En cuisine, c’est comme au bistrot : chacun paye sa tournée. À l’occasion de son installation à Lyon, le chef deux-étoiles Christophe Roure (Le Neuvième Art) recevait ses pairs autour d’un menu dont le Michelin devrait certainement avoir des (bons) échos.
C'est une tradition à Lyon : quand un nouveau chef s'installe en ville, il "rince" les copains. Christophe Roure, installé dans le 6e (rue Cuvier) depuis juin, n'a pas dérogé à la tradition, invitant parmi les meilleurs chefs de la région.
Le grand Blanc de Vonnas (***) était descendu de ses terres bressannes, avant de repartir ce soir direction Saint-Bonnet-le-Froid, chez Jacques et Régis Marcon (***) pour le Tournoi des Etoilés, une série de matchs de foot qui réunit les chefs et les employés de 18 grandes maisons doublement et triplement macaronnées au guide Michelin.
Christophe Muller, le chef exécutif de Paul Bocuse (***), ne tarissait pas d'éloges sur Christophe Roure, "un cuisinier qui pense autrement", Guy Lassausaie (**) était à son habitude tout sourire ("La vie, c'est pas mal comme ça, non ?"), Patrick Henriroux (La Pyramide **) était le seul chef, avec Joseph Viola (Daniel et Denise), à avoir tenté le rose en dessous de la ceinture.
Frédéric Côte (Au Colombier, Anse) parlait tripaille avec Frédéric Berthod et Christophe Marguin (33 Cité, 33 TNP), sous le regard amusé de Laurent Bouvier (patron des Toques Blanches Lyonnaises), Mathieu Viannay (La Mère Brazier, **) reluquait les cuisines flambant neuves de la rue Cuvier, le designer Alain Vavro (qui s'est chargé de la déco intérieure) se marrait avec Jean-Paul Lacombe (Léon de Lyon) qui se disait qu'il avait bien fait d'arrêter de cuisinier en voyant la précision chirurgicale des cuistots du Neuvième Art.
Maxime Meilleur (La Bouitte, **) représentait les étoiles alpines, quand Davy Tissot (Les Terrasses de Lyon,*), pin's Meilleur Ouvrier de France à la boutonnière, incarnait les hauteurs de Lyon (et Têtedoie, il était où ?). Titulaire de trois CAP (cuisinier, charcutier, pâtissier), Christophe Roure avait aussi convié les chocolatiers Philippe Bernachon et Philippe Bel (MOF).
Le successeur de Paul Bocuse ?
Au-delà de l'aspect convivial (et traditionnel) de la chose, ce déjeuner des chefs risque fort de marquer les esprits. Les échos flatteurs devraient sans mal remonter le cours de l'Ile-Seguin, à Boulogne-Billancourt, siège du Michelin.
D'aucuns, entre Rhône et Saône, annoncent Christophe Roure comme un futur trois-étoiles. La relève gastronomique lyonnaise, autrement dit l'après-Bocuse, passerait-elle, contre toute attente, par Le Neuvième Art ?
Au menu
Sardine soufflée, sucette enveloppée d’écume de tomate, œuf de caille dans son nid
Champagne Mumm Brut Sélection Grand Cru
Le cèpe cru et cuit, râpé de noisettes et sabayon de cèpes
Beaujolais-village blanc 2013 domaine des Nugues
Dentelles de saint-pierre sur une crème de haddock, poutargue et cœur de palmier frais
Chablis 2012 domaine Moreau-Naudet
“Pie” de caille aux prunes quetsches et marabel marinée à l’eau de noix
VDP Collines rhodaniennes 2010 “Esprit d’antan” Pierre-Jean Villa
Baba piña colada
Textures praliné et chocolat, sorbet mandarine
Ratafia de champagne Henri Giraud
Mignardises