Le Grand Lyon offre-t-il plus d'incertitude politique que la Ville de Lyon ? Ce dimanche soir, les yeux seront rivés sur le nouvel équilibre politique de la communauté urbaine. La prochaine assemblée devrait être plus à droite, conséquence de changements de majorité dans plusieurs villes de l'agglomération. Au point de faire basculer le Grand Lyon ? Les tractations vont commencer dès lundi matin. L'équipe de Gérard Collomb s'attend à perdre Saint-Fons, Décines et Rillieux. Mais pense garder le leadership de la future métropole. Du côté de l'UMP, on croit l'alternance possible.
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Impensable il y a encore six mois, Rillieux-la-Pape devrait basculer à droite. Il faut dire que la gauche s'est démenée pour rendre le scénario plausible. Renaud Gauquelin et les Darne (Jacky, le père et ancien premier secrétaire du PS du Rhône, et Jean-Christophe, le fils et tête de liste) ont été au bout de leur guerre. Jean-Christophe Darne, bien que nettement distancé au premier tour (17,3% contre 30,5% pour le maire PS) maintient sa liste. Entre les deux candidats qui se réclament de gauche, le climat a même empiré entre les deux tours. La droite, qui était aussi divisée au premier tour (Alexandre Vincendet, UMP, 28,9% et Julien Smati, DVD, 13,5%), a réussi à faire alliance.
“Notre but, c'est de gagner face à un maire sectaire et communautariste qui a été rejeté par 70% des électeurs au premier tour”, explique Alexandre Vincendet pour justifier son alliance avec Julien Smati. Dans cette triangulaire, la droite est en ballottage très favorable. Une victoire apporterait des voix inespérées à l'UMP lors de l'élection du président du Grand Lyon. C'est à Rillieux-la-Pape, et aussi à Décines-Charpieu, que peut se jouer l'avenir de Gérard Collomb.
> Chassieu : Darly (PS) mal en point
En chute de 18 points par rapport à 2008, on ne voit pas trop ce qui pourrait sauver le maire sortant, Alain Darlay (PS, 32,1%). D'autant que l'entre-deux tours ne lui a pas été favorable : l'écologiste Joëlle Percet (en délicatesse avec EELV) se maintient, et Sandrine Chopard (UMP, 24,5%) jette l'éponge. Un retrait qui va profiter à Jean-Jacques Sellès (divers droite, 24,9%) qui a obtenu le ralliement d'une autre candidate.
> Tassin-la-Demi-Lune : le PS n’a pas tenté de sauver un Collomb-compatible
Avec Écully, Michel Mercier, sénateur et patron de l'UDI dans le Rhône, avait fait de Tassin un casus belli avec l'UMP. Si la droite maintenait ses candidats contre les maires sortants centristes, il ne soutiendrait pas Michel Havard à Lyon. Il a tenu promesse. Et la droite n'a pas cédé. L'enjeu est plus que symbolique pour l'UMP à Tassin-la-Demi-Lune, qui veut déloger un maire de centre-droit qui a fait alliance avec Gérard Collomb. À l'issue du premier tour, Pascal Charmot, conseiller général UMP, est en ballottage favorable (43,91%) face au sortant Jean-Claude Desseigne (29,49%). Surtout que la gauche n'a pas bougé pour tenter de sauver ce centriste Collomb-compatible : la liste PS (26,60%) se maintient pour un second tour qui sera un remake du premier. “Il paie peut-être sa collaboration avec nous, précise un proche de Gérard Collomb. Il a accepté de densifier sa ville, ce qui lui est reproché aujourd'hui.” À Écully, la ville devrait rester à l'UDI, Yves-Marie Ulhrich, le maire sortant, ayant mieux résisté aux assauts de l'UMP.
> Grigny : triangulaire fatale pour Balme
Incontestablement, la dynamique est du côté de l'opposant Xavier Odo (UMP), qui a fait le trou au premier tour (47,8%). On l'imagine gagner la ville dimanche, d'autant que le maire sortant, René Balme (Front de Gauche, 34,5%) n'a pas fait la synthèse avec Estelle Mejri (EELV, 17,6%) qui se maintient au second tour.
> Mions : Cohen met fin à une “anomalie” électorale
Comme à Tassin-la-Demi-Lune, les négociations d'entre-deux tours n'ont pas inversé le rapport de force du premier tour. La centriste Valérie Romeron, ardemment courtisée par le PS Jean-Paul Vezant et par l'UMP Claude Cohen, maintient sa candidature. La ville devrait donc basculer à droite. Claude Cohen (39,83%) est en position de force. Le second tour devrait mettre fin à une particularité de Mions : la ville ne votait à gauche que lors des municipales. Le retrait de Paul Serres, maire de gauche élu au premier tour en 2008, devrait se solder par une bascule à droite.
