Juste avant les fêtes de Noël, Lyon Capitale a réuni dans ses locaux six sportives lyonnaises : deux rugbywomen du Lou, Laurie Basuyau et Nadège Orial, deux footballeuses internationales de l’OL, Camille Abily et Sonia Bompastor, et deux basketteuses du Lyon Basket féminin, Audrey Sauret et Mistie Mims. Si, au départ, chacune a pris la parole à notre demande, au fil de la discussion nos sportives ont surtout réagi lorsqu’elles le souhaitaient. Chacune avec sa sensibilité, son vécu, son caractère. Une belle occasion de dévoiler une part de leur personnalité. En toute simplicité.
Lyon Capitale : Pouvez-vous nous raconter votre quotidien de sportive ?
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : Je suis plus en fin de carrière, c’est un peu différent, car je ne joue plus qu’un match par semaine. J’ai toujours organisé ma vie en fonction de la pratique du basket. Il faut avoir une hygiène de vie irréprochable. Je ne m’interdis pas de vivre pour autant. J’aime bien sortir, aller au restaurant. Par contre, il est clair que j’ai fait quelques sacrifices, notamment d’un point de vue familial, car je n’aurais jamais mis en péril ma carrière sportive.
Mistie Mims (Lyon Basket féminin) : Ma journée type, c’est déjà beaucoup de repos et de bien m’alimenter. Ce n’est pas facile en France, surtout que je suis gourmande (sourire). Je suis vraiment focalisée sur mon sport. Après, j’aime le shopping, regarder des films... Bref, j’ai une vie normale, même si pour moi, en tant que joueuse étrangère, c’est parfois compliqué, car je n’ai pas ma famille et mes amis au quotidien avec moi. Ceci dit, je suis heureuse ici, à Lyon. Au niveau de ma carrière sportive, j’ai encore beaucoup de rêves.
Laurie Basuyau (Lou Rugby) : Le rugby, c’est un loisir, c’est mon plaisir de la vie. Mon travail me prend déjà beaucoup de temps [elle est enseignante auprès d’enfants handicapés, NdlR], donc ce sport c’est mon échappatoire, mon défouloir. Je retrouve les copines, on partage des moments de convivialité. Au niveau de mon hygiène de vie, je ne me refuse rien (rires).
Nadège Orial (Lou Rugby) : Désolée, mais je vais te balancer (sourire). Sachez qu’elle a la plus haute VMA* de l’équipe. Sinon, je ne le perçois pas comme Laurie. J’ai subi une opération suite à une blessure. J’ai fait un choix cette année, en accord avec mon conjoint, d’adapter ma vie pour le rugby. Néanmoins, nous avons un statut amateur, notre vision est complètement différente. Comme Laurie, je travaille [elle est infirmière de bloc], donc il faut pouvoir parvenir à concilier les deux.
Sonia Bompastor (OL féminin) : À l’OL, on a un entraînement tous les jours, de 10h à 12h. On a la chance de pouvoir manger sur place, au réfectoire de Tola Vologe. Cela permet d’échanger avec les salariés et les joueurs du club. Puis, l’après-midi, place à la récupération et aux soins. Sinon, ces derniers temps, je passe mon temps libre à préparer ma reconversion. Je passe mes diplômes d’entraîneur. Je dois dire également que les joueuses de l’OL sont de plus en plus sollicitées par les sponsors, les clubs de football féminin de la région et les médias. Même si, ces dernières années, on a obtenu de bons résultats, je suis très surprise par cet engouement.
Camille Abily (OL féminin) : Sonia a déjà tout dit ! Ce qui a été le plus dur dans ma carrière, au niveau extrasportif, c’est de changer de ville régulièrement. Je suis très famille, donc, étant bretonne, ce n’est pas évident d’être loin des siens. Ça fait plus de dix ans que je suis dans le circuit, j’ai beaucoup donné pour le foot. Je ne le regrette pas. Mais j’arrive à la fin de ma carrière. Il me reste encore trois, quatre ans, j’aimerais bien pouvoir fonder une famille.
Suivez-vous d’autres sports féminins ?
