D'ici 2050, la cartographie mondiale du vin aura très probablement été complètement bouleversée par le changement climatique. Les cartes auront été redistribuées. La France sera particulièrement touchée.
« Quand on a commencé, on a cru que c'était de la science-fiction, et maintenant on est pratiquement certain que c'est un fait scientifique ».
Le fait scientifique c'est qu'en 2050, le Bordelais et la vallée du Rhône risquent de ne plus compter beaucoup de vignes. L'étude qui a récemment été publiée dans la prestigieuse revue Proceedings of the National of Sciences (PNAS) est la 1re analyse mondiale de l'impact du changement climatique sur la viniculture.
Pour dessiner cette nouvelle carte du vin, l'étude américaine se base sur 17 modèles climatiques globaux, et étudie neuf des principales régions viticoles de la planète*.
Lee Hannah, chercheur sur les questions de biologie liées au changement climatique de l'ONG Conservation International, et principal auteur de l'étude, explique que « le changement climatique va repousser les zones vinicoles potentielles partout dans le monde ». Les superficies dédiées à la vigne vont « décliner dans de nombreuses régions traditionnellement productrices de vin, comme dans le Bordelais et la vallée du Rhône et la Toscane, en Italie » tandis qu'elles « augmenteront dans les régions plus septentrionales, en Amérique et en Europe du Nord ».
Jusqu'à -68% de terres propices à la culture du vin en Europe
Ce qui est effarant, ce sont les chiffres. Selon l'étude en question, les surfaces de terres propices à la culture de la vigne diminueraient de 25% au Chili pour atteindre le record de 73%, en Australie. Et en Europe méditerranéenne, les terrains favorables à la production pourraient diminuer de 68% dans le pire des scénarii. Avec, pour la France, de profonds bouleversements dans la région de Bordeaux et le Sud-Ouest, en Provence, dans le Roussillon et le Languedoc, plus haut dans le Beaujolais. La Bourgogne, la vallée de la Loire, l'Alsace et la Champagne seraint plus épargnées (voir carte).
A contrario, l'Europe du Nord, la Nouvelle-Zélande et surtout l'Amérique du nord-ouest pourraient devenir d'importants bassins de production de vins.
Les chercheurs précisent qu'il existe des « stratégies d'adaptation disponibles » comme « l'investissement dans de nouvelles variétés » plus résistantes, une meilleure « gestion de l'eau ». Et Lee Hannah de briser les espoirs des, viticulteurs, précisant que d'ici 2050, de nombreuses régions seront tout simplement trop chaudes et trop sèches pour n'importe quel cépage. Et le scientifique de conclure que le sud de la France sera l'une des plus touchées, si ce n'est la plus touchées, allant jusqu'à estimer une perte de 80% de ses surfaces propices à la culture de la vigne.
* la Californie, l’ouest de l’Amérique du nord, le Chili, la partie européenne du bassin méditerranéen, l’Europe du nord, le royaume floral du Cap en Afrique du Sud, des régions d’Australie avec un climat méditerranéen, des régions d’Australie avec un climat non-méditerranéen et la Nouvelle-Zélande.
> Climate change, wine, and conservation, 19 février 2013. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America.