore sur les mots. On attend désormais avec impatience les révélations de la justice française.

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