Pierre Tissandier, patron de The Whisky Lodge
Pierre Tissandier, patron de The Whisky Lodge, co-organisateurdu Lyon Whisky Festival

"Les Français sont, en volume, les premiers consommateurs de whisky écossais au monde" explique Pierre Tissandier

Pierre Tissandier, directeur général de The Whisky Lodge, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Quand vous irez cet article, celui qu'on surnomme "le malt maniac français", "le pape du whisky" ou "le fou de whisky qui influence le monde (des spiritueux, NdlR)", aura dépassé sa 21 035e note de dégustation.

L'Alsacien aux célèbres bacchantes, un des plus gros blogueurs au monde du whisky, sera à Lyon ce week-end à l'occasion du Lyon Whisky festival, 16e du nom.

150 distilleries de whisky au coeur de Lyon

Pendant deux jours, le Palais de la Bourse mettra les pendules à l'heure du whisky. 150 distilleries présentes, 500 produits à déguster toute la journée. des masterclass, des ateliers d'initiation à la dégustation, des pairing mets et whiskies mais aussi des rencontres, des dédicaces d'auteurs.

Le rhum sera aussi de la fête (les similitudes de dégustation avec le whisky sont nombreuses) avec une petite trentaine de maisons de tus horizons. Et John Barrett, légende vivante dans le monde du rhum.

Pas de malt à se faire du bien

“Notre métier, fait comprendre Pierre Tissandier, patron de The Whisky Lodge, institution lyonnaise du whisky, et co-organisateur du Lyon Whisky Festival, c’est d’acheter du temps parce que ce qui fait la valeur du whisky, c’est son temps.” Quand The Whisky Lodge achète des fûts âgés de dix ou quinze ans, elle achète un litre d’alcool multiplié par le nombre d’années. “On paie aussi l’évaporation.” La fameuse part des anges ou la perte de 2 % par an. “Prenons l’exemple d’un Ardmore de 2011 embouteillé en 2024, le whisky avait donc 13 ans. 13 ans multipliés par 2 % d’évaporation + 4 % quand le whisky est mis en fût + 4 % quand il est mis en bouteille : soit 34 % d’évaporation, c’est-à-dire 245 bouteilles. Alors que si on avait embouteillé à 5 ans d’âge, on aurait eu 304 bouteilles. Soit une perte de 59 bouteilles.”

Ce qui explique le coût du whisky. Mais l’évangile en matière de whisky, c’est qu’il n’y a pas de malt à se faire du bien !

Petit lexique pour ne pas passer pour un new oak

Single malt :
 whisky produit au sein même de la distillerie, fabriqué à partir d’orge maltée et peut être issu d’un fût (single cask), de quelques fûts (small batch) ou d’un assemblage de centaines de fûts.

Blended malt : whisky issu de l’assemblage de single malts uniquement.

Grain whisky : whisky issu de la distillation en colonne d’une céréale autre que l’orge (généralement du blé). Il est parfois embouteillé sous l’appellation single grain ou blended grain et est destiné à la composition du blended whisky.

Blended whisky : assemblage de single malts issus de diverses distilleries et de grain whisky. L’étiquette de la bouteille indique le nom de la référence (ex : Teacher’s, Johnnie Walker…) et non celui de la distillerie.

Lire aussi : The Whisky Lodge, l’institution lyonnaise du whisky


La retranscription intégrale de l'entretien avec Pierre Tissandier

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 minutes chrono, nous accueillons aujourd'hui Pierre Tissandier, bonjour !

Bonjour Guillaume, bonjour à tous.

Pierre Tissandier, vous êtes patron de The Whisky Lodge,qui depuis 1993, c'est le temple du scotch Whisky, des irish whisky, des bourbons américains, blend et single malt japonais, c'est une référence même au niveau national. Il y a plus de 2000 références, des raretés, des produits exclusifs, et même The Whisky Lodge a sa propre gamme de whisky, Orcines. Vous êtes également organisateur du Lyon Whisky Festival qui se tiendra au Palais de la Bourse les samedi 15 et dimanche 16 mars, on va en parler, mais avant, revenons sur The Whisky Lodge. The Whisky Lodge rue Ferrandière (Lyon 1er). En 1993, le whisky n'était pas vraiment à la mode à l'époque , non ?

C'était un peu "has-been" pour tout dire, il y avait d'autres boissons qui étaient plus à la mode à l'époque. Et effectivement, ce sont mes parents qui ont fondé cette maison et qui ont véritablement anticipé la tendance qui allait arriver sur la consommation.

Ils ont eu… du nez pour le coup.

Oui, c'est le cas de le dire.

Donc en 1993, The Whisky Lodge se monte à Lyon, c'est ça ?

Oui, alors la société a démarré en réalité en 1968, mais la boutique telle qu'on la connaît rue Ferrandière aujourd'hui a été mise en place en 1993.

Donc vous faites quoi ? C'est 80 % de whisky ? Un peu du rhum aussi ?

