À Lyon, les sénateurs se feront élire en septembre prochain par leur famille, leurs amis ou leurs propres salariés. Une élection entre soi.
On savait que les grands électeurs qui désignent les représentants de la chambre haute du Parlement étaient puisés dans le vivier des élus locaux : conseillers municipaux, régionaux ou généraux.
Mais, à Lyon (et dans toutes les villes de plus de 30 000 habitants), les conseillers municipaux élisent des délégués supplémentaires à raison d’un délégué pour 800 habitants. À Lyon, ce sont donc 700 délégués (suppléants compris) qui participent au collège électoral des sénatoriales aux côtés des élus du conseil municipal, grands électeurs de droit. Chaque parti ou groupe politique désigne ses délégués.
Dans la liste votée par le conseil municipal de Lyon, lors d’une séance extraordinaire non ouverte au public, on retrouve un nombre conséquent de proches des élus, des collaborateurs ou des salariés de la ville.
Ma femme et moi
Ainsi Gérard Collomb pourra-t-il par exemple se faire élire par son épouse, Caroline. Des salariés de la ville de Lyon ou des membres de son cabinet à la mairie et à la communauté urbaine pourront également voter pour leur patron de fait. Plus étonnant, les conjoints de plusieurs membres du cabinet de Collomb ont eux aussi été désignés grand électeur. Bertrand Prade, son directeur de cabinet à la communauté urbaine pourra voter par exemple avec son épouse. Ce sera également le cas pour au moins deux autres membres du cabinet du sénateur-maire.
David Kimelfeld, maire du 4e arrondissement et patron de la fédération socialiste du Rhône, a désigné sa femme, Laïla.
Le collaborateur de la députée socialiste Gilda Hobert est également sur la liste, de même que la sœur de Zohra Aït-Maten, l’adjointe aux affaires sociales de Collomb. André Amoyal, fidèle de Gérard Collomb dans le 9e arrondissement, côtoie lui aussi sa sœur, Maryse, et sa femme.
Auto-désignation…
Julien Rolland, Claire-Cécile David, Arabelle Chambre-Foa, Jean-Marie Girier, Najet Jaouadi… tous salariés de la ville de Lyon et collaborateurs du cabinet du maire de Lyon. Ils ont été désignés grands électeurs, et encore la liste n'est pas exhaustive.
Retrouver ces noms dans le collège électoral est d'autant moins surprenant quand on sait que c’est justement le cabinet de Gérard Collomb qui s’est chargé de désigner les délégués supplémentaires pour le compte du groupe PS à la Ville de Lyon. Conclusion : ils se sont donc autodésignés.
Grandes entreprises
Le PS peut compter sur un nombre important de cadres de grandes entreprises passés auparavant par des cabinets politiques socialistes. Ainsi, Yves Masson, chargé de mission à la Compagnie nationale du Rhône, fut le directeur de cabinet du maire du 4e arrondissement. Guillaume Bettin est lui directeur commercial adjoint chez le géant du BTP, Eiffage. Il fut le chef de cabinet de Jean-Jack Queyranne au conseil régional jusqu'aux dernières élections régionales en 2010. Sur la liste, on découvre également la présence de sa femme, Gwenaëlle, assistante parlementaire du député PS Pierre-Alain Muet.
Idem à droite
À l’UMP, Emmanuel Hamelin a désigné sa femme Olivia Thibault dans le collège électoral des sénatoriales. Longtemps, elle fut la collaboratrice d’Alain Juppé. Le collaborateur du groupe UMP à la Ville de Lyon, Aubert Petit, apportera sa voix au parti qui le salarie. Tout comme Damien Gouy-Perret, qui fut le directeur de campagne de Michel Havard lors des dernières municipales et qui occupe désormais le poste de directeur de cabinet du maire du 6e arrondissement.
Le mode de désignation de ces délégués n’est pas illégal, mais il dévoie l’esprit du scrutin, censé permettre la représentation des collectivités locales grâce, précisément, aux votes des représentants légitimes des territoires. Mais, surtout, il donne un indice sur les comportements endogames dans la façon de faire de la politique.
la démocratie à la lyonnaise ... c'est magique ! mais doit on s'en étonner ? n'est ce pas plutôt de la démago crasseuse ?
Qu'au XXIeme siècle, une démocratie tolère pareille dérive , que des élus utilisent le système, dénote de l'état de notre société. Comment peuvent-ils encore oser se présenter face aux citoyens, venant du premier magistrat de la commune on ne s'étonnera pas ensuite de son comportement quotidien
C'est abracadabrantesque ! bonne 'découverte', scandaleuse de part et d'autre de l'échiquier politique. Ce qui est aussi étonnant, c'est que cela sorte seulement début XXI° !
Beurk ! A quand la grande lessive !?? Dire qu'au siècle des Lumières certains rêvaient de la Démocratie du peuple pour le peuple.... ils seraient consternés de constater que seules le binettes ont changé, le népotisme, lui, demeure, les petits et grands renvois d'ascenseur aussi; au final, tout ce petit monde s'arrange bien sur notre dos.