Où la riposte culinaire soutenue par le ministère des Affaires étrangères français à "l'affront" du palmarès britannique The World's 50 Best Restaurants.
Oups. C'est une information qui nous est totalement passée sous le nez. Pourtant, les organisateurs en ont fait tout un foin. Un événement porté à bout de bras par le ministère des Affaires étrangères. Entendez comment la nourriture est (décidément) une affaire d'Etat.
Tout a commencé en 2011 lorsque Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères (devenu quelques années plus tard le chantre de la "gastrono-diplomatie", notamment à Lyon) avait proposé à Philippe Faure, ambassadeur de France au Japon, de voir ce qui pouvait être fait en matière de tourisme pour développer la marque "France". Un tour de table assez copieux des cuisines françaises révélait alors au diplomate le sentiment de ringardise des grands chefs tricolores au niveau mondial. Le bouc émissaire : le classement britannique 50 Best (lire entretien d'André Petrini, chairman France). Entre temps, le diplomate est nommé directeur d'Atout France, agence de développement touristique en France (un GIE, dont l'assemblée générale est présidée par le secrétaire d'État au tourisme).
La Liste est lancée en 2015, en grandes pompes, sous les ors du Quai d'Orsay. Sur son site, le ministère des Affaires étrangères vante la "grille de lecture objective (et) transparente" du palmarès, prenant bien soin de préciser qu'elle ne bénéficie d'aucun argent public afin d'en garantir l'indépendance. Deux ans plus tard, le chef de l'État en personne mettre son grain de sel : "La Liste permet de rendre visible pour tout le monde un travail extrêmement savant (…). Un classement profondément objectif qui permet d'établir la référence des références et d'avoir le meilleur du meilleur et le fin du fin."
L'ATP de la bouffe
Le travail extrêmement savant ? Un algorithme appelé Ciacco – clin d'oeil à l'un des personnages glouton de Dante dans la Divine Comédie – qui intègre les données pondérées de plus de 600 guides gastronomiques internationaux (Michelin, Gault Millau, Zagat...), des jugements de critiques reconnus (Jörg Zipprick, journaliste culinaire franco-allemand, Jean-Robert Pitte, président de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires, Philip Sweeney, critique culinaire anglais...) et des notes décernées par les principaux sites d’avis en ligne (TripAdvisor, OpenTable...). Soit plus de 350 000 notes agrégées. Ce qui fera dire Emmanuel Macron qu'il s'agit d'un "classement profondément objectif qui permet d'établir la référence des références et d'avoir le fin du fin". L'ATP de la bouffe, en quelque sorte, où les joueurs engrangent plus de points dans le Michelin, équivalent en tennis d'un Roland Garros, que dans dans le Champérard, comparable à l'Open Parc de Lyon.
"Remettre l'église au centre du village"
Et Philippe Faure, tout juste lauréat du Grand Prix de l'Académie internationale de gastronomie – qui regroupe les académies gastronomiques nationales de 25 pays sur quatre continents – pour sa contribution à la diffusion de la culture gastronomique à l’échelle internationale, de déclarer, dans GQ Magazine cité par The Daily Telegraph, "les Anglo-Saxons nous montrent qu'ils nous volent volontairement nos lauriers . Nous allons les combattre pour leur montrer que nous ne sommes pas juste une bande de vieillards." Le quotidien anglais résume bien le propos de ce méta-classement : "La Liste se veut une réponse au 50 Best qui menaçait de saper l'hégémonie de la cuisine française". Bref, rien de moins que de "remettre l'église au centre du village", selon les zélateurs de La Liste.
Lundi 2 décembre, sous la présidence de Jean-Yves le Drian, ministre des Affaires étrangères, accompagné de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État à l'Europe et aux Affaires étrangères, ils étaient 300 invités, dont 100 chef (parmi lesquels 70 étrangers), à festoyer sous les ors du Quai d'Orsay. Et ça marche, les grands journaux du monde entier (Der Spiegel, Time, Forbes, China Daily, New York Times, The Independant...) s'en faisant l'écho.
Les meilleures tables du monde de la région Auvergne-Rhône-Alpes
27 tables régionales font partie des 1 000 tables d'exception distinguées . Soit 2,7% de l'ensemble. Parmi celles-ci, trois tables lyonnaises, et la Savoie et Haute-Savoie qui trustent le palmarès avec 14 restaurants.
Auvergne-Rhône-Alpes se révèle ainsi être le ventre culinaire du monde avec 54 fois plus de restaurants représentés que la moyenne des territoires. Ce chiffre monte même à 9 200 pour Lyon et ses trois maisons (calculs d'un journaliste de la rédaction).
Ain
Georges Blanc, Vonnas
Cantal
Serge Vieira, Chaudes-Aigues
Drôme
Maison Pic, Valence
Haute-Loire
Régis et Jacques Marcon, SaintBonnet-le-Froid
Haute-Savoie
Marc Veyrat, Manigod
Le Clos des Sens, Annecy-le-Vieux
Flocons de Sel, Megève
1920, Megève
Auberge du Père Bise, Talloires
Yoann Conte, Veyrier-du-Lac
Albert 1er, Chamonix
Isère
Les Terrasses du Grand Hôtel d'Uriage, Saint-Martin-d'Uriage
La Grande Table – Michel Chabran, Pont-de-l'Isère
Loire
Troisgros, Ouches
Puy-de-Dôme
Le Pré- Xavier Beaudiment, Durtol
Rhône
Bocuse, Collonges-au-Mont-d'Or
Mère Brazier, Lyon
Takao Takano, Lyon
Le Neuvième Art, Lyon
Guy Lassausaie, Chasselay
Savoie
1947, Courchevel
Le Kintessence, Courchevel
La Montgomérie, Courchevel
La Bouitte, Saint-Martin-de-Belleville
Le Chabichou par Stéphane Buron, Saint-Bon-Tarentaise
L'Atelier d'Edmond, Val d'Isère
Les Morainières, Jongieux
La liste complète des 1 000 meilleures tables du monde ici.
La Grande Table de Michel Chabran à Pont d'Isère est dans la Drôme, le long de la vallée du Rhône ...
Pont d'Isère n'est pas dans l'Isère malgré son nom^^