À Pâques, c’est chocolat à tous les étages

À moins de vivre dans une grotte, de ne pas aimer les enfants ou d’être phagophobe, vous n’échapperez pas à l’antédiluvienne chasse aux œufs de Pâques.

Vous l'aimez blanc, noir ou, en bon adepte du ni-ni, au lait. La texture doit être cassante, fondante, grasse ou, au contraire, sèche, pâteuse ou granuleuse. Vous cherchez un goût agressif, intense, cacaoté, lacté ou encore amer. Vous préférez le suisse, le belge, le français. Pour Pâques, vous n'allez pas être déçus ! Lapins (crétins), poules, petite friture mais aussi souris, chats, éléphants, girafes... vous devriez pouvoir trouver tout le bestiaire en ce (long) week-end de Pâques.

Sans être chauvin au point d'être agueusique, Lyon reste un gros hub national du chocolat.

Le chiffre qui tue
6,6
C’est, en kilos, la quantité de chocolat qu’on croque bon an mal an en France. Soit 66 tablettes (à raison de 5,5 par mois).

Lyon compte une cinquantaine de chocolatiers, dont 6 Meilleurs Ouvriers de France (MOF) pour la pâtisserie-chocolaterie et 1 pour la chocolaterie pure. En Rhône-Alpes, les pâtissiers-chocolatiers-glaciers produisent environ 750 tonnes de chocolat pour Pâques (11 % de la production française).

Bouillet, Pralus, Bel, Sève, Bonnat, Weiss, Voisin, Dufoux, Richart, Valrhona, Romaric Boilley... les chocolatiers lyonnais et rhônalpins sont légion. D'ailleurs, pour Valentine Tibère, auteure du guide 101 chocolats à découvrir (éd. Dunod), les très rares chocolatiers à travailler eux-mêmes leurs fèves (plus de goût, plus de terroirs) étaient installés en Rhône-Alpes.

Pourquoi mange-t-on du chocolat à Pâques ?

D'après l'excellent Guichet du savoir, dans de très nombreuses cultures, l'œuf est le symbole du printemps, représentant le renouveau de la vie. Source de l'origine du monde dans le Kalevala (texte sacré des anciens Finlandais), l'œuf se retrouve dans les principales croyances de nombreuses civilisations (égyptienne, perse, celte, chinoise, japonaise notamment). Et de citer le site Saveurs du monde :

“Objet de culte chez les Perses, on doit à Septime Sévère la transformation des œufs sous forme de cadeau. Ainsi, l'origine des œufs peints remonte aussi loin que du temps de la Rome antique. Septime Sévère, quoique empereur, ne dédaignait pas visiter sa basse-cour impériale et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'une poule pondit, tôt le matin, un œuf rouge le jour de la naissance de son fils. Une telle anomalie de la nature devint l'élément déclencheur d'une tradition.”

Le vent souffle sur les poulaillers

“Un grand courant religieux souffla dans les poulaillers à partir du IVe siècle et vint encourager cette coutume d'offrir des œufs le premier dimanche après la pleine lune suivant l'équinoxe du printemps – une façon moins spirituelle de fêter la résurrection du Christ dans toute la chrétienté. Pourquoi, direz-vous ? Tout simplement parce que l'Eglise interdisait la consommation des œufs durant les 40 jours de jeûne précédant l'avènement, mais les poules ne faisaient pas carême et continuaient à pondre. On se retrouvait donc, au matin de Pâques, avec une grande quantité d'œufs. Il fallait donc partager la surproduction et les donner. Un panier d'œufs frais, c'est gentil, mais colorés, peints de figurines, de devises, etc. les œufs devenaient “cadeaux” dans le vrai sens d'une belle présentation conçue pour faire plaisir.” (Saveurs du monde)

1830 et des poussières...

Au XVe siècle, se créa la coutume de conserver les œufs pondus pendant le carême, où l'on devait faire maigre, puis de les décorer avant d'aller les dissimuler dans les bosquets et les buissons. Au matin de Pâques, les enfants partaient joyeusement à leur recherche. Avec le temps, le jeûne du carême se fit moins strict et les œufs devinrent en chocolat, d'autant que la maîtrise du tempérage, vers 1830, permit d'utiliser des moules pour réaliser des figurines.

Pour briller en société
C’est à un ecclésiastique que Lyon doit sa tradition chocolatière : Alphonse de Richelieu, archevêque de Lyon et frère du cardinal. Le prélat lyonnais, pour qui le chocolat était “comme un moyen de modérer les vapeurs de sa rate et de lutter contre la colère et la mauvaise humeur”, l’introduit dans la région au milieu du XVIIe siècle, sous l’impulsion d’Anne d’Autriche, l’infante d’Espagne folle de chocolat qui devint l’épouse de Louis XIII.
La phrase de Pâques (mais pas que)
Aimez le chocolat à fond, sans complexe ni fausse honte car, rappelez-vous, “sans un grain de folie, il n’est point d’homme raisonnable” (François de La Rochefoucauld).

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