Les boxeurs du Boxing Lyon United ont de l’énergie à revendre. Après des débuts difficiles, la structure lyonnaise, créée il y a un an, aspire à continuer de grandir.
Un contraste saisissant, une atmosphère particulière. Ce mercredi soir d’avril, il y a du monde devant le gymnase Patrick-Lamy (Lyon 3e). Si la gardienne des lieux a le droit à une petite bise, tous attendent surtout de pied ferme Kamel Hasni. L’entraîneur du Boxing Lyon United, 28 ans, fait son apparition et, durant deux longues heures, va prodiguer ses conseils. Sans jamais vraiment élever la voix. “C’est sa façon de fonctionner, indique Jean-Marie Crépin, le président de l’association. Kamel fait preuve de pédagogie, et cela colle parfaitement à la philosophie de la boxe, qui est un sport noble.” Un jeune boxeur complète, certain d’avoir trouvé la bonne formule : “Il ne cherche pas des Rocky, mais à nous rendre meilleurs sur et en dehors du ring.”
Si Kamel Hasni, seul salarié de l’association, apprécie forcément toutes ces louanges, il refuse clairement d’être porté en triomphe. “Vous savez, j’ai énormément reçu de la boxe. J’ai connu de belles joies, et j’ai juste envie de redonner aux autres. De permettre à d’autres personnes d’en profiter”, insiste-t-il. Tout au long de la séance du soir, sa troupe le lui rend bien en ne ménageant pas ses efforts. Débutants ou confirmés, garçons ou filles, jeunes ou vieux, l’énergie déployée et la volonté de bien faire est la même. Marcel, 49 ans, n’en rate pas une miette, scrutant plus particulièrement les moindres faits et gestes de ses deux filles, âgées de 15 et 22 ans. Avec les yeux qui pétillent. “Elles sont épanouies ici, soupire-t-il. Je suis un amoureux de la boxe, alors voir mes filles pratiquer cette discipline, cela me procure énormément de plaisir.”
Soutenu par la Ville de Lyon
Depuis quelques mois, les 85 adhérents du Boxing Lyon United s’entraînent trois fois par semaine dans une salle municipale – les mercredis et samedis au gymnase Patrick-Lamy et les jeudis au gymnase Antoine-Charial. Une certaine reconnaissance après avoir dû se contenter du parc de la Tête-d’Or, de Parilly ou des quais du Rhône. Lorsqu’il est tombé sur une émission consacrée à la boxe à Lyon (diffusée sur lyoncapitale.fr), Abdel Achache, adjoint délégué aux sports à la mairie du 3e, a décidé de leur venir en aide. “J’ai aimé leur discours, c’est une belle vision du sport, confesse-t-il. J’ai décidé de les contacter et de trouver une solution pour leurs entraînements. Ils méritaient d’être aidés, même si ce n’est pas facile de libérer des créneaux puisque les gymnases de la ville sont pleins à craquer.”
Kamel Hasni ne garde pourtant aucune amertume de cette époque en plein air : “On s’est adaptés et cela nous a sans doute rendus plus forts.” Effectivement, la première année d’existence de la team lyonnaise a été couronnée de succès, avec 45 victoires pour 45 combats, 6 champions du Lyonnais et 2 champions de France. Le 5 mai dernier, Djessim Boulefkhad a même décroché le titre de champion de France cadets BPC*.
Du jeune défavorisé à l’officier d’Interpol
Subventionné par la Ville de Lyon, le BLU n’a pas pour unique vocation de briller sportivement. L’aspect social a une part considérable dans le projet porté par Jean-Marie Crépin et Kamel Hasni. “L’idée, c’est de mettre en place des partenariats avec des entreprises, afin d’aider certains de nos membres qui recherchent des stages, des contrats d’apprentissage, voire du travail”, soulignent-ils. Concernant l’aspect sportif, Kamel Hasni se veut garant de la bonne tenue de son équipe. “On se doit d’être exemplaires. Gagner, c’est bien, mais gagner en adoptant une bonne attitude, en étant respectueux, c’est encore mieux”, souffle-t-il. Un leitmotiv qui attire des personnes d’horizons différents. À l’image de Marie, 22 ans : “J’étais inscrite dans un autre club, puis j’ai décidé de rejoindre la team de Kamel. Certes, je suis une femme, mais j’ai besoin de me défouler. Je me sens bien dans ce club et je trouve ça chouette d’avoir réussi sans beaucoup de moyens.”
De son côté, Simon, 32 ans, officier à Interpol, a trouvé une structure lui permettant de s’évader de son univers professionnel : “Pour moi, la force du Boxing Lyon United, c’est qu’il y a une réelle diversité de niveaux, de catégories sociales. Il y a des buts différents, mais on se retrouve tous unis autour de la boxe. D’être confronté à d’autres quotidiens, cela favorise le lien social.” Le jeune homme a même réussi à attirer certains de ses collègues. “Ils sont venus assister à des entraînements ou à des combats, comme le numéro 2 d’Interpol, sourit-il. Ils ont vu que c’était une véritable école de la vie.”
* Boxe pré-combat : sorte de boxe de transition. Cette pratique, où le boxeur porte un casque intégral, permet de découvrir les sensations des combats tout en restant bien protégé.
Vidéo tournée et montée par Thomas Coudert.