Laurie Basuyau (Lou Rugby) : Dans la région, l’OL féminin, c’est un exemple. Nous sommes toutes admiratives par rapport à ce qu’elles ont réussi à faire ces dernières années. Sinon, n’étant pas lyonnaise d’origine, je suis plutôt quelques équipes sportives au niveau national.
Nadège Orial (Lou Rugby) : Je dirais que cela dépend de sa propre culture sportive. Je ne suis pas trop les équipes régionales, mais je suis au courant des performances de l’OL féminin. Elles sont très exposées médiatiquement, donc on peut difficilement passer à côté (sourire). Je connais moins le basket. Pour être sincère, je ne savais même pas qu’il y avait une équipe à Lyon qui évoluait à un tel niveau [Ligue féminine, l’équivalent de la Pro A]. Mais cette rencontre entre sportives me donne envie d’aller voir un match (éclat de rire général).
Sonia Bompastor (OL féminin) : J’aime suivre autant les sports masculins que féminins. Malheureusement, avec notre calendrier très chargé, on manque cruellement de temps pour aller voir les matchs des autres clubs. Avec Camille, nous sommes allées voir les filles de Lyon Basket et un match de l’équipe masculine du Lou Rugby. En tout cas, je suis friande de tous les sports.
Camille Abily (OL féminin) : Je suis également tous les sports, mais c’est vrai qu’en tant que femme j’aime également regarder les résultats des équipes féminines. D’ailleurs, pour ce match du Lyon Basket féminin, on leur avait porté chance, puisqu’elles avaient gagné (nouvel éclat de rire général). C’était très sympa. J’espère y retourner. Quant au rugby, j’avoue que je connais moins. J’ai côtoyé une “rugbywoman” durant mes années à l’université. Ça serait sympa de venir vous voir jouer, à l’occasion.
Sonia Bompastor (OL féminin) : Ça, c’est Camille tout craché. C’est une féministe, une vraie syndicaliste (rires). Elle défend sans arrêt les sports féminins.
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : Ah, je suis désolée, mais on ne va pas s’entendre (rires derechef). Moi, je préfère suivre les équipes masculines, surtout au niveau du basket. Je suis friande de la NBA. Après, c’est vrai que pour s’intéresser à d’autres disciplines il faut avoir l’opportunité de se rencontrer. Au contraire de nos homologues masculins, on a rarement l’occasion de se fréquenter, de partager notre vision de nos sports respectifs.
Mistie Mims (Lyon Basket féminin) : Je regarde de temps en temps la NBA. Je suis américaine, donc je suis très sport universitaire. Le foot ? Je trouve ça plutôt ennuyeux. En plus, je ne comprends pas ces scores comme 8-0, 11-2... (rires).
En 2009, la Fédération française de football avait tenté de sensibiliser le grand public et les médias au football féminin, avec une campagne dans laquelle certaines internationales posaient nues. Quel est votre avis sur le sujet ?
Camille Abily (OL féminin) : C’est regrettable d’en arriver là. On ne demande pas aux garçons de le faire. Ça peut être très joli, mais pour moi ce sont les résultats sportifs qui doivent primer. Peu importe d’être féminine, masculine, jolie, moins jolie... On doit avant tout être jugées par rapport à nos performances sportives.
Nadège Orial (Lou Rugby) : Au niveau de la section féminine du Lou, nous avons fait un calendrier. Je n’ai pas de souci avec ça. Il y a des photos en lingerie, mais ce n’est pas vulgaire. Il faut préciser que ça s’est fait sur la base du volontariat. Le but est de faire vivre l’association, car ce calendrier permet de rapporter de l’argent pour toute l’équipe. À travers ce support, on prouve, dans un milieu du rugby très macho, que nous ne sommes pas uniquement des filles combattantes, mais des femmes comme les autres.
Laurie Basuyau (Lou Rugby) : Je suis d’accord avec ce qui a été dit par Nadège. D’autant plus que la réalisation de ce calendrier a permis de réunir notre équipe 1 et 2. D’associer différentes joueuses : des étudiantes, des plus jeunes, des moins jeunes.
Mistie Mims (Lyon Basket féminin) : Personnellement, ça ne me choque pas du tout. Aux États-Unis, dans ESPN The Magazine, tous les ans, il y a des sportives qui prennent la pose. Ce sont de belles filles, des athlètes... Il n’y a rien de dégradant. Si cela peut permettre d’attirer du monde, de vendre des billets, pourquoi s’en priver ? D’autant plus si cela se fait sans contrainte, dans la joie et la bonne humeur.
