Davy Tissot, représentant de la France au Bocuse d'Or Europe, a accordé à Lyon Capitale un entretien d' "avant match"qui se tient vendredi 16 octobre, à Tallinn, Estonie.
Vendredi 16 octobre, à Tallinn, en Estonie, Davy Tissot, Meilleur ouvrier de France, chef étoilé au restaurant Saisons, à Écully, et ses deux commis (Arthur, avec qui il travaille depuis des mois et 1 d'office, Estonien) auront 5 heures 35 pour réaliser deux recettes : un plateau autour de la caille estonienne et une assiette sur la thématique du poisson-chat, dont les Tallinnois sont particulièrement friands. Le tout pour un jury de 14 personnes. 20 candidats, 2 épreuves et 10 places pour la grande finale internationale de Lyon en janvier 2021.
À quelques heures du passage de l'équipe de France, demain matin, aux deux épreuves du Bocuse d'Or Europe, comment vous sentez-vous ?
Pour l'instant, encore bien. Aujourd'hui, avec l'équipe, on était sur le concours pour regarder, observer, les candidats, prendre des photos de leurs plats. La pression va monter progressivement. Je vais peut-être un peu tourner en rond dans mon lit ce soir, mais je pense arriver à bien dormir. Je suis bien dans ma tête. On a fait 300% du travail avant. On est prêt. Après, le jour de l'épreuve, il y a toujours un facteur chance, il faut que ça plaise. Arthur, mon commis, est heureux d'être là, il est motivé et a une belle envie. Je ne dis pas qu'on est serein, mais on n'a pas trop la boule au ventre... pour le moment. Ça ne veut pas dire qu'on n'a pas les dents longues !
Vous êtes le premier candidat Meilleur ouvrier de France de l'histoire du Bocuse d'Or. Ressentez-vous une pression particulière ?
Sincèrement, non. Je respecte beaucoup les quinze autres candidats, ils me respectent aussi. Je n’étalerai pas mon titre de Meilleur ouvrier de France. Le col sera rangé au placard pour ce concours. Pour moi, le Bocuse d'Or est un autre concours.
"On est là pour gagner"
Quel est votre objectif sur ce Bocuse d'Or Europe ?
On est là pour gagner, je ne vais pas dire le contraire. Le premier objectif sera de décrocher un billet pour la grande finale mondiale à Lyon, en juin prochain. Le deuxième premier objectif sera de monter sur le podium. Et le troisième premier objectif sera l'or.
Quelle sensation ressent-on de représenter la France à un tel concours ?
C'est magique. Je pense toujours à Monsieur Paul (Bocuse, NdlR) que je remercierai jamais assez. C'est lui qui m'a donné la passion de mon métier. En France, il y a des attentes sur le Bocuse d'Or. La France a besoin de revenir sur le podium (elle n'y est plus arrivée depuis le bronze Europe de Jérôme Jaegle en 2010 et l'or Monde de Thibaut Ruggeri en 2013, NdlR). Ne serait-ce que pour redonner l'envie aux jeunes d'y aller, de faire briller leurs yeux. On est, aujourd'hui, sur un virage avec la Team France. Il faut montrer qu'on est là, qu'on veut gagner. J'ai cette lourde mission.
Quels sont les candidats les plus coriaces ?
Ceux des pays scandinaves ! Ce sont des compétiteurs dans l'âme. Ils veulent absolument gagner. Il faut dire qu'ils ont des structures plus abouties qu'en France. Ils ont des équipes junior, ils emmènent donc des jeunes avec eux. C'est ce que la France devra faire à l'avenir.
"C'est dans le plaisir qu'on est le meilleur."
Quelles sont les difficultés du poisson-chat et de la caille d'Estonie que vous devrez cuisiner ?
Pour le poisson-chat, je n'en avais jamais travaillé. C'est délicat. Chez nous, on ne peut pas dire que c'est très glamour. Il faut donc arriver à le “rendre plus sexy” et essayer de le sortir de son univers. Quant à la caille, on connaît plus, même si elle est un peu différente de chez nous : son alimentation est différente, les œufs sont plus gros, etc. On a reçu pas mal de beaux produits à l'entraînement.
Ce soir, un un potage et au lit ?
C'est presque ça (rires). On va vérifier une fois de plus nos pesées (chaque équipe apporte les produits spécifiques de sa recette, seuls les produits principaux sont fournis, les produits préparés sont strictement interdits, NdlR). On va re-checker pour pouvoir dormir sereinement. Et attaquer l'épreuve, demain matin, en se faisant le plus plaisir possible. Car c'est dans le plaisir qu'on est le meilleur.
Qu'est-ce qui fait la différence entre un podium et une autre place ?
Je ne sais pas. J'espère pouvoir vous le dire demain soir (rires).
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