Florian Maurice ne s’en cache pas. Ce travail de responsable de la cellule de recrutement de l’OL, club où il a joué de 1991 à 1997, lui convient à merveille. Il prétend même qu’il serait incapable d’exercer ses talents de recruteur ailleurs que dans le club de son cœur. Il décrypte pour Lyon Capitale les contours de la méthode lyonnaise. (Entretien paru dans le dossier mercato paru dans le magazine Lyon Capitale daté du mois de janvier).
Lyon Capitale : Contrairement aux années fastes, compte tenu des restrictions budgétaires, vous êtes aujourd’hui obligé de recruter malin et à bas prix…
Florian Maurice : C’est une approche totalement différente qu’avant. C’est le vrai job pour moi, celui de dénicher des talents moins connus. À une certaine époque, Lyon se positionnait sur des joueurs plus expérimentés, plus cotés. La crise économique a changé la donne et, en tant que recruteur, je trouve que c’est un challenge très intéressant. Quelque part, on a moins le droit à l’erreur sur le profil recherché. Récemment, j’étais en Argentine avec un recruteur du PSG. Je lui ai dit : “Mais qu’est-ce que tu fais là ? La perle rare Messi, si elle était là, on le saurait déjà.” Le fait de recruter un joueur comme Bakary Koné, c’est certes une prise de risque mais son adaptation réussie et ses performances sur le terrain donnent du crédit à la nouvelle politique du club.
Quelles sont les caractéristiques des joueurs recherchés ?
Je n’ai pas de critère physique. Ce que je recherche avant tout, c’est du talent. Un joueur grand et costaud peut être très fin techniquement. Ce qui est indéniable, c’est que le footballeur moderne doit être rapide, techniquement au-dessus de la moyenne et avoir une intelligence de jeu. Regardez un joueur comme Xavi au Barça : il ne va pas très vite mais par contre il joue vite, il voit vite, il joue juste et il est en capacité dans les petits espaces à se retourner. Après, forcément, il y a des caractéristiques spécifiques à certains postes. Pour moi, un défenseur central, s’il ne fait pas 1,85 mètre, ce n’est pas compatible avec le haut niveau.
La loi sur les mineurs, voulue par Michel Platini, pénalise-t-elle votre recrutement ?
Non, pas du tout. Si un club souhaite enrôler un mineur, elle doit faire venir toute sa famille. Et ça, c’est quelque chose, à Lyon, qu’on n’a pas l’habitude de faire. Certains grands clubs le font, notamment avec les Sud-Américains. On n’est pas dans ce déracinement-là. D’autant plus qu’il est compliqué d’affirmer de manière définitive qu’un jeune de 14-15 ans, aussi doué soit-il, devienne pro. Enlever un gamin de chez lui pour ensuite le laisser dans la nature… ça ne correspond pas avec la philosophie de l’OL.
Est-ce qu’à Lyon, dès le plus jeune âge, vous voulez faire jouer toutes les équipes dans le même système de jeu ? À l’instar du Barça par exemple…
Les systèmes sont différents selon les entraîneurs en place. Claude Puel jouait en 4-3-3, Gérard Houiller aussi. Rémi Garde a débuté la saison en 4-4-2 puis opté pour un 4-2-3-1. On peut difficilement adopter un système de jeu identique à toutes nos équipes. L’objectif des éducateurs du club, c’est de faire en sorte que nos joueurs évoluent à différents postes, dans différents systèmes, justement pour qu’ils puissent s’adapter plus tard au système qui sera mis en place par l’entraîneur de l’équipe professionnelle. On n’a pas la culture du Barça, où tout le monde joue en 4-3-3. C’est très long à mettre en place.
On sent que vous aimez votre rôle…
L’observation et le recrutement, c’est la base de tout. Autant chez les pros que chez les jeunes. Il y a évidemment le travail fait par les éducateurs. Mais l’observation, c’est le nerf de la guerre. Mon job est très diversifié, je ne m’ennuie jamais. C’est ce que je voulais faire quand j’ai arrêté ma carrière, et en plus je le fais dans le club où je suis né.
Qui décide au final pour un recrutement ?
C’est une décision collective. Je présente à Rémi Garde et à Bernard Lacombe, à l’aide de montages vidéo et de rapports détaillés, des joueurs que j’ai sélectionnés. La décision, sur un plan sportif, elle se prend collégialement. Sur un plan financier, il n’y a que le président qui maîtrise la finalité.
Quelle est votre fierté à vous ? On dit souvent : Florian Maurice, l’homme qui a fait venir Koné et Lovren.
(Sourire.) Sincèrement, je ne m’attribue pas la paternité de leurs arrivées. Certes, je suis content quand ils jouent bien. Mais mon objectif n’est pas forcément là. Je fais très peu d’interviews, je n’aime pas me mettre en avant. Ma fierté, c’est de voir que le club, malgré son évolution, continue à former des jeunes.
Retrouvez également : "Les dessous du mercato de l'OL" une enquête à retrouver dans le magazine Lyon Capitale daté du mois de janvier 2012, en vente actuellement chez votre marchand de journaux ou sur lekiosque.fr
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