Sonia Bompastor (OL féminin) : Si je peux me permettre d’intervenir... Ce qui me gêne là-dedans, c’est qu’en posant cette question la réponse est toute donnée. Ceux qui viennent au stade pour voir de la beauté physique ou esthétique n’y viennent pas pour les bonnes raisons. Je comprends ce que vous dites, mais nous sommes avant tout des sportives. Si on parle de l’OL féminin, c’est grâce à nos résultats sportifs. C’est l’unique manière de fidéliser un public.
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : Certes, mais ça passe aussi par diverses opérations comme ces calendriers. Après, il y a dénudé et dénudé. Je suis sûrement la plus âgée autour de cette table, mais, il y a vingt ans en arrière, l’image de l’athlète n’était pas du tout féminine. Et je trouve cela dérangeant. Il faut réussir à trouver un juste milieu. On est obligé de vendre quelque part ce “produit femme” pour attirer du monde. Mais après, il est évident que pour attirer du monde, cela passe par l’obtention de résultats. Ce que les gens apprécient également au niveau du sport féminin, c’est cette proximité qui existe entre les sportives et le public.
Effectivement, on ressent souvent sur le terrain cette différence de proximité entre vous et vos homologues masculins. Comment l’expliquez-vous ?
Camille Abily (OL féminin) : Il faut être sincère, on a moins de demandes. Pour avoir participé à quelques opérations avec certains joueurs de l’OL, ils sont extrêmement sollicités. Ils ne peuvent pas dire oui à tout, et cela peut être perçu comme de la distance. Attention, je ne justifie pas certaines attitudes, mais il faut juste replacer les choses dans leur contexte.
Nadège Orial (Lou Rugby) : C’est lié à la surmédiatisation. On le voit notamment avec les footballeurs qui ont des contrats dont les sommes me paraissent complètement indécentes. Par la force des choses, en étant moins sollicitées, on joue davantage le jeu. Après, c’est également une question d’état d’esprit. Nous, on a un statut amateur, donc ce n’est pas comparable.
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : La femme sportive, elle doit faire des sacrifices permanents. Elle doit gérer sa carrière et sa vie personnelle. Il y a de vrais choix à faire. Cela permet de garder une certaine proximité. Lorsqu’on reste dans sa bulle, on étouffe vite. C’est bien d’avoir une ouverture extérieure.
Peut-on concilier aisément sport de haut niveau et vie de famille classique ?
Camille Abily (OL féminin) : C’est compliqué. S’arrêter pour faire un enfant puis reprendre son sport, ce n’est pas donné à tout le monde. Aux États-Unis, certaines internationales l’ont fait, mais en France ça ne s’est jamais produit. Généralement, on arrête sa carrière vers 32, 33 ans pour fonder une famille.
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : C’est un vrai choix de carrière. Lorsqu’on est internationale, titulaire dans un bon club, ce n’est pas le tout de faire un enfant (rires), il faut pouvoir l’éduquer après.
Sonia Bompastor (OL féminin) : Ce n’est vraiment pas évident de concilier les deux. À titre personnel, je n’ai jamais eu l’opportunité de me dire qu’il faudrait mettre ma carrière entre parenthèses pour fonder une famille. Il faut savoir qu’en France, au sein des équipes sportives, tu restes entre joueuses et membres du staff technique. Il n’y a pas d’ouverture vers le monde extérieur. Aux États-Unis, lors des mises au vert, certains repas se partageaient avec les maris, les enfants... C’est un environnement totalement différent.
Nadège Orial (Lou Rugby) : Il est complètement archaïque, notre système (sourire).
Sonia Bompastor (OL féminin) : C’est clair. Moi, j’avais adoré, car ça crée une atmosphère hyperchaleureuse. Tu connais les familles, cela humanise les rapports. Peut-être qu’un jour ça viendra en France.
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : Cela s’explique par notre culture européenne. La femme doit être carrée, disciplinée... Dans le basket, il y a une grosse différence de gestion entre une équipe masculine et féminine. En France, ça serait inacceptable, ce genre de choses.
