Vénissieux est sans doute la ville de l’agglomération la plus intéressante à suivre pour les municipales de mars prochain. Communistes et socialistes peinent à se mettre d’accord pour une liste d’union au premier tour. Dans la dernière ligne droite, le bureau national du PS a décidé ce mercredi soir 15 janvier d’ouvrir une dernière fois la porte des négociations.
Les négociations entre socialistes et communistes étaient à l'arrêt depuis le 23 octobre, quand Michèle Picard, maire PCF de la ville, promettait à ses partenaires 11 postes éligibles sur 49, en particulier 5 postes d'adjoints sur 14. Des propositions jugées "insultantes" par Lotfi Ben Khelifa (LBK) qui ne souhaite s'allier avec les communistes qu'à la condition de faire une union équitable avec 50 % des sièges. Inacceptable pour le Parti communiste, dont les "camarades" lyonnais ont fait, eux, le choix de l'autonomie à Lyon avec la constitution d'une liste face à Gérard Collomb au premier tour.
"Comment nous obliger à faire liste commune alors que les communistes ne soutiennent pas Gérard Collomb à Lyon ?" s'interroge le socialiste vénissian. Le PS aurait en effet toutes les raisons de s'émanciper, d'autant qu'en 2012, aux législatives, un glissement semblait s'opérer dans l'électorat de gauche : au premier tour des législatives, la maire communiste était – dans sa ville – distancée de 12 points par le candidat socialiste (22,5 % contre 34,5 %).
Pour autant, le PS semble avoir la main qui tremble au moment d'exécuter son partenaire. D'abord parce qu'il part déjà à l'assaut d'un autre bastion communiste, Vaulx-en-Velin. Et cette tentation hégémonique se vérifie aussi au niveau national : le PS fait le choix de l'autonomie dans 5 villes communistes, fait remarquer la fédération socialiste du Rhône. C'est notamment le cas à Saint-Denis. Vénissieux ne figure pas parmi les conquêtes prioritaires pour les socialistes.
Arracher un accord
L'heure est donc à la poursuite des négociations pour arracher un accord plus favorable – quitte à entériner un divorce à la fin janvier.
Le bureau national du PS vient d'ailleurs de demander à Lotfi Ben Khelifa de revenir à la table des négociations à Vénissieux. Mais Solférino ne lui a toutefois pas imposé de revoir ses exigences à la baisse. La base de négociation pour LBK reste toujours de constituer une liste de parité totale entre communistes et socialistes. Du coup, on risque de se retrouver de nouveau dans une situation aporétique.
Chiffon rouge
Côté communiste, la maire a pris soin de ne pas fermer la porte. Lundi, elle conviait les journalistes à une conférence de presse dont l'ordre du jour – la constitution de la liste municipale – laissait entendre une présentation de l'équipe de premier tour de Michèle Picard. Et il semblerait que c'était bien là le motif de la convocation de la presse. Il n'en fut rien : l'édile gardait la porte ouverte à ses partenaires.
L'ex-député André Gerin a cependant agité deux chiffons rouges : le risque de basculement à droite de la métropole et le score du FN dans sa ville. "Ils sèment la division et le trouble. À Vénissieux, il semblerait qu'on souhaite jouer à la roulette russe", a raillé le candidat du Parti de gauche.
Les socialistes vont-ils rentrer 'à la niche' ? Réponse au prochain épisode