Taxe robot, revenu universel : analyse de deux mesures de Benoît Hamon

Présidentielle – Taxe robot, revenu universel, Lyon Capitale analyse deux des mesures phares du programme du candidat du Parti socialiste.

Revenu universel, fin des régimes spéciaux, changement de Constitution, sortie de l’euro, les candidats à l’élection présidentielle 2017 proposent des programmes de rupture rarement atteints. Dans son mensuel d'avril, Lyon Capitale s’est attardé sur les mesures chocs des cinq principaux candidats d’une campagne inédite. Analyse de deux propositions de Benoît Hamon.

La taxe robot

La proposition : Pour faire face à une révolution numérique qui devrait détruire beaucoup d’emplois, Benoît Hamon propose de taxer les robots qui remplaceront les salariés.

Ce qu’en espère Benoît Hamon : Cette mesure doit financer le coût social généré par la destruction massive d’emplois. Le candidat Hamon s’appuie notamment sur une étude de l’OCDE selon laquelle
9 % des salariés sont menacés par la révolution numérique. Elle doit aussi financer une partie des coûts de la mise en place du revenu universel.

Ses limites : Comparée à l’Allemagne, la France est en retard en matière de taux d’équipement en robots et cette taxe robot pourrait profiter aux pays européens voisins. “L’idéal serait de distinguer ceux qui engendrent de la croissance, comme les robots industriels qui permettent le maintien en France d’emplois, et ceux du tertiaire comme la caisse enregistreuse automatique qui remplace les caissières et détruit des emplois. Il y a un sens à faire contribuer à la protection sociale les entreprises qui utilisent des robots. Mais, à court terme, cette taxe ne sera pas forte”, précise le député PS Pierre-Alain Muet, soutien de Benoît Hamon.

Le revenu universel

La proposition : Instaurer un revenu universel qui garantisse, dans un premier temps, à tout individu de percevoir chaque mois au moins 600 euros nets.

Ce qu’en espère Benoît Hamon : D’un coût de
 35 milliards dans sa configuration initiale, le revenu universel du candidat socialiste est une mesure sociale et économique. Elle permettrait aux allocataires du RSA, auquel se substituerait le revenu universel, de voir leurs revenus augmenter de près de 100 euros par mois. Dans une logique keynésienne, Benoît Hamon espère par ricochet relancer la consommation et ainsi favoriser la création d’emplois. “La croissance va passer de 1,6 à 2,4 % grâce au revenu universel. Nous aurons un déficit transitoire qui nous fera sortir temporairement de la règle des 3 % mais cette mesure va relancer l’économie et créer des emplois”, estime Pierre-Alain Muet, qui a chiffré le programme de Benoît Hamon.

Ses limites : Après un moment de flottement sur le financement de cette mesure et le montant du revenu universel, Benoît Hamon a revu sa copie. De 750 euros, son montant a été ramené à 600 euros. Mais c’est surtout sur la forme que la promesse a changé. Il n’est plus question d’une somme directement allouée à tout citoyen. Le revenu universel d’existence est devenu une réforme fiscale. “Pour les salariés qui perçoivent une rémunération allant jusqu’à 1,9 Smic, il s’agira d’un impôt positif”, explique Pierre-Alain Muet. Pour ceux qui sont au-dessus de ce seuil, l’impôt sera peu ou prou comme il l’est aujourd’hui. Grâce au revenu universel, un salarié au Smic toucherait en net l’équivalent de son salaire brut. Pour ces personnes, le revenu universel créerait une hausse du pouvoir d’achat de près de
200 euros. Un revirement qui permet de tordre le cou à l’une des critiques opposées à gauche mais surtout à droite à une mesure qui ne favoriserait pas le retour à l’emploi en rognant l’écart financier entre les travailleurs et les Français qui vivent des prestations sociales.

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