Sonia Bompastor (OL féminin) : Oui, ou alors, à la moindre contre-performance, on mettrait en avant cette caractéristique, en disant qu’elle est dispersée parce qu’elle a un enfant, son mari proche d’elle, etc.
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : C’est déjà un peu le cas. On ne nous laisse rien passer. Si tu vas jouer dans ta ville d’origine et que tu demandes à passer la nuit chez tes parents, on va être surpris, comme si tu avais commis un impair.
Êtes-vous agacées qu’on puisse régulièrement faire le lien entre sport féminin et homosexualité ?
Nadège Orial (Lou Rugby) : Je n’ai pas plus envie que ça d’en parler. La vie privée doit le rester. Équipe féminine ou masculine, on doit prendre en compte uniquement le critère sportif.
Camille Abily (OL féminin) : Ça peut paraître banal de dire ça, mais une sportive de haut niveau n’est pas forcément homosexuelle. Ce sont des clichés qui perdurent. Encore aujourd’hui, on me pose régulièrement la question.
Sonia Bompastor (OL féminin) : Ça fait partie d’un fantasme. Une femme qui joue au foot, au basket, au rugby... elle passe pour un garçon manqué, et du coup elle est homosexuelle. Franchement, soyons sérieux, ça n’a rien à voir. Il y a quelques années, l’image de la femme était sûrement moins présente au sein de ces équipes-là.
Nadège Orial (Lou Rugby) : Un corps d’athlète, sculpté, ressemble plus au stéréotype masculin. Certains y attribuent tous leurs fantasmes liés à ça.
Sonia Bompastor (OL féminin) : Oui, parfois, de bons potes – même à l’OL –, des gens que vous connaissez, comme certains collaborateurs d’OLTV, m’interrogent là-dessus. Alors qu’ils savent bien ce qu’il en est (rires).
Camille Abily (OL féminin) : Après, il faut être franc aussi, ça a existé. On ne peut pas le nier. Certaines faisaient du foot uniquement pour rencontrer d’autres femmes. Lorsque j’ai commencé le foot, à 14 ans, je ne sais pas comment mes parents ont accepté que j’y aille (sourire). C’était plus un club de rencontres qu’une équipe de foot. Maintenant, ce n’est plus le cas.
Nadège Orial (Lou Rugby) : La société a évolué, même si l’homosexualité n’est pas acceptée partout.
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : Ce qui me dérange là-dedans, en tout cas dans mon sport, à mon époque à l’Insep**, il n’y avait pas plus ou moins de sportives homosexuelles, seulement on ne le disait pas. Là, j’ai le sentiment que c’est devenu une mode, faire croire que dans une équipe les trois quarts sont lesbiennes. C’est faux. Pour certaines, c’est cool de laisser penser ça. Comme s’il fallait se vanter d’être gay ou hétéro.
Nadège Orial (Lou Rugby) : Oui, on voit la même chose dans le milieu artistique. C’est une sorte de tendance.
Mistie Mims (Lyon Basket féminin) : Les filles passent beaucoup de temps ensemble, et forcément certains s’imaginent des choses. En plus, entre femmes, on est tactile, on peut se prendre facilement dans les bras, se faire des câlins, mais sans arrière-pensée. Moi, je veux bien qu’une fille me réconforte, mais c’est tout (rires). Ça ne va pas plus loin que ça.
Sonia Bompastor (OL féminin) : J’ai une petite anecdote. Nous, on a déjà eu un souci au sein de l’équipe, il y a quelques années, mais ce n’était pas pour une relation homosexuelle : deux filles s’étaient battues pour un gars (éclat de rire général).
Êtes-vous parfois victimes de machisme ?
Sonia Bompastor (OL féminin) : C’est de moins en moins le cas. À l’OL, on a la chance d’avoir le président Aulas qui nous accorde une place importante au sein du club. Par contre, j’ai le sentiment qu’on doit toujours être au top. Si une sportive ne reste pas performante, on le lui fait vite ressentir. La femme doit prouver toujours plus que l’homme.
Nadège Orial (Lou Rugby) : Tu penses vraiment que c’est le cas ?
