Le Champérard est sorti ce mercredi 10 octobre. Avant même sa sortie, le guide gastronomique, créé à Lyon en 1981, a créé le buzz en congédiant de grands noms tels que Guérard, Troisgros, Anton (par ailleurs jury de MasterChef) ou Blanc. Rien que ça. Histoires d'ego, rancœurs personnelles ou tout simplement assiettes décevantes ? Le Croix-Roussien Marc de Champérard revient sur la “polémique”. Et tout le monde en prend pour son grade. Qu'on se le dise, la Croix-Rousse demeure bel et bien rebelle...
Lyon Capitale : Joli coup de pub pour votre guide...
Marc de Champérard : (Il coupe.) Ça me fait doucement sourire. On me dit que j'ai fait un coup... Il n'y a qu'une seule page qui s'intitule “Ceux qui ne sont plus là” ! Certains m'ont demandé de ne plus y figurer, Bocuse n'y est plus depuis des années. À son âge, il a le droit au repos, le pauvre homme, on n'a plus besoin de lui taper dessus (rires). Ce qui s'est passé, c'est que la presse, au lieu de m'interroger, a balancé, et pour le coup ça a créé le buzz.
N'empêche, ce buzz a sacrément dû faire grimper vos ventes...
Le buzz n'a rien à voir. J'ai fait un premier tirage de 66.000 exemplaires. J'avais déjà tout vendu avant en précommande. Aujourd'hui, tout est vendu. Pour être honnête, il m'en reste en fait 1.500, qui constitueront mon stock. Mais mes superventes ne sont pas liées à ce buzz. Je peux le prouver par des factures. Mon guide se porte donc bien, merci ! Et si j'en crois les chiffres des autres guides, je suis aujourd'hui le numéro 1. Quant à un second tirage, j'y pense. Wait and see.
En moyenne, quels sont vos chiffres de vente ?
Entre 20.000 et 250.000... Je m'explique. Il y a une dizaine d'années, Peugeot m'a demandé de faire un guide Champérard-Peugeot. Ils en ont vendu 250.000. Mais, en moyenne, je tourne autour de 20.000 par an. C'est exactement comme un joueur de foot : parfois il marque, parfois il passe à côté de son match...
“Je considère normal et logique que les journalistes gastronomiques soient invités par les restaurateurs”
Georges Blanc ou Michel Troisgros rapportent que vous ne payez pas vos notes, c'est vrai ?
Ce sont des insanités ! Si c'était vraiment le cas, pourquoi ne me poursuivraient-ils pas pour délit de grivèlerie ? Quant à Blanc, pour un franc-maçon, ce n'est pas vraiment correct d'asséner ce genre de propos à un ancien grand maître du Grand Orient de France [Ndlr : Alain Bauer est directeur de la publication]. Je vous le dis : j'ai toujours demandé l'addition. Ma philosophie, c'est de refuser d'être invité chez les jeunes. Quant aux grands, s'ils veulent m'inviter, j'accepte.
D'ailleurs, je ne connais pas un seul journaliste sportif qui paie ses places pour voir un match à Gerland ou un critique de cinéma qui achète ses places pour faire une critique ! Les critiques culinaires sont dans cette situation, dans une certaine logique. D'une certaine façon, je considère normal et logique que les journalsites gastronomiques soient invités par les restaurateurs.
Pourquoi avoir retiré du guide tous ces grands noms de la cuisine française ?
C'est de la cuisine du passé dépassé. Et puis trouvez-vous normal que, sur une addition à 200 ou 300 euros, vous payiez 50 à 60% la porcelaine ? Moi, non. Regardez ceux qui pètent plus haut que leur cul : Le Bec et son ardoise de plusieurs millions d'euros ! Le luxe, c'est fini. Il ne faut pas confondre grands plats et luxe. Aujourd'hui, la tendance, je vous le dis, ce sont des restaurants à dimension humaine où ça ne vous coûte pas la peau des fesses. Si vous voulez faire des carottes, rien de plus simple : vous les faites cuire avec un peu de jus d'orange et de miettes de pain d'épice. C'est délicieux et ça ne coûte qu'un euro. Quand j'en ai mangé il y a trois-quatre ans au Bristol [hôtel 5 étoiles luxe dans le 8e arrondissement de Paris dont le restaurant, Épicure, est classé 3 étoiles au Michelin], c'était 40 euros ! Il faut arrêter avec ces conneries !