Rasmus Kofoed (au centre sur la photo), chef du restaurant Geranium 2, à Copenhague, a remporté mardi 8 juin le concours du Bocuse d’Or Europe. Le chef danois gagne donc son passeport pour la grande finale mondiale qui se déroulera à Lyon-Eurexpo, les 25 et 26 janvier prochains.
Dans des boxes cuisine de 18 m², installés face au public, vingt chefs ont développé tout leur savoir‐faire pour sublimer les deux produits officiels du Bocuse d’Or Europe 2010 et réaliser en 5h35 un plat à base de Veau de Suisse et d’un autre à base de Sterling Flétan Blanc. Le Danois a cuisiné un flétan demi-sel au beurre noisette, morilles et fleurs de ciboules et un rôti de veau au jambon de Skagen, greffillons soufflés, airelles et pain noir, servi avec des ris de veau croustillants, asperges blanches, ail des ours et raifort.
Aussi inédit que ce soit, c’est la troisième fois d’affilée que Rasmus Kofoed participera au Bocuse d’Or. En 2005, il était déjà monté à la 3e place du podium et, deux ans plus tard, il raflait l’argent derrière le français Fabrice Desvignes, dans un contexte plutôt tendu - suspiscons de triche du Français, portées par le candidat allemand et danois (lire ci-dessous).
Le Norvégien Gunnar Hvarnes a pris la 2e place tandis que le Français Jérôme Jaegle, lyonnais de surcroît car chef au restaurant Christian Têtedoie, est monté sur la troisième place du podium.
Les trois ont gagné leur passeport pour la grande finale lyonnaise du Bocuse d'Or, où les rejoindront l'Allemagne, l'Espagne, la Finlande, l'Islande, les Pays Bas, la Pologne, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse pour l'Europe, le Guatemala, Uruguay et Argentine pour l'Amérique du Sud, la Malaisie, Chine, Japon et l'Indonésie pour l'Asie et enfin les Etats-Unis, Australie et le Canada pour l'Amérique du Nord. Deux wild card seront également offertes à deux autres pays.
A propos de la suspiscion de la France au Bocuse d'Or 2007
Article paru dans Lyon Capitale, semaine du 13 février 2007
Enquête. Suite à l'article de Lyon Capitale sur une possible tricherie des Français au Bocuse d'Or, l'équipe danoise a envoyé une lettre salée ouverte aux 24 pays participants.
"Dans le but d'éliminer tout doute et de restaurer la pleine crédibilité du Bocuse d'Or, nous suggérons que Fabrice Desvignes (ndlr : le candidat français et gagnant du Bocuse d'Or) recommence à cuisiner ses deux plats (...). La préparation doit être filmée par des caméras et suivie par des membres du jury international. Si il ne le fait pas volontairement, le Comité international d'organisation doit lui demander. Les conséquences de ne rien faire pourraient être assez dévastatrices pour le Bocuse d'Or (...)".
Le mail est signé Karsten Kroman, vice-président de l'équipe danoise du Bocuse d'Or. Il a été envoyé, lundi 12 février, à la rédaction de Lyon Capitale, en réponse à un article publié dans nos colonnes et intitulé "Suspicions au Bocuse d'Or"(lire l'intégralité de la lettre en anglais ). L'article en question faisait état des doutes du cuisinier allemand (11e du concours) sur la prestation culinaire du candidat français, "impossible à réaliser seul, à moins d'être magicien". L'Allemand révélait que pendant le concours, deux caisses fermées avaient été livrées dans la cuisine tricolore.
Deux Danois chassés par un ancien Bocuse d'Or
Les Danois, 2e du classement 2007 à seulement 27 points de la France, avaient fait profil bas jusqu'à maintenant "pour ne pas être accusés d'être de mauvais perdants". Ils ont donc dégainé leurs colts. La guerre des fourchettes est déclarée.
L'argumentation est identique à celle des Allemands : deux caisses ont bel et bien atterri dans la cuisine des Français. Non pas "deux minutes avant" le début des épreuves, comme les organisateurs nous l'avaient alors certifiés, mais "entre 10h45 et 11h", soit 1h35 à 1h50 après le début des épreuves. Le vice-président danois renforce son réquisitoire en précisant : "lorsque deux assistants de l'équipe danoise s'approchèrent des caisses, ils furent chassés par l'ancien Bocuse d'Or François Adamski". Et d'ajouter que "le Comité international d'organisation néglige l'honnêteté de nos plaintes et répond comme si (le Bocuse d'Or) était juste un jeu de famille pour 3 ans et plus !" .
Les grands chefs méfiants
D'après les Danois, "le Français était très nerveux", laissant à penser que c'était moins la conséquence du stress de l'épreuve mais plutôt de la présence des deux caisses litigieuses. On apprend aussi qu'"un certain nombre de chefs de haute volée ont exprimé leurs sérieux doutes quant à la possibilité de réaliser autant de petites préparations culinaires nécessitant autant de temps en seulement 5 heures". Des accusations compromettantes auxquelles devront répondre les organisateurs du plus grand concours de cuisine de la planète.