Sonia Bompastor (OL féminin) : Oui, c’est quelque chose que j’ai vraiment constaté.
Camille Abily (OL féminin) : Je suis entièrement d’accord avec Sonia. Demain, si on commence à moins gagner, on va perdre de suite du public. Certains ne vont plus venir nous encourager. Alors que, pour les garçons, ce n’est pas forcément le cas. Regardez la période où l’équipe masculine de l’OL était moins performante : les gens venaient quand même.
Sonia Bompastor (OL féminin) : On l’a bien vu, entre autres, avec l’équipe de France de football. Malgré ce qui s’est passé, les gens continuent à être présents au stade. Tu fais la même chose chez les filles, tu n’entends plus parler de foot féminin.
Laurie Basuyau (Lou Rugby) : Au final, c’est à l’image de notre société. On attend sûrement plus d’une femme.
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : Pour le basket, c’est la même chose. Notre équipe nationale a eu beaucoup plus de résultats que les hommes. Même au niveau des clubs, avec Valenciennes ou Bourges, on a réussi à gagner quatre Euroligues ; aucun club masculin n’est parvenu à faire la même chose. Et les faits sont là, on n’a jamais réussi à vendre notre sport. Cette année, il y a un élan avec la perf ’ des filles aux JO, mais ça s’essoufflera si les garçons n’obtiennent pas de résultats. Le grand public a envie de voir un Tony Parker ou un Nicolas Batum. C’est difficile de lutter contre ça. En tant que joueuse, je l’ai accepté depuis longtemps. Je n’en souffre pas. Je ne suis pas féministe, je n’ai pas de revendication particulière à ce sujet.
Selon vous, quelles sont les actions à mener pour inciter les gens à avoir un autre regard sur le sport féminin en général ?
Nadège Orial (Lou Rugby) : Par des choses toutes simples. Dernièrement, une connaissance m’a dit qu’elle souhaitait essayer le rugby mais qu’elle n’osait pas. Je l’ai entraînée avec moi. Cette personne va en parler autour d’elle, et le regard va changer. Il y a une sorte de blocage psychologique. Contrairement aux idées reçues, le rugby est un sport accessible à tous. Tous les gabarits sont les bienvenus.
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : C’est une histoire de mentalité, de culture française. Il y a de gros a priori sur le sport en général. Cela ne s’apprend pas à 15, 16 ans, mais limite à la maternelle. Dans notre pays, on a tendance à sacrifier le sport. C’est toujours la dernière roue du carrosse. On trouve toujours des excuses pour ne pas en faire : ça prend du temps, c’est contraignant... On a pris le réflexe de dire aux enfants : allez jouer au foot. C’est moins le cas pour le basket, car il y a un manque réel d’infrastructures.
Sonia Bompastor (OL féminin) : La place qu’on doit accorder au sport à l’école est primordiale. En Allemagne et aux États-Unis, c’est complètement différent. Ils ont des salles, des terrains pour pouvoir jouer, s’amuser. Lorsque tu vois l’état de certains stades de foot... En France, on est à la rue complet !
Audrey Sauret (Lyon Basket féminin) : Si tu débarques sur un terrain avec ton ballon, on te dit : “Non, tu ne peux pas jouer ici, il faut voir avec la mairie.” C’est hallucinant !
Nadège Orial (Lou Rugby) : On dévalorise le sport, dans notre pays. On préfère qu’un gamin soit doué pour les mathématiques...
Mistie Mims (Lyon Basket féminin) : En tant qu’Américaine, ça me surprend un peu ce débat. Aux États-Unis, le sport est très important. Pour certains, ça passe même avant le travail (rires). À l’université, tout le monde pratique un sport. Ça va de pair avec la scolarité. À la télé, dans la rue, le sport est omniprésent. En France, j’ai le sentiment que vous êtes plus préoccupés par la famille. Vous aimez bien manger, passer du temps à discuter lors des repas (rires).
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* Vitesse maximum aérobie, à partir de laquelle le coureur consomme le maximum d’oxygène. Plus la VMA est élevée, plus le sportif peut courir vite.
** Institut national du sport, de l’expertise et de la performance. Créé en 1975, l’Insep forme les sportifs de haut niveau, tant sur le plan scolaire que sportif.