Le palmarès des 50 meilleurs restaurants du monde sera dévoilé le 28 avril prochain, à Londres.
Rarement un classement culinaire n'avait fait autant parler de lui. Il y a bien le Michelin... encore que sur les trois étoiles, le verdict est relativement consenti.
Mais le 50 Best (50 restaurants classés, d'où le nom), c'est une autre histoire. Chaque année, depuis douze ans, quelques semaines avant sa promulgation, les médias s'en donnent à coeur joie sur The World's 50 Best Restaurants.
D'abord, le fait que ce soit des Anglais (Restaurant Magazine) qui attribuent des points, ça eut fait jaser. Ensuite car les critères ont été longtemps obscurs. Le système est désormais plus organisé, un moins foutraque. "Rock'n roll baby !" rétorqueront les jurés. Enfin, car désigner le meilleur restaurant du monde, ça ne veut pas dire grand chose.
"Faire chier les vieux cuisiniers qui ne sortent pas leur Relais & Châteaux"
En réalité, comme l'explique à Lyon Capitale le Lyonnais André Petrini, chairman France de ce box-office culinaire international, "le 50 Best, c'est une image du resto qui a été le plus dynamique, qui a le plus fait parler de lui dans l'année".
Donc, au final, c'est une question de notoriété, plus que de qualité. Un truc un brin de happy few.
Dans le même temps, 50 Best se présente comme le poinçon d'une nouvelle génération de chefs, d'une cuisine d'auteur qui sort des sentiers battus, n'hésitant pas à faire usage d'additifs alimentaires, de syphon, de déshydrateurs, d'extracteurs de jus, de cuisson sous vide, à basse température ou de générateurs d'onde.
Faisant l'apologie de restaurants où le chef décide de servir des crevettes vivantes en amuse-bouche à ses clients (Noma, Copenhague).
Pourquoi pas...
Troisgros, 94e
L'année dernière, seuls 6 Français rentraient dans les 50 meilleurs restaurants de la planète (L'Arpège d'Alain Passard, Le Chateaubriand d'Inaki Aizpitarte, L'Astrance de Pascal Barbot, L'Atelier Saint Germain de Joël Robuchon, le Mirazur de Mauro Colagreco et Septime de Bertrand Grébaut - le seul local de l'étape étant Michel Troisgros, à la 94e place).
Pour les trois frères Roca, Joan, Josep et Jordi, aux destinées du n°1 - El Celler de Can Roca -, qui nous ont
accordé une interview en janvier dernier : "tous les classements réduisent la grandeur des nuances. Nous
sommes conscients qu’aujourd’hui, nous sommes ce qu'ils disent et que nous sommes entrés dans une
dynamique médiatique qui veut, fréquemment, des histoires courtes, des demi-vérités des informations
impactantes, impact que les médias dévorent et finissent par manger. Tout ceci vu depuis une société qui
observe de façon accélérée, compréhensible, comprenant que la vie se nourrit la reconnaissance des tendances et
des synergies qui se déplacent aujourd'hui pour demain. Nous savons la fragilité de succès."