Les gros robots sont de retour au cinéma dans un 4e opus toujours réalisé par Michael Bay. Peuvent-ils encore convaincre après une première trilogie riche en explosions qui semblait avoir tout raconté ? Verdict.
Synopsis : Les Autobots, gentils Transformers, sont devenus les ennemis publics numéro un pour les méchants de la CIA (qui agissent dans le dos du noble président des États-Unis, un gentil). Un sympathique et bon inventeur va découvrir la carcasse d’Optimus Prime, déclenchant des événements qui vont menacer le monde entier (dont la Chine, car le pays représente un bon potentiel en matière de box-office).
Aller voir un long-métrage Transformers demande une certaine ouverture d’esprit. Une préparation intellectuelle plus intense que celle nécessaire à la vision d’un film d’auteur ouzbek diffusé dans une seule salle en France. La sagesse populaire voudrait que l’on laisse son cerveau à l’entrée du cinéma pour profiter des scènes où d’immenses robots se tapent dessus.
Les trois premiers épisodes avaient confirmé le talent de Michael Bay en matière d’action décomplexée et généreuse. Le troisième et son immense climax d’une heure trente se payait même le luxe d’avoir un soupçon de scénario intéressant, explorant la piste d’une collaboration économique et scientifique entre les humains et les Decepticons (mauvais Transformers, tout cela reste très manichéen depuis le début).
La rupture dans la continuité
L’Âge de l’extinction conserve les bases du dernier épisode tout en renouvelant intégralement le casting. Adieu Sam Witwicky (joué par Shia Laboeuf), place à Mark Wahlberg dans le rôle de Cade Yeager. Son personnage creux (pour ne pas dire insipide) n’est guère aidé par un scénario qui sert uniquement de prétexte à lier les scènes d’action entre elles. Les robots eux-mêmes bénéficient d’un nouveau design et de transformations inédites – après tout, il faut bien vendre des jouets.
La vraie surprise du présent volet vient sans aucun doute des “méchants”. Nouveau venu au casting, Stanley Tucci dévore tout sur son passage, s’imposant comme l’une des stars inattendues du film. Kelsey Grammer et sa voix inimitable incarne de son côté un patron de la CIA qui ravive l’intérêt à chacune de ses apparitions. Le constat reste sans pitié : ce n’est pas pour son scénario que l’on ira voir L’Âge de l’extinction, mais bien pour s’en prendre plein la gueule.
Un film exténuant
Jamais film n’aura été aussi exténuant, dans le bon sens du terme, pour ceux qui adhéreront au concept (martyr pour tous les autres). Véritable tour de manège de 2h46, le long-métrage comblera tout amateur de film d’action épique. Michael Bay en donne clairement pour son argent, multipliant les plans de caméra toujours plus fous, s’amusant comme un enfant en organisant des rixes entre robots. Le maelström de cendres, d’acier, d’étincelles et d’explosions est quasi continu.
Une fois passée l’introduction d’une demi-heure, Michael Bay se paye le luxe de proposer un film avec un climax qui dépasse allégrement les deux heures, ne laissant jamais le spectateur reprendre son souffle face à ce déluge d’action. Le point de non-retour en matière de grand n’importe quoi jouissif est franchi quand des Transformers dinosaures arrivent dans les mêlées.
Ça passe ou ça casse
Pour une fois, la 3D est également utile, participant au côté attraction de fête foraine de l’ensemble. Impossible de faire l’impasse sur Transformers 4 au cinéma, la vision à la maison sur un écran de télévision sera sans aucun doute bien moins convaincante. On regrettera cependant un manque d’émotion flagrant, tout comme une bande originale honteuse pour un tel blockbuster.
Les placements de produits sont pour leur part si nombreux que cela en devient presque gênant, contribuant à l’impression d’être devant une longue publicité. Le concept de la saga reste à l’origine une immense promotion des jouets Transformers et des voitures Chevrolet et General Motors. Cette fois-ci, il faut vendre en plus des enceintes portables et des boissons chinoises, le film étant calibré pour plaire au Pays du Milieu.
Dans ce contexte, il est clair que tous ceux qui n’adhéreront pas à ce tour de manège décérébré risquent de s’ennuyer ferme, quittant sans regret la salle avant la fin. Un tour de montagnes russes de 2h46 peut vite lasser et les loopings grisants du début ne plus faire d’effet.
Verdict
Toujours plus fou, plus grand et impressionnant, Transformers – L’Âge de l’extinction est presque l’épisode de trop, mais s’en sort grâce à ses scènes d’action. Michael Bay place ses pions pour un nouveau film… Gare à l’overdose, elle pourrait arriver la prochaine fois. Le tour de manège est toujours aussi amusant pour les fans, mais face à un déluge de fureur le spectateur pourrait bien finir par être blasé. Il est urgent que la saga Transformers se dote d’un vrai scénariste. Captain America 2 ou Edge of Tomorrow ont prouvé que les blockbusters bourrins pouvaient aussi en avoir dans le cerveau.