“Liberté, égalité, camembert !” Une cinquantaine de personnalités, dont de nombreux chefs étoilés, dénoncent dans une tribune publiée dans Libération un accord entre les fabricants de fromages ouvrant la voie à la pasteurisation du “camembert de Normandie” AOP. Nous republions à cette occasion notre enquête sur Lactalis, n° 1 mondial du fromage qui a fait main basse sur les AOP fromagères d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Lac-ta-lis. Trois syllabes dont la première claque et les deux dernières coulent, laissant derrière elles un écho sonore entre la poire et le fromage. Au cœur du scandale des lots de poudre de lait pour bébé contaminés à la salmonelle, le groupe lavallois – déjà marqué au fer rouge par la controverse (1) – est devenu en quelques jours l’un des plus détestés de France. Contrairement à son rival Danone, le géant des produits laitiers Lactalis n’est pas une marque commerciale. Inutile de chercher son nom sur les étiquettes, il n’y figure pas. En grandes surfaces, les produits Lactalis sont estampillés Président, Bridel, Galbani, La Laitière, Rondelé, Bridel, Lanquetot, Lou Pérac… “Lactalis s’efforce de se rendre invisible aux yeux des consommateurs, explique la journaliste Véronique Richez-Lerouge, qui arpente depuis quinze ans le moindre recoin de terroir fromager (2). Le numéro un mondial se présente comme un fromager de tradition, sous les noms de fromageries traditionnelles qu’il a rachetées comme Pochat & Fils, Société, Graindorge, etc. Et quand la famille n’est plus là ou ne veut pas se prêter au jeu, Lactalis fabrique des marques aux consonances campagnardes ou montagnardes qui résonnent efficacement aux oreilles des amateurs, qui n’y voient que du feu.”Rachats de petites fromageries
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