Laurent Wauquiez était sur le chantier du nouveau bâtiment de l'École Centrale de Lyon qui accueillera un parc expérimental ouvert, regroupant des technologies de pointe et des activités pratiques en ingénierie. Une visite organisée surtout pour mettre en avant la mise en place de “la préférence locale” et la lutte contre "les travailleurs détachés" sur les chantiers de la région.
“J'entends beaucoup de gens qui en parlent, notamment le Premier ministre. Nous on n’en parle pas, on fait. On avait pris cet engagement durant la campagne et je m'étais d'ailleurs fait pas mal attaquer sur le sujet. Aujourd'hui, je constate que le Premier ministre soutient l'approche qui est la nôtre. Alors je lui dis chiche”, a entamé Laurent Wauquiez après avoir visité le nouveau bâtiment de l'école Centrale de Lyon.
Chaque année, la région finance les chantiers à hauteur de 1,3 milliard d'euros. Une manne que le nouveau président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes veut utiliser pour “mettre en place des clauses afin de favoriser systématiquement les entreprises de la région. À chaque fois que le code des marchés public nous en donne la possibilité, on choisira des entreprises locales. Sur les marchés plus importants, on va limiter le nombre de sous-traitants, pour éviter de se retrouver avec une entreprise locale qui finalement au bout de trois rangs de sous-traitance emploie des travailleurs détachés”, a expliqué Laurent Wauquiez.
Des clauses pour les entreprises qui favorisent les apprentis vont aussi être intégrées. Pour le moment le numéro deux du parti Les Républicains souhaite “qu'un chantier sur deux soit confié à des entreprises régionales”. À terme, son objectif sera “d'atteindre les 90%”, a-t-il poursuivi.
“Sur la cité de la gastronomie, la région finance. Donc si la métropole veut le soutien de région il faudra qu'elle applique notre code des marchés publics”
“Il faut favoriser le tissu économique local”, explique l'ancien maire du Puy-en-Velay. “On va mettre en place un système de contrôle des offres anormalement basses. Parce que sur les chantiers il y en a qui jouent le jeu et les autres qui sortent 30% en dessous du prix. Le mauvais réflexe pour un politique c'est de prendre systématiquement le moins cher. En faisant ça vous laminez à terme votre tissu économique. Je suis conscient que ces nouvelles règles vont mécaniquement tirer les prix vers le haut et je l'assume. Nous ce que l'on veut, ce n'est pas être sur le moins-disant, mais sur le mieux-disant pour repartir sur une dynamique vertueuse.”
Une application que Laurent Wauquiez veut imposer à ses partenaires locaux : “Si nos partenaires veulent l'argent de la région dans un projet, il faudra qu'ils appliquent les mêmes règles que nous. Sur la Cité de la gastronomie, la région finance. Donc si la métropole veut le soutien de la région, il faudra qu'elle applique notre code des marchés publics. Ce sera bien évidemment aussi le cas sur l'A45, mais ce ne sera pas facile puisque c'est en partenariat avec l'État. J'ai envie de dire à l'État qu'il applique les discours qu'il nous tient. Encore une fois, je dis chiche”, a-t-il lancé.
Laurent Wauquiez veut contrôler lui-même l'application de cette “préférence locale”
“On fera des contrôles aussi pour s'assurer qu'il y a un respect des règles du droit du travail. Car on ne peut pas travailler en sécurité si tout le monde ne parle pas la langue française.” Pas besoin d'inspection du travail, Laurent Wauquiez va faire le contrôle de sa “préférence locale” lui-même. Enfin les services de la région. “On a des équipes qui sont chargées d'accompagner les subventions. Ce sont elles qui viendront régulièrement faire des contrôles sur place. Moi je n'ai besoin de personne pour contrôler l'emploi de mes fonds. Si une équipe vient contrôler et qu'une entreprise contrevient aux règles sur l'appel à projet, eh bien ils perdront la subvention”, a-t-il lancé.
Laurent Wauquiez sait qu'en instaurant cette “préférence locale” il “ruse” avec le code des marchés publics. Pourtant il assure que ce qu'il fait est “bétonné juridiquement”. “On ira jusqu'au bout des marges de manœuvre qui nous sont données, assure-t-il. Auvergne-Rhône-Alpes sera la première région à mettre effectivement ces mesures en place. Maintenant je demande désormais au Premier ministre de faire bouger la législation pour permettre d'aller au-delà.”