A ne plus pouvoir s'en passer. Quand on grandit dans le quartier des Buers à Villeurbanne, on ne devient pas " écrivain ". Il est né en 1981, le 6 février, en milieu d'année scolaire. Comme ceux qui se retrouvent avec un an d'avance sans avoir rien demandé à personne. " Le plus jeune de la classe ", se souvient Mickaël Soler, " a le choix entre martyr ou mascotte ". Martyr : le souffre-douleur des autres. Ou mascotte : celui qui fait rire tout le monde. Lui choisit mascotte. Bien sûr ce n'est pas bon pour le carnet de notes. Mais ça va encore jusqu'au lycée. Il entre en seconde à 14 ans. Il y restera trois ans. Deux années de BEP technique et une de BEP professionnel : tourneur-fraiseur. Toute la mystérieuse poésie de l'orientation professionnelle en milieu scolaire. Cela devait finir par une séparation " Ils ne voulaient plus de moi, je ne voulais plus d'eux ". Mickaël quitte l'école à 17 ans sans aucun diplôme.
De 7 à 20 ans, il ne dit pas grand chose. Ce sont les années galère. Il vit plus ou moins de petits boulots, déménageur, manard. Sur un chantier il porte des sacs de ciment. Dans une usine il fabrique des bonnets de soutiens-gorges. Il traîne surtout. Dans les rues de Lyon et de Villeurbanne, le soir, la nuit. Il croise des clochards, des voyous, des pédés, des manouches. Il se souvient de ce beau gosse flamboyant qui faisait la manche sur la passerelle du Palais de Justice. Comment il taillait les passants! Un jeune couple de bourges s'avance. Le garçon : " je n'ai pas d'argent ". Et le clochard céleste de se retourner vers la fille " faut pas rester avec un mec qui n'a pas de fric! ". Est-ce qu'il fait de mauvaises rencontres? Sûrement. Il n'en dit rien. Est-ce qu'il frôle le hors-jeu? Il dit simplement qu'à cette époque il se prend la vraie vie en pleine face. Brutalement.
A vingt ans, c'est la crise. Le sentiment d'un formidable gâchis en train de se faire. Il a plein de questions dans la tête. Peut-on trouver des réponses dans les livres? Il commence à lire un peu au hasard. Et chaque livre renvoie vers d'autres livres, des citations, des notes. Il apprend des passages entiers par coeur. Il faut structurer tout ça, il ouvre des bouquins d'histoire de la littérature. Il se construit une culture littéraire autodidacte autour de valeurs sûres : Baudelaire, Dostoiewski, Henri Miller, JR Selby, Marcel Proust....Plus de cinq cents livres en sept ans. Il note des phrases sur un carnet. Des phrases et puis de idées personnelles. Des idées qui deviennent des histoires. Des histoires qui se transforment en un premier scénario, celui d'un court métrage tourné en 2002. Il vient de décrocher une formation de monteur vidéo. L'imposteur sera diffusé sur Cité TV la même année. Il recevra le prix spécial du jury au Festival de Neuville.
Mais il en reste encore sous le coude. Michaël Soler s'est mis à écrire, écrire. Quatre heures par jour. Il s'est aperçu qu'écrire lui fait du bien. Il a l'idée de mettre tout ça sous forme de lettres, une longue correspondance écrite par un personnage qui s'appelle comme lui, mais enfermé quelque part dans un hôpital psychiatrique, son double maléfique. Tout est raconté dans Les sentiers d'la gloire Terminée en Août 2007, imprimée à compte d'auteur à cent exemplaires, vendue à prix coûtant, la première édition de ce livre déjà épuisée et un deuxième en préparation. Puis viens le site internet monté en novembre pour donner une vitrine à cet univers. Les Sentiers d'la gloire est en vente en ligne et en dépôt dans plusieurs librairies de la région lyonnaise. Sur internet, le buzz spontané autour de cet écrivain naissant est étonnant.
Maison de la Presse, Villeurbanne, Gratte-Ciel
Lirairie A Plus d'un Titre, quai Pêcherie, Lyon.
Librairie Joseph Gibert, rue de la Barre, Lyon
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