Elles ont bien terminé l'année 2013. Les joueuses du Lyon Basket féminin n'ont fait aucun cadeau samedi à Charleville-Mézières (75-57). Néanmoins, dans la coulisse, le début de saison a été agité. Comme le confiait le président du LBF dans Lyon Capitale (numéro de novembre 2013).
Nicolas Forel, jeune entrepreneur lyonnais (groupe immobilier Forel), est depuis six mois le nouveau président du Lyon Basket Féminin (actuel 2e de Ligue féminine). Celui qui a succédé à Philippe Grillot retrace pour Lyon Capitale sa prise de fonction dans un club qui a connu une période tumultueuse mais dont les bons résultats sportifs et les perspectives de développement permettent d’espérer des jours meilleurs.
Son parcours d’ancien sportif
“Je suis issu du centre de formation de l’Asvel, à l’époque où Alain Gilles [joueur et entraîneur emblématique du club villeurbannais, NdlR] était l’entraîneur. J’y suis resté quatre années ; j’ai notamment côtoyé Vincent Collet [sélectionneur de l’équipe de France et actuel entraîneur de Strasbourg]. J’ai connu le haut niveau, j’ai vécu des moments exceptionnels. Par la suite, j’ai joué à Vienne, Saint-Vallier, au CRO Lyon et, en fin de carrière, à 38 ans, à Pont-de-Chéruy en Nationale 2. Nous sommes une famille de sportifs : ma femme est une ancienne basketteuse qui aime venir voir les matchs du Lyon Basket Féminin, j’ai un fils qui joue à l’Asvel, un autre au Lou Rugby et ma fille joue au LBF.”
Son arrivée à la présidence du LBF
“Avant de prendre la présidence, je suivais de près le parcours du Lyon Basket Féminin. J’ai toujours été séduit par le jeu collectif développé par les joueuses. Sans les comparer aux garçons, elles ont une certaine façon d’aborder le jeu qui est très plaisante. En mai dernier, j’ai pris la présidence, il y a eu une transition avec Philippe Grillot. Dans un premier temps, les choses se sont moyennement bien passées, mais tout est rentré dans l’ordre. Je n’ai aucun problème avec Philippe Grillot, qui d’ailleurs est toujours actionnaire du club avec à peu près 16-17 % de parts. Le Lyon Basket féminin est une SASP* avec quinze actionnaires. Mon rôle est de rassembler les forces de chacun dans l’intérêt du club. Je n’ai qu’un seul but : permettre au LBF d’aller de l’avant.”
Les difficultés du poste
“Les premiers mois de présidence ? Un jour on est content d’être là, et un autre jour on remet certaines choses en question. C’est plus dur d’être président d’un club de basket que d’être un simple entrepreneur. J’ai vraiment découvert un autre univers. Je dois composer avec une Fédération française de basket qui me demande sans cesse de fournir divers documents. Je savais qu’il fallait déployer beaucoup d’énergie, mais pas à ce niveau-là. Notamment, lorsqu’il y a eu ce problème administratif pour nos deux joueuses Alexia Plagnard et Mélanie Plust. Même en étant payées elles ne pouvaient pas jouer, pour des raisons administratives [le Comité national olympique et sportif français a désigné un conciliateur pour régler ce litige – en attendant, elles peuvent rejouer]. Je multiplie les déplacements à Paris afin que la commission de contrôle de gestion de la FFBB permette à ces deux joueuses de pouvoir jouer. Franchement, dans cette histoire-là, on n’est vraiment pas aidé par notre fédération. On n’est pas soutenu.”
Le LBF, un club en pleine mutation
“On est en pleine transition. On vient du monde amateur et on se professionnalise. On n’est pas encore structurés comme un vrai club pro même si les joueuses, le staff se comportent comme de vrais professionnels. On a un préparateur physique, un médecin, un kiné, un ostéo, un assistant-coach, bref on a une vraie équipe qui travaille dans une bonne osmose. Au niveau administratif, je travaille en binôme avec Olivier Ribotta [manager général]. On a de nombreux projets, mais on ne les met pas sur la table pour le moment. Chaque chose en son temps.”
Les difficultés économiques
“Philippe Grillot [ancien président du club et actionnaire] a versé 150 000 euros au compte courant la saison dernière. Concernant le bilan, on a comptabilisé 50 000 euros sur la saison dernière et 100 000 euros sur la saison 2013-2014. Cette dette sera échelonnée sur un certain nombre de mois et d’années. On est repartis dans la bonne direction. Pour l’année prochaine, le budget risque d’être à la baisse. Il faudra être dans la raison afin de consolider les fondations du club. On a de bons retours de nos partenaires et des collectivités locales. Nos actionnaires, ce sont des chefs d’entreprise qui ont des réseaux et font tout pour attirer de nouveaux sponsors. Tout le monde tire dans le même sens pour faire grandir le club. En tant que président, je dois prendre de mauvaises décisions pour le club mais elles sont vitales économiquement.”
Le choix de l’entraîneuse serbe Marina Maljkovic
“On était partis sur un entraîneur, François Gomez, qui connaissait bien la maison, mais finalement ça ne s’est pas fait. J’avais rencontré Marina Maljkovic l’été dernier, lors de l’Euro disputé en France mais, pour être honnête, je n’imaginais pas qu’elle puisse venir à Lyon. C’est un coach exceptionnel, elle a un sacré palmarès [avec le Hemofarm Vrsac puis le Partizan de Belgrade, elle a remporté six titres nationaux, quatre coupes et deux Ligues adriatiques. Elle a également conduit l’équipe nationale de Serbie à la 4e place du dernier Eurobasket Femmes en 2013]. Lorsque j’ai su qu’elle était disponible et prête à quitter le Partizan de Belgrade, on l’a sollicitée. On n’a pas pu trouver un accord rapidement car, économiquement, on avait des contraintes. Mais finalement elle a rejoint le club. C’est un choix voulu et mûrement réfléchi, qu’on souhaite pérenniser. Cela nous permettra d’être très ambitieux à moyen terme.”
* Société anonyme sportive professionnelle.
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Budget : 1,55 million d’euros (à titre comparatif, le club de Bourges, actuel leader du championnat, a un budget de 2,5 millions d’euros)
Masse salariale chargée du LBF : 1,3 million d’euros
Subvention des collectivités locales : 650 000 euros
Nombre de partenaires : 30
Moyenne de spectateurs : 1 200 (la salle du LBF, dans le 8e arrondissement, a une capacité de 1 600 places)
Contrats professionnels : 9
Salaire moyen : 4 500 euros