Du rhum ? Alors en fait, on a une activité détaillée, donc la boutique. On a aussi une activité e-commerce avec whiskylodge.com, qui a été créée en 2019. Nous avons aussi une autre activité qui est la distribution, donc on distribue auprès des bars, hôtels, cafés, restaurants et cavistes dans toute la France. Nous sommes très projetés à Paris, dans les Alpes par exemple, ou sur la Côte d'Azur. Nous avons effectivement nos marques que vous évoquez, donc Orcines, notre marque d'embouteillage et d'affinage de whisky, qui se fait en Écosse, et qui est entièrement produite là-bas. Ensuite, nous avons une autre maison qu'on a rachetée en 2019, qui s'appelle Peuchet, et qui fait de l'élevage, enfin de l'affinage précisément, d'eaux-de-vie françaises, de cognac, d'armagnac et de calvados.

2000 références avec des raretés. J'avais notamment noté la distillerie des Highlands Ben Nevis, la maison écossaise James Heady, vous avez des produits exclusifs comme une sélection spéciale Aberlour qui est faite pour ce Whisky Lodge ?

Oui, ne va pas lancer la dixième édition ce week-end.

Alors ce Lyon Whisky Festival qui a lieu les samedi 14 et dimanche 15 mars. On peut dire, un festival de whisky à Lyon, pays plutôt du Beaujolais, c'est assez étonnant. Comment est née l'idée et pourquoi finalement faire un festival whisky ?

Alors, le whisky est le premier spiritueux consommé en France, puisque les Français sont, en volume, les premiers consommateurs de whisky écossais au monde. Ce sont de grands amateurs, peut-être pour une raison très simple, c'est qu'on peut globalement appliquer la diversité du vin à celle du whisky de la même façon, parce que vous avez un panel aromatique absolument délirant avec des origines géographiques totalement différentes. Depuis les années 80, cela a commencé à plaire aux Français, jusqu'à devenir dans les années 2000 un véritable succès.

Et comment vous arrivez à expliquer qu'aujourd'hui, le whisky soit devenu un spiritueux incontournable ?

Vraiment, je pense que la première notion, c'est la diversité. Et puis après, vous avez un véritable engouement en termes de production, c'est-à-dire que vous avez beaucoup de nouveaux acteurs, notamment français, qu'on va pouvoir voir au salon. Vous avez plusieurs distilleries françaises et distilleries régionales qui n'existaient pas il y a 15 ou 20 ans, qui se sont créées et qui aujourd'hui commencent à véritablement sortir de belles eaux-de-vie. Sachant que nous, on est dans un métier de long terme, où ce qu'on produit aujourd'hui sera commercialisé dans dix ans n'y échappe pas.

Votre métier c'est d' "acheter du temps car ce qui fait la valeur d'un whisky c'est le temps", c'est ce que vous dites...

Quand vous achetez un whisky, comment ça marche ? Alors, ce matin, on va dans une distillerie en Écosse, on va acheter du whisky, on va choisir avec la distillerie le type de fût qu'on souhaite utiliser pour l'affinage, puis on va remplir 10, 20, 30 fûts et on va attendre. On commence à les goûter au fourrure et à mesure. Au début, on les goûte qu'une fois par an, puis à partir de 4-5 ans d'âge, on va commencer à les déguster deux ou trois fois par an pour voir leur évolution, qui peut être rapide. On peut voir apparaître des défauts soudains.

Et la vente, elle se fait quand ?

Et la vente se fait donc au bout de 5, 6, 8, 10 ans, suivant les cas.

Et donc, acheter du temps, parce qu'il ya cette fameuse part des anges dans le whisky ?

Exactement, qui est énorme. Alors, si vous voulez, en gros, si vous prenez la coupe d'un fût de whisky, ou même de tout spiritueux, mais précisément du whisky, eh bien, au bout de 15 ans, il ne restera que la moitié. Le reste, c'est l'évaporation. A

Alors, il n'y aura pas d'évaporation ce week-end, le week-end prochain, pour le Lyon Whisky Festival. Qu'est-ce qu'il faut retenir ? C'est quoi les grandes lignes de la programmation ?

Oui, alors il ya une vingtaine de… Il ya beaucoup de dégustations. Il y aura environ 150 distilleries présentes. Nous allons avoir une ouverture cette année au rhum, parce qu'il y a beaucoup de similitudes entre l'univers du rhum et du whisky, sur lesquels nous travaillons aussi beaucoup. Vous aurez quasiment 500 produits à déguster toute la journée, bien sûr avec modération. Il y aura une vingtaine de masterclass avec des univers très différents. Vous aurez des grands personnages du whisky ou du rhum qui seront présents. Par exemple, John Barrett, qui est une légende vivante dans le monde du rhum. Vous verrez Serge Valentin, un des plus gros blogueurs au monde du whisky. Je vais faire une conférence avec lui et mon père pour prendre un peu de recul et donner un peu de perspective sur ce qui se passe dans notre métier. Vous aurez aussi des distilleries, notamment le domaine des Hautes Glaces, avec Frédéric Revol, un des premiers agriculteurs bio à créer sa distillerie, va présenter un livre qui sort aujourd'hui. Vous avez aussi James Eadie, qui présente un livre, une réédition, enfin pas une réédition, mais un ouvrage basé sur des archives retrouvées en Écosse. Il publie un énorme livre avec des photographies, un instantané des années 20 sur tout ce qui se faisait en Écosse. C'est une exclusivité, c'est la première fois que ce livre sort.

En tout cas, ça donne l'eau à la bouche. Donc le Lyon Whisky Festival, c'est samedi 15 et dimanche 16 mars au Palais de la Bourse. A consommer évidemment avec modération. À très bientôt, au revoir.

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