La vente new-yorkaise de la cave du restaurant catalan elBulli a rapporté 913 605 dollars. Un mois avant, une vente à Hong Kong dépassait 1,4 million de dollars.
Un peu moins de 700 000 euros. Ce sont les bénéfices de la deuxième vente de la cave d'elBulli, le restaurant (aujourd'hui fermé) du chef catalan Ferran Adrià.
La vente, organisée par la maison Sotheby's, s'est déroulée vendredi 26 avril, à New York. De premières enchères avaient eu lieu le 3 avril dernier à Hong Kong, la place mondiale centrale pour le marché des grands vins. Elles avaient rapporté 1,4 million de dollars.
Collectionneurs asiatiques
Les enchères new-yorkaises ont été marquées par l'attrait des acheteurs asiatiques, qui ont acquis les lots les plus recherchés.
Il s'agit de 4 bouteilles de romanée-conti 2004 vendues 52 062 $ (domaine de La Romanée-Conti), de 3 bouteilles de montrachet 1990 (domaine de la Romanée-Conti) pour 12 250 $, de 3 bouteilles de montrachet 1998 (domaine de la Romanée-Conti) pour 9 187 $, de 6 bouteilles de richebourg 2004 (domaine de la Romanée-Conti) pour 7 962 $ et d'un magnum de montrachet 2004 (domaine de la Romanée-Conti) pour 7 350 $.
Un trader américain a également déboursé 9 187 $ pour 12 bouteilles de château latour 2005, tandis que deux acheteurs privés d'Amérique latine s'offraient quatre magnums de vega-sicilia “unico” 1991 pour 13 475 $ et 6 bouteilles de pingus 1995 pour 10 412 $.
Romanée-Conti, le mythe
En novembre dernier, dans un dossier consacré aux grands vins, Angélique de Lencquesaing, d'iDealwine, expliquait à Lyon Capitale que “les signatures phares de Bourgogne (Romanée-Conti, Roumier, Jayer, Armand Rousseau et, au-delà, l'ensemble des grands crus bourguignons) sont en passe de devenir le must de ce que les amateurs chinois recherchent dans les ventes aux enchères de vin”.
Le romanée-conti, par exemple, est très apprécié des hauts dignitaires chinois, qui se sont détournés du Lafite-Rothschild.
Romanée-conti, c'est le mythe absolu. Jamais un vin n'a suscité autant de fantasmes et de passions. Un seul domaine, celui de la Romanée-Conti, cultive cette parcelle unique (1,63 hectare, c'est un grand cru de Vosne-Romanée, en côte de Nuits). Depuis le début du XIIIe siècle, le vignoble n'a connu que neuf propriétaires, dont le prince Louis-François de Bourbon, prince de Conti, cousin germain de Louis XV et commandant en chef de l'armée d'Italie, qui, en 1760, lui légua son nom.
Le domaine de la Romanée-Conti produit moins de 6 000 bouteilles par an.
"Les dieux auraient-ils laissé en souvenir dans ce carré de terre la trace fascinante d'une perfection intemporelle ?" eût dit Richard Olney, un œnologue anglais, auteur de l'ouvrage Romanée-Conti).
Les bourgognes dominent le marché
Et La Revue du vin de France d'ajouter : "il y a belle lurette que les Ausone, les Latour à Pomerol, les Petrus et surtout la cohorte des grands bourgognes (...) ne sont plus achetés ni bus en France, hormis par les richissimes étrangers sur les tables des palaces parisiens, de la Côte d'Azur et dans les stations bling-bling des Alpes."
Après les grands crus classés de bordeaux, jugés trop spéculatifs, ce sont les bourgognes qui dominent le marché. La vente des 8 807 bouteilles de la cave du restaurant elBulli en est une preuve supplémentaire.
À tel point que les collectionneurs de Hong Kong ont d'ores et déjà accumulé plus d'un million de caisses de grands crus de Bourgogne. Soit un quart du marché mondial.
Au total, les deux ventes aux enchères de la cave d'elBulli, dont les bénéfices seront reversés à la fondation elBulli, qui devrait ouvrir prochainement, ont rapporté plus de 2,3 millions de dollars.