Ouvert en 1867, le Jura est assurément l'un des plus anciens établissements de bouche de Lyon.
Très probablement ouvert par un Jurassien à la fin du XIXe siècle, entre l'invention du bateau-mouche et celle du cinématographe, Le Jura s'est rapidement imposé comme l'un des piliers du gras double et du sabodet. « Y'a plus de pain ! ». Quand la tête d'un client ne lui revenait pas ou quand il n'avait tout bonnement plus envie de servir à manger, le patron ne s'en faisait pas une miette : il indiquait la porte. Petit et sec, grosses lunettes cerclées en or, sempiternel tablier bleu autour de la taille, « Gaby » Neveu allait, sans le savoir, contribuer à perpétuer l'archétype du patron de bouchon lyonnais. Caractériel, atrabilaire, parfois même tyrannique, grincheux quand on le complimentait, mais au fond, doux comme un agneau.Casse-vin et morceau de lard
De la grande histoire du Jura, on ne sait peu de choses avant 1934, date à laquelle la famille Neveu acquit le bistro. Si les archives remontent à 1867, on apprend juste que l'enseigne s'appelait Café du Jura ; un nom plutôt singulier à Lyon qui doit probablement son origine au fait qu'un Jurassien tenait l'endroit. Le Café du Jura était alors un porte-pot, une boutique où l'on vendait du vin au détail. On y débitait en quantités bénédictines des côtes du ventoux, du mâcon blanc et du beaujolais. Le temps qu'on leur remplisse leurs pots à la cave (et ça pouvait traîner), les clients buvaient un canon au bar (souvent au pluriel), accompagné d'un « casse-vin », à savoir quelques grattons ou un morceau de lard. Témoins de ce vineux passé, le tonneau posté devant la porte d'entrée et l'inscription, au-dessus du rouge auvent, « Chez Gabriel, marchand de vins » (que l'adjoint à la culture Patrice Béghain réussit à faire conserver malgré l'avis négatif des Monuments historiques).Il vous reste 68 % de l'article à lire.
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