Le restaurant du mois. Nicolas Le Bec vient d’ouvrir sa “rue” au Confluent. Original, dépoussiérant, un brin désinvolte et... bon.
On ne s’en cachera pas : on aime Nicolas, le cuisinier ébouriffé comme un poussin dont la cuisine nous cloue le bec à chaque fois. On s’est donc empressé d’aller flâner dans sa rue, car c’est ainsi que se nomme son nouvel établissement, au Confluent.Rue Le Bec.Ni plus ni moins.Autant dire que ça a fait jaser sec dans le landerneau des casseroles ! Pour qui se prend-il l’agitateur ? Rue Le Bec,donc.Un immense plateau, au lieu et place des anciens Salins du Midi, travaillé par le jeune architecte Fabrice Bolénor. Le résultat est à la hauteur de ce qui se murmurait depuis des mois : atypique.
Des halles privées. En fait d’une rue, il s’agit d’un hall démesuré, construit en triple arche, où l’on peut déambuler sans que personne n’y voit à redire.Trente-trois mètres de long, vingt-cinq de large, entre cuisines ouvertes, étals de marché, placette à la française... À l’entrée, à droite, un fleuriste,en face un boulanger aux pains spéciaux, sandwiches chauds, salades en bonbonnières (classiques mais goûteuses). L’espace de 2 000 m2 se dévoile alors. Envie de manger un saumon d’Écosse en Kebab laqué, jus de crustacés à l’orange ou une mozzarella “Burrata” de Marco, tomates et pistou ? Il suffit de s’asseoir. Envie d’emporter une langouste ou une douzaine d’huîtres Gillardeau n°3, tous chez le poissonnier, au numéro 3. Le boucher est au 5 (avec vue sur la mûrisserie) ; la cave à fromages au 6 ; un peu plus loin, on trouve un comptoir à café, côté Saône.Et puis, il y a les étals de fruits et légumes (carottes nantaises non lavées à 1,5 euros/kg, poires williams à 3,1 euros/kg, pommes de terre “Blue Bell” à 1,3 euros/kg, figues fraîches à 5,15 euros/kg...) et l’épicier adjacent dont les produits viennent de la ferme agricole Prunotto Mariangela,à Alba (agriculture bio).
Cuisine de globe-trotter. Après flâneries jusqu’en étage (salle lounge pour petits déjeuners, suite ultra luxe), direction le chai et son imposant mur de barriques estampillées Château Puech-Haut.Hop ! Un joli beaujolais de Jean-Marie Chermette (domaine du Vissoux), idéal sur une charcuterie. La faim nous emmène un demi-étage plus bas. “Tout ce qu’on mange ici, c’est tout ce que j’ai trouvé lors de mes voyages sur la planète”. Une margherita ramenée des “trattoria” et des pizzerias de Naples, des nems de canard laqué ramenés de Chine, une Miso Soup “Taka San” du Japon... Pour Nicolas Le Bec la cuisine demeure un art populaire, un métier manuel, une cuisine de rue. Raison pour laquelle les cuisines de la Rue Le Bec sont ouvertes : “pour voir les coups de feu”. Il sait aussi qu’un cuisinier est d’abord un maître du feu, d’où l’importance du asado (barbecue argentin géant), du teppanyaki japonais ou du four à tandoori indien. Pourquoi ne pas opter pour des penne “pasta” au basilic frais en guise d’ouverture, comme là-bas ? Ou tout prendre en même temps, version chinoise ? Ou préférer le sacro-saint déroulé des menus façon gambas panées en mie de pain, sauce cocktail épicée, gigot d’agneau fermier du Limousin, flageolets au jus aillé, baba au rhum, crème fouettée ? À chacun de se construire son repas. “C’est que du plaisir” sourit le chef,dont l’éminence de la houppette est à la hauteur de son surmenage. On acquiesce.
Rue Le Bec
Chef : Nicolas Le Bec
Propriétaire : Nicolas Le Bec
Addition : comptez 25/30 euros
43, quai Rambaud.
Confluent. Lyon 2e. 04
78 92 87 87
www.nicolaslebec.com
Petit plus : le côté déambulatoire libre
Petit moins : le maraîcher