À quoi sert la 4G ? À rien sans gros “fair use” !

Dans les boutiques SFR, Bouygues et Orange, en publicité à la télévision ou dans la rue… À défaut de couvrir encore toute la France, la 4G s’affiche partout. Reste une question primordiale : à quoi sert-elle ? Après six mois de test, notre verdict est sans appel : à rien, si elle n’est pas accompagnée d'un gros fair use, à savoir une limite mensuelle d’Internet mobile élevée.

Difficile de revenir à la 3G une fois que l’on a goûté à la téléphonie mobile de quatrième génération. Loin d’être surchargés par les abonnés, les réseaux de SFR, Bouygues et Orange permettent actuellement d’obtenir d’excellents débits en émission comme en réception. Ces derniers sont, selon nos relevés, proches des chiffres théoriques avancés par les opérateurs : le débit moyen est compris entre 50 et 70 Mbps en téléchargement, et entre 10 et 20 Mbps en envoi. Aucun souci majeur côté technique, ni dans les usages. La 4G permet de regarder des vidéos en HD sans attendre, de jouer à des jeux vidéo en streaming, de télécharger des applications lourdes, et surtout des données à une vitesse élevée.

Mais, plus que cette vitesse de téléchargement, c’est bien celle des envois qui change le quotidien. Contrairement à ce que pourrait faire penser la communication des opérateurs, la vraie révolution de la 4G se trouve là. Photos, vidéos, documents lourds, pièces jointes, sauvegardes en ligne : la vitesse montante inverse les habitudes et ouvre le champ à l'envoi de toujours plus de données. Le tableau de la 4G pourrait donc être parfait, si seulement les opérateurs n’avaient pas décidé de tout gâcher.

Le problème du “fair use”

Aujourd'hui, les usages de la 4G sont bloqués par un élément important dans les forfaits : le fair use. Ce mot anglais désigne le volume maximum de données qu'il est possible d’échanger tous les mois avec son mobile. Au-delà de ce quota, Orange et Bouygues Télécom réduisent le débit de la 3G (idem pour la 4G). Pour sa part, SFR coupe l'Internet mobile mais propose d’augmenter son plafond en payant un supplément. Avant l'arrivée de Free Mobile, le fair use était généralement compris entre 500 Mo et 2 Go. Après le lancement du nouvel opérateur, ils se situaient entre 1 et 3 Go pour les forfaits 3G. Avec l'arrivée de la 4G, dont les usages sont gros consommateurs de données, on s’attendait logiquement à ce que ces plafonds soient revus, pour atteindre par exemple 10 Go par mois. Ce n'est malheureusement pas le cas, et les choix effectués par les opérateurs empêchent les clients d'exploiter tout le potentiel de la téléphonie de quatrième génération.

5 à 6 Go de “fair use”, strict minimum pour la 4G

Les plus gros fair uses proposés par les opérateurs font figures de strict minimum pour pouvoir utiliser la 4G confortablement. Bouygues propose ainsi 5 Go à 59,99 euros, SFR 6 Go à 79,99 euros, et Orange 6 Go à 85,90 euros (prix mensuel des forfaits tout illimité avec smartphone et engagement de 24 mois). Pour les plus gourmands, il est possible de recourir à des options – 1 Go de fair use supplémentaire se négocie alors autour de 5 euros. Cependant, ce ne sont pas ces forfaits qui posent le plus problème. Aujourd'hui, les opérateurs font rêver avec une 4G à prix accessible grâce à des forfaits proposant 2 Go de fair use, ou comment vendre du rêve sans y donner accès.

Des petits prix de départ ambigus

Bouygues, SFR et Orange promettent tous les trois la 4G à partir de 29,99 euros avec un engagement de 12 mois (30,90 euros chez Orange). Premier problème et non des moindres, ces forfaits ne comprennent pas la fourniture du smartphone. Or les Français ayant déjà un mobile 4G qui ne sont pas déjà engagés chez un opérateur sont encore rares. La majorité se tournera donc vers un forfait incluant le téléphone compatible, et l'addition grimpera fortement : 39,99 euros chez Bouygues et SFR, 46,90 euros chez Orange (forfaits tout illimité avec engagement de deux ans).

Le forfait 4G 2 Go incompatible avec l'esprit de la 4G

Au-delà de cette ambiguïté sur les prix “à partir de”, ces forfaits ne sont absolument pas compatibles avec l'esprit de la 4G et surtout ses usages. En effet, ils ne proposent que 2 Go de fair use, ce qui est largement insuffisant pour les nouveaux usages. À plusieurs reprises, au cours de nos six mois de tests, nous avons atteint cette limite en moins d'une demi-heure avec nos mobiles. En janvier, nous avons tiré un premier bilan des usages de la 4G et de la consommation de données qu’elle engendrait : Regarder la télévision en haute qualité sur son mobile pendant deux heures consomme environ 1,2 Go, une demi-heure tous les jours 9 Go. Envoyer une vidéo Full HD de 1 minute filmée avec un mobile prendra plus de 100 Mo, dix minutes et la barre des 1 Go est dépassée. Enfin, un film en haute définition 720p HD tourne autour de 5 Go sur iTunes, tandis que sa version en basse définition pèse environ 2,50 Go.”

Bridée par le quota

Trois mois plus tard, rien n'a changé, bien au contraire. Grisé par la vitesse de la 4G – avec laquelle il est plus simple de télécharger ou d'envoyer un fichier –, on se prend rapidement au jeu. Les 2 Go de fair use en 4G sont peut-être largement suffisants pour un abonné qui fait la même utilisation de la 4G que de la 3G : surf, mail, téléchargement de petites applications. Mais, une fois que l'on a goûté aux nouvelles possibilités, c’est nettement insuffisant. Dès lors, ce type de forfait a surtout un parfum de marketing visant à faire croire au grand public qu'il peut accéder dès aujourd’hui à la 4G à prix plancher, alors que dans les faits il ne pourra rien faire de plus qu’avant.

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