En ouvrant une deuxième adresse à Saint-Jean, Daniel & Denise vient redorer l'image des bouchons du quartier UNESCO de Lyon.
Jeudi 30 août 2012, déjeuner. Coup du hasard, notre table se trouvait juste à côté de celle de Christian Têtedoie qui, avec trois autres associés, vient juste de racheter la Rue Le Bec pour en faire un restaurant-cabaret dont il sera le consultant culinaire. "Excusez-moi d'être parti si vite du tribunal la dernière fois, j'étais un peu embarrassé par le prix dérisoire que nous avons proposé. Nous ne pensions pas l'emporter". Avec 42 salariés dans la hotte, le tribunal a validé l'offre.
De son côté, Joseph Viola a mis trois fois et demi plus de sous pour rénover l'ancienne Mâchonnerie de la rue Tramassac.
Si les occultistes de Lyon se réunissaient, milieu des années 50, dans l'auberge d'un certain Picquery, on vient aujourd'hui chez Daniel & Denise bis pour se sustenter de cochonailles. Aucune diablerie donc. La seule sorcellerie servie ici relève de la quenelle lyonnaise au brochet sauce nantua, du gras double sauté à la Lyonnaise, du tablier de sapeur sauce tartare, de la côte de cochon poêlée à l'estragon ou encore du gâteau de foies de volaille à l'ancienne coulis de tomate financière.
Ce 30 août, nous avons pris le fameux pâté en croûte, élu champion du monde de la catégorie en 2009 : ris de veau, gorge de porc, quasi de veau, foie de volaille et foie gras et quelques pincées de champignons de différents chapeaux et d'herbes. Remarquable.
S'en est suivie une mitonnée de Canut en cocotte dans laquelle ont longuement cuits joue de porc, couenne, lard épais et saucisson lyonnais - un plat hautement canaille, lyonnais pur jus et donc déconseillé aux estomacs précaires - quand mon invitée optait – notable trait d'esprit - pour l'andouillette en trois cuissons (grillée, panée façon cromesqui et en gratin).
Le tout était accompagné des fameux "légumes" lyonnais – un bon plat de macaronis crawlant dans de la crème, et sa version au beurre, lamelles de pommes de terre dorées au beurre façon grosses chips.
Un coup de (très joli) beaujolais-villages – dont nous ne pouvons donner le nom faute d'avoir demandé le domaine – et, en guise de "coup du curé" le baba maison ivre au rhum.
Il y aura les puristes qui dédaigneront les lieux, jugeant que seules les plus petites adresses, aux saladiers qui se passent de tables en tables et aux patrons bourrus et gueulards.
Daniel & Denise, ce n'est ni Le Petit Bouchon chez Georges, ni La Meunière, ni Le Jura ni Chez Paul (et il y en a encore). C'est un peu la Rolls de la cochonaille conduite par un Meilleur ouvrier de France. Une cuisine de bouchon revisitée par un ancien double étoilé. Et c'est très bon.
En s'installant à Saint-Jean, Joseph Viola donne un coup d'air culinaire au quartier classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Car le spot touristique lyonnais laisse trop souvent un goût amer aux globe-trotter qui rentrent le cœur au bord des lèvres, après s'être fièrement arrêtés devant une échoppe estampillée bouchon mais qui n'avait de bouchon que le nom.
NB : après Daniel & Denise rue de Créqui, dans le 6e, à proximité du Nouveau Palais de Justice, Daniel & Denise Saint-Jean s'installe à deux pas du Palais des 24 Colonnes...
32, rue Tramassac – Lyon 5e
04 78 42 24 62
http://www.danieletdenise-stjean.com
Fermé dimanche et lundi
Menus à 19, 27 et 32 euros.
La fillette de beaujolais : 5,50 euros