Switch Book, l'appli lyonnaise pour lire en VO

Pascal Leby, communicant lyonnais, vient de lancer une application pour iPhone et iPad, qui permet de lire un livre en anglais et de passer instantanément à la version française quand on bute sur un mot. Interview.

L'application  Switch Book.

© Switch Book
En glissant son doigt sur l'écran, on change de langue.

Comment est née l'idée de Switch Book ?

Je suis un passionné de littérature et j'avais un niveau correct en anglais durant mes études, il y a une trentaine d'années. En me confrontant à la lecture de livres en version originale, j'ai constaté que mon niveau avait baissé et j'étais frustré de passer à côté de 15 à 20 % du texte. Et si on doit lire en allant chercher en permanence dans un dictionnaire, on perd tout plaisir. L'idée d'une application qui permettrait de passer d'une langue à l'autre est venue de là.

Comment fonctionne-t-elle ?

Mon objectif était d'avoir le système le plus simple possible pour le lecteur, aussi simple qu'un livre papier : en glissant le doigt sur l'écran de son smartphone ou de sa tablette, vers la droite ou vers la gauche, on passe d'une version à l'autre, instantanément. Au même endroit du texte, sur la même ligne, dans le contexte de la page. Je ne voulais pas d'une fenêtre pop-up ou d'un gadget de la sorte.

Techniquement, cela a-t-il été compliqué à mettre en œuvre ?

Oui, l'instantanéité du basculement d'une langue à l'autre fut la partie la plus complexe. Imaginez : dans la première version de Switch Book, il fallait 2 minutes pour changer de langue ! Le développement nous a pris près d'un an.

Pourquoi ne proposez-vous que des œuvres tombées dans le domaine public ?

Pour des questions de droits d'auteur. Les règles ne sont pas les mêmes d'un pays à l'autre et nos livres sont disponibles partout. Travailler avec des œuvres du domaine public et des traductions libres de droit permet d'éviter des soucis juridiques et surtout de faire baisser les coûts et donc le prix de vente.

L'application Switch Book

© Switch Book
Le catalogue propose des oeuvres du domaine public.

À combien vendez-vous vos titres ?

Entre 7 et 9 euros en moyenne, parfois moins pour les nouvelles courtes, parfois un peu plus pour les œuvres plus longues. Mais nous privilégions pour l'instant les romans pas trop longs, pour ne pas dégoûter les lecteurs qui lisent en VO dans un objectif de progresser dans une langue.

Quelles langues proposez-vous ?

L'anglais, l'espagnol depuis peu. Et nous travaillons sur l'allemand et l'italien. Mais attention, nos livres à télécharger ne sont disponibles qu'en deux langues à la fois : français-anglais, français-espagnol… Car nous pensons qu'une version à trois langues par exemple n'intéresserait pas forcément les gens. Nous ciblons des étudiants, mais aussi des cadres qui se rendent bien compte que la maîtrise d'une ou deux langues étrangères est indispensable dans leur carrière.

Mais pourquoi proposez-vous une œuvre de Conan Doyle, un Sherlock Holmes, texte écrit originellement en anglais, dans une version français-espagnol ?

Pour nous, quand un roman est déjà prêt techniquement dans une version français-anglais, cela prend trois fois moins de temps de le proposer dans une nouvelle langue... C'est pour cela que notre premier titre en espagnol est une œuvre anglophone que nous avions déjà adapté à Switch Book. Mais pour notre premier titre en allemand, nous devrions choisir une œuvre germanophone.

Quel premier bilan tirez-vous deux mois après le lancement de l'application ?

Il est beaucoup trop tôt pour tirer un bilan, le nombre de téléchargements et de retours est encore trop faible. Nous apprenons au jour le jour, nous continuons à publier des livres, 16 jusqu'ici, nous espérons deux ou trois autres pour Noël. Nous sommes une toute petite start-up, sans subvention ni business angel. Nous sommes deux fondateurs, personne ne se paie… Ce choix nous a permis de développer la partie technique sereinement, nous affinons désormais notre communication et nos projets d'édition.

Quels sont vos objectifs ?

Améliorer notre visibilité d'abord. Sur les réseaux sociaux notamment, mais aussi en proposant une version en anglais de notre site web. Prendre un stand sur un salon du livre aussi, pourquoi pas. Ensuite, développer une version Android de l'application, qui n'est disponible aujourd'hui que pour terminaux Apple. In fine, une fois que l'application aura pris son envol, pourquoi ne pas aussi publier des œuvres originales ? Ce serait de toute façon plus facile que de publier des œuvres appartenant à d'autres éditeurs...

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