L'application I-boycott, un Yuka anti-lobbies, lancée à Lyon

Deux ans après le lancement du site I-boycott, Levent et Bulent Acar, les deux frères lyonnais à l'origine du projet, lancent une application de traçabilité des produits alimentaires, sur le modèle du célèbre Yuka. En scannant les produits en magasin, les consommateurs seront informés de l'impact environnemental des produits achetés, et des sociétés qui les produisent. Et pourront ainsi éviter les marques engluées dans des scandales écologiques, sanitaires ou sociétaux.

Prendre en compte l'impact environnemental et sociétal des produits du quotidien. Le site I-boycott invite depuis deux ans les consommateurs à devenir acteurs, voire lanceurs d'alerte, en pointant les marques aux pratiques critiquables. Le principe anglo-saxon du "name and shame" pourrait ainsi fonctionner en France, puisque certaines marques engagent le dialogue et modifient leur comportement à la demande des consommateurs. "Depuis la campagne de I-boycott sur la marque Petit navire, ils ont engagé un audit avec Greenpeace sur les méthodes de pêche", pose Levent Acar.

Avec le lancement de son application baptisée "Buy or Not" (acheter ou pas, en français), le 22 septembre prochain, I-boycott veut passer un cap. "Avec l'application on pourra vérifier en scannant un produit que l'entreprise qui le commercialise n'est pas concernée par un scandale, ni touchée par une campagne de boycott", explique Levent Acar à Lyon Capitale. L'application présentera aussi l'arborescence des filiales des multinationales dont sont issus les produits dans les rayonnages. "On saura en scannant une bouteille de jus de fruit Innocent que derrière c'est Coca-Cola (devenu actionnaire majoritaire depuis 2010, NdlR)", précise le co-fondateur du site. Le but étant de peser sur le choix du consommateur au moment de l'acte d'achat, pour "s'affranchir du marketing, face au greenwashing des marques", explique Levent. Et de citer l'exemple d'Intermerché, actionnaire de la "ferme des 1000 veaux" qui fait des publicités contre les oeufs en batterie. "La discussion a été lancée, au bout de 530 jours sans réponse de leur part. Cela prouve que l'on est plus juste dans le buzz", pour Levent Acar.

"Court-circuiter les lobbies"

Une sorte de Yuka, du nom de cette application au succès phénoménal (plus de 5 millions de téléchargements), qui propose de scanner les produits alimentaires pour en découvrir la composition,  mais contre les lobbies donc. Comme Yuka, l'application I-boycott utilisera la base de données libre Open food facts, qui revendique quelque 600.000 produits référencés. "Nous allons travailler en collaboration avec Open food facts et intégrer sur notre application le Nutriscore et le code Nova", précise Levent Acar. Cette classification Nova est un indicateur qui permet de connaître le degré de transformation d'un produit afin de distinguer les plus industriels des plus naturels. L'application va aussi intégrer dans le résultat des scans les additifs présents dans les produits, en se basant sur le best-seller de la nutritionniste Corinne Goujet (Additifs alimentaires danger !, Chariot D'or éditions, 2006).

"Nous ferons remonter le nombre de scan aux marques pour leur montrer l'impact, ajoute Levent Acar. C'est un argument fort pour les interpeller. On peut court-circuiter les lobbies malgré leur influence sur les décision politiques. Le but est toujours de créer un contre-pouvoir citoyen, via un outil supplémentaire de participation de masse. Les utilisateurs de I-boycott sont invités à devenir des "gardiens d'éthique" et à envoyer des courriers, numériques ou papiers, aux marques qu'ils souhaitent interpeller pour lancer la discussions, "avec bienveillance", insiste Levent.

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