Navette autonome à Lyon Confluence : marketing ou vraie révolution ?

Ce vendredi 2 septembre, Gérard Collomb a présenté l’expérimentation Navly et ses deux navettes Arma autonomes, qui circuleront de la darse de la Confluence jusqu’à la pointe de la Presqu’île. Au-delà de la belle publicité qu’offre une telle expérimentation, est-ce vraiment une révolution ?

Quand les voitures autonomes circulent librement sur certaines routes aux États-Unis ou que des taxis sans conducteur viennent d'arriver dans les rues de Singapour, Lyon accueille l'expérimentation de l'entreprise Navya et de Keolis, réunis dans la société Navly.

Durant un an, deux navettes autonomes vont relier la darse nautique de la Confluence à la pointe de la Presqu’île. Entièrement gratuites, elles circuleront du lundi au vendredi de 7h30 à 19h, avec une fréquence de passage de 10 minutes en heure de pointe, matin, midi et soir, et de 20 minutes le reste de la journée.

L'expérimentation, évaluée autour de 500 000 euros pour un an, est financée par la société Navly (Keolis et Navya à hauteur de 300 000 euros de capital), le Sytral pour 100 000 euros ainsi que la métropole – "entre 50 000 et 70 000 euros".

Grâce à une armée de capteurs, cet "ascenseur horizontal", plus qu'un minibus, circule sans conducteur et peut embarquer 14 passagers plus un accompagnateur. 8 membres du personnel de Keolis seront mobilisés durant l'expérimentation. Les navettes sont également accessibles aux personnes à mobilité réduite. Enfin, les premiers véhicules circuleront exceptionnellement dès ce samedi 3 septembre avant une prise de service normale le lundi 5 septembre.

Quels usages ?

Reste la question ultime : ce service Navly sera-t-il pertinent en matière d'usage dans le quartier Confluence ? Des navettes Induct, dont les actifs ont été repris par Navya SAS, contrôlé par le fond Robolution Capital de Bruno Bonnell, avaient été testées dans les trémies de la Croix-Rousse pour remonter les vélos. La voie, non adaptée, sans aménagement et des problèmes de sécurité, selon Bruno Bonnell, ont mis fin à une idée pourtant attendue par les Lyonnais. Pour le remonte-vélo, ça ne sera pas pour cette fois et on retrouve donc des navettes d'une nouvelle génération à Confluence. La pointe du quartier a la réputation d'être mal desservie par le seul bus S1. Depuis quelques mois, elle a été désenclavée par la construction du passage Magellan.

Interrogé par Lyon Capitale, Bruno Bonnell défend la présence de ces navettes à la Confluence : "Elle est limpide pour les femmes en talons aiguilles, les plus âgées, en cas de pluie, ceux qui font les trajets tous les jours avec une ligne S1 où il faut parfois attendre 30 minutes."

Pourtant, avec un trajet total autour d'une dizaine de minutes du centre commercial à Confluence à Magellan avec les navettes, les plus pressés auront parfois tout intérêt à privilégier la marche s'ils viennent de rater un véhicule ou qu'il est complet (et que le temps est clément). Dans cette expérimentation, on regrettera aussi l'absence d'information voyageurs pour savoir quand arrive la prochaine navette (il faudra se contenter de ses yeux pour l'apercevoir au loin). Par ailleurs, Navly ne remplacera pas le S1, qui fonctionnera toujours.

Préparer la révolution ?

Avec un cadre légal français loin d'être simple, la Confluence et sa route semi-fermée sur le long du quai reste l'endroit idéal pour une telle expérimentation. En un sens, le premier usage le plus important reste celui de contribuer à faire accepter une telle technologie et la notion de véhicule autonome auprès du grand public. Nous entrons dans l'ère des voitures sans chauffeur, avec tous les bouleversements que cela entraînera dans le monde des constructeurs, des assurances, mais aussi notre manière d'aborder la ville.

Selon Bruno Bonnell, cette transition devrait prendre vingt-cinq ans : "Il faut changer le Code de la route, ça va prendre dix à quinze ans. Le marché de l'automobile va s'effondrer, puis certains maires choisiront d'interdire les voitures conduites par des humains dans certains quartiers."

Succès ou non, Navly est pertinent par sa seule présence dans un espace urbain comme outil promotionnel d'une révolution à ses débuts. L'année d'expérimentation permettra de voir si, en plus de cette vulgarisation, les navettes trouvent leur place dans les usages de la ville. Quant à Gérard Collomb, il signe là un coup de marketing politique peut-être du niveau de Vélo'v si le service perdure. Déjà en marche avec Macron, maintenant, ça roule tout seul pour Collomb.

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