Des assiettes raffinées, des tasses coquettes, de la porcelaine fine et des décorations à l’aspect brut. Dans son petit atelier du val de Saône, Hortense Montarnal joue avec les formes et les aspects, et séduit les particuliers comme les chefs étoilés.
Dans un tout petit atelier de Rochetaillée-sur-Saône baigné de lumière face aux monts d’Or, Hortense Montarnal tente de se frayer un chemin au milieu de sa production. Les étagères débordent de vaisselle cuite, en attente d’émaillage, et des résultats d’essais plus ou moins fructueux. “À chaque production, je tente de nouvelles recettes, pour atteindre le rendu que je veux. Parfois ça marche, parfois non, et je ne suis pas toujours capable d’expliquer pourquoi. Je suis très exigeante”, confie la céramiste en empilant des assiettes. Si Hortense Montarnal a commencé par de la décoration tendance, blanche sertie de points dorés, elle préfère désormais se consacrer à ce qui lui plaît davantage. “C’est un pari un peu risqué, reconnaît-elle, parce qu’il peut toujours y avoir un écart entre ce qui marche, ce qui se vend bien, et ce qui nous anime en tant que créateur.” Elle est seule depuis ses débuts, en 2013, à gérer toutes les étapes de la production et sélectionne ses matières premières chez des fournisseurs lyonnais.
Deuxième vie
Aujourd’hui, la céramiste se consacre à l’art de la table, des créations délicates à l’aspect brut et naturel. Elle émaille sa vaisselle à l’aide de pigments pastel, roses, bleus, verts ou encore lin, un rendu subtil, qui laisse apparaître les sillons creusés par le tour de poterie, comme une envie de faire la part belle à l’artisanat. Plus récemment, elle s’est lancée dans une gamme florale, où les empreintes d’herbes sauvages habillent les assiettes aux bords légèrement remontants. “Ces assiettes-là ne sont volontairement pas émaillées, pour préserver l’aspect naturel de la terre. Mais elles ne sont pas poreuses, donc, comme les autres, elles ne se tachent pas et passent au lave-vaisselle.”
Hortense Montarnal virevolte dans son atelier pour nous montrer ses dernières productions. Elle rit aux éclats en commentant son travail, et se mord la lèvre aussitôt. Difficile encore pour la céramiste d’avoir pleinement confiance en elle. Sa présente activité est une renaissance après une première vie professionnelle soldée dans un burn-out – “J’ai vécu plusieurs années à Paris, où j’étais dans les ressources humaines. Je suis partie parce que je ne me sentais pas à ma place.” Avec son mari, ils regagnent alors la région lyonnaise et s’installent à Rochetaillée. “Ce n’est pas facile de faire le deuil de sa carrière. Mais, quand on est au fond du trou, il faut bien remonter.” Ses premiers cours de poterie font plus office de passe-temps qu’autre chose. Puis elle se prend au jeu, et découvre qu’elle est douée de ses mains. “Ça a été comme un déclic, et assez rapidement j’ai voulu me perfectionner.” En 2013, elle intègre une formation à Lyon, qu’elle doit financer elle-même. “Je n’ai pas du tout été accompagnée par des structures spécialisées, qui ne croyaient pas en mon projet. Quand on se paye tout tout seul, il faut forcément que ça marche.”
Il faut croire qu’Hortense a bien fait de se bousculer. Cinq ans plus tard, sa vaisselle est disposée sur les tables de grands chefs : Pierre Sang, mais aussi Gaëtan Gentil pour son restaurant Prairial font partie de ses clients. “Aujourd’hui, c’est vraiment mon objectif : travailler avec les restaurants bistronomiques ou étoilés.” Elle a obtenu plusieurs rendez-vous avec quelques grands noms de la gastronomie, pour l’instant tenus secrets, et espère pouvoir trouver chez les restaurateurs une clientèle régulière qui lui permettra de s’installer dans un atelier plus grand. “Ici, c’est clairement trop petit, il me faudrait aussi plus de fours. Seulement, les loyers sont chers, et il faut compter les frais d’électricité, qui sont conséquents.” Un entre-deux pas toujours agréable, pour Hortense Montarnal, qui ne manque pas d’insister sur la difficulté de son nouveau métier. Mais, même si elle est parfois rongée par le doute, elle a conscience de la qualité de son travail : authentique. Aux gammes cohérentes et intemporelles, les productions de la jeune céramiste ont un charme indéniable et bucolique. Elles se fondent dans tous les intérieurs, et résistent au temps qui passe. Attention, ça sort du four !
CARTE D’IDENTITÉ DE LA MARQUE