L'architecte Alexandre Chemetoff l'a imaginée recouverte de granit, selon un principe horizontal et une progression de sept lignes parallèles de plantations d'érables et de buis. Un petit coin de verdure dans un océan de béton. Les Lyonnais la parcourent pour flâner, s'y arrêtent pour admirer l'imposante Chambre de commerce ou goûter les joies du gazouillis d'oiseaux qui squattent les vingt-six verts érables.
Depuis la mi-mai, le mythique Cintra, aujourd'hui très bien repris par Jean-Michel Muller, s'est installé sur la place de la Bourse : une quinzaine de tables drapées d'un blanc immaculé, chaises en bois et tissus rouges, fleurs des champs... et cuisine des villes ? Pas uniquement.
Son fils Julien, jeune chef de 26 ans formé chez Veyrat, Daniel Judéo du (feu) Fédora et au Sofitel, balance soigneusement entre un risotto aux asperges, à la truffe, aux champignons noirs, une noisette d'agneau pommes boulangères et un poulpe en salade, huile de sésame grillé, des coquilles Saint-Jacques au champagne et un gaspacho aux 3 melons. Pour l'été, le Cintra propose une formule spéciale à 13,9 euros, plutôt bien vue : une abondante assiette de salade, de fruits, de légumes, de poissons, de viandes et de fromages. Et parce qu'au Cintra, on est sur "le registre du plaisir plutôt que du business" (n'en déplaise à la CCI adjacente), les élèves du Conservatoire national supérieur de musique et de danse pourraient bientôt, eux aussi, s'installer sur la place pour égayer nos dîners et déjeuners.
43, rue de la Bourse. 2e. 04 78 42 54 08.
Formule d'été à 13,9 euros.
La table d'Edouard Herriot
A l'origine, Le Cintra était une épicerie fine où se retrouvaient, après la première guerre mondiale, les amateurs de portos de la vallée du Douro et les produits de la région de Cintra. Edouard Herriot y avait ses habitudes et y rencontrait les notables de la Presqu'Ile. Les poètes, les artistes, les banquiers venaient aussi goûter ces vins sucrés d'ailleurs. L'établissement a ensuite été repris par la mystérieuse Evelyne Charpiot, oiseau de nuit à la poigne de fer, qui a su attirer aussi bien le milieu de la nuit que les notables lyonnais. Depuis 2004, Jean-Michel Muller, ex-directeur des ressources humaines d'une filiale du groupe Accor, a repris sur un "coup de foudre" les rennes du Cintra, accompagné de son fils en cuisine.