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> Décines : Sturla peut croire au miracle
Donné battu à coup sûr dimanche dernier, le maire PS sortant, Jérôme Sturla (30,5%), peut croire au miracle. La folle semaine d'entre-deux tours a complètement rebattu les cartes : Sandy Sagnard (sans étiquette, 26,6%) et Laurence Fautra (UMP, 30,8%) ne se sont pas alliés, malgré leur opposition commune au Grand Stade. Et Michel Buronfosse et Farida Boudaoud (Front de Gauche/PS diss, 12,1%), qui se sont divisés depuis dimanche, ne sont pas arrivés à l'heure à la préfecture mardi soir pour se maintenir. Ils étaient très critiques envers Sturla. Du coup, ce dernier pourrait se faire élire maire, pour la première fois, sur son nom.
> Vaulx-en-Velin, la fin du bastion communiste
La bascule pourrait être interne à la gauche. L'UMP (16,95%) n'arrive toujours pas à exister dans ce fief historique du PCF. En revanche, les communistes pourraient perdre la ville. Après une première tentative en 2008, Hélène Geoffroy, la députée PS de la circonscription, pourrait réussir à faire tomber le bastion. Elle a viré légèrement en tête au premier tour (27,08% contre 26,10% pour le sortant Front de Gauche Bernard Genin). Les deux favoris du scrutin ont chacun engrangé un soutien lors de l'entre-deux tours. Là encore, Hélène Geoffroy a pris l'avantage en s'alliant à Stéphane Bertin (16,8%), quand Bernard Genin a fusionné avec Nordine Gasmi (10,5%). Durant l'entre-deux tours, le maire sortant communiste a aussi perdu le soutien des écologistes, qui lui reprochent de s'être allié à Nordine Gasmi.
> Saint-Fons : Demontès vers la sortie ?
La sénatrice-maire PS de Saint-Fons est en ballottage défavorable après le premier tour (27%). Nathalie Frier (DVD) avait obtenu 40,13% des suffrages. Si Christiane Demontès a rallié l'écologiste Ahmed Benferhat (13,09%) et peut espérer récupérer des voix des électeurs LO (5,6%), arithmétiquement, le compte n'y est pas pour l'ancienne première secrétaire départementale du PS. Même si elle peut bénéficier du maintien de Marie-France Vincent (UMP, 14,16%).
En 2008, la socialiste s'était implantée dans cette commune pour éteindre l'incendie de l'affaire de Saint-Fons qui menaçait d'embraser le PS. Entretemps, elle a perdu 13 points entre les deux scrutins. Comme tous les candidats en ballottage défavorable, elle en est réduite à compter sur les abstentionnistes du premier tour pour renverser la table. "On va forcer la victoire dimanche, on va chercher les abstentionnistes", précise Christiane Demontès.
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> Bron : des divisions sans conséquence pour la gauche
L'affrontement entre Annie Guillemot (30,1%) et Élisabeth Brissy-Queyranne (23,6%) a été aussi violent que prévu. Sans surprise non plus, les deux femmes n'ont pas réussi à se mettre d'accord pour fusionner. Lors de l'entre-deux tours, Élisabeth Brissy-Queyranne lorgnait d'ailleurs plus volontiers sur l'UMP Yann Compan (24,9%). Ce dernier rêvait d'un tel affrontement, le seul scénario qui aurait pu lui offrir ce bastion socialiste. Le maintien du FN (15,6%) au second tour lui ôte toutefois tout espoir de victoire. Annie Guillemot est donc en ballottage favorable mais ressortira affaiblie de la campagne.
> Saint-Priest : une triangulaire salvatrice pour David (PS) ?
En perte de près de dix points par rapport à 2008, la maire PS sortante a tout de même devancé son challenger, Gilles Gascon (UMP), au premier tour (35% contre 32,8%). A la différence d'il y a six ans, elle a noué une alliance avec l'écologiste Véronique Moreira (6,8%) même si certains colistiers de la Verte se sont désolidarisés d'elle. Martine David retrouve une situation qu'elle a déjà connue : une triangulaire, face à Sandrine Ligout qui a frôlé les 22% au premier tour, malgré une liste dissidente d'extrême droite. La configuration est favorable pour la socialiste. Reste que le total des voix de droite et d'extrême droite est nettement plus élevé que celui de la gauche.
> Vénissieux : l’avance de Picard
La maire, Michèle Picard (PCF), n'a pas vraiment cherché l'accord avec le PS, ni avant le premier tour ni durant l'entre-deux tours. Devancée sur sa commune aux législatives par Yves Blein (PS) en 2012, elle croyait en sa bonne étoile aux municipales. Avec raison : avec 30,7%, elle a suffisamment fait le trou avec la liste de droite emmenée par Christophe Girard (22%) pour qu'elle semble tranquille pour le second tour. Girard a cependant engrangé ces derniers jours quelques soutiens, dont celui de Maurice Iacovella (UDI, 6%) et de Marc Soubitez qui figurait sur la liste PS dissidente (5,1%). Sera-ce suffisant pour inverser la tendance du premier tour ? Pas sûr. Le bastion communiste, fissuré, attaqué de toutes parts, ne va peut-être pas céder en 2014.