L’andouillette est un fleuron de la gastronomie lyonnaise, concurrente directe de la quenelle pour le rayonnement international de la ville de Lyon.
"La politique, c’est comme l’andouillette de Fleurie, ça doit sentir un peu la merde mais pas trop." Si l’on reconnaît un chef à ses maximes (fleuries), Édouard Herriot n’a pas démérité. Grande figure du Parti radical et de la IIIe République, au sujet de laquelle François Mauriac dans son Bloc-Notes écrivait : "En vérité, Édouard Herriot était un gros homme charmant. Son charme naissait de ce contraste entre la culture, tous les dons d’une intelligence royale et la ruse, disons la finesse, politicienne", le maire de Lyon (qui fut aussi le plus long à régner entre Saône et Rhône) s’est également distingué par sa pétulance pour la bonne chère, bardée d’un impayable trait d’esprit. À son époque, le maire de Lyon s’était fortement engagé pour assurer à la ville un statut gastronomique, qu’il considérait déjà comme "salutaire pour l’essor économique des campagnes environnantes". L’homme vouait notamment une véritable passion pour la "mère" Brazier et ses fonds d’artichauts au foie gras, au point qu’une rumeur les imagina même amants. Ce qui faisait, paraît-il, beaucoup rire rue Royale. Cet agrégé de lettres, qui avait pour habitude de ponctuer ses propos de références gréco-latines, continuait à manger comme quatre à la fin de sa vie. Il aimait simplement sa cuisine : "Dans le fumet d’une poularde bressane, n’y a-t-il point ce ‘quelque chose de léger et d’ailé’ dont Platon faisait l’essence de la poésie ?", disait-il à Eugénie Brazier, qu’on imagine volontiers toute confite d’admiration. L’historien Bruno Benoit va même jusqu’à parler de "l’herriotisme, système politique qui ancre durablement la gastronomie dans le fonctionnement du politique lyonnais".
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