On va beaucoup croiser Catherine Simon dans les librairies lyonnaises dans les semaines à venir. L’auteure de Mangées, un livre (entre roman et enquête) sur les “mères” lyonnaises, entame cette série de rencontres-signatures à Passages ce jeudi.
Journaliste indépendante, Catherine Simon a longtemps été correspondante locale de RFI, puis du Monde pour toute l’Afrique de l’Est. Également auteure de polars, elle a créé le personnage d’Emna Saïd Saada, archéologue algérienne à la forte personnalité qu’elle inscrit en tant que détective privée dans son premier roman policier, paru à la Série Noire, Un baiser sans moustache. Son dernier livre, Mangées, est d’ailleurs une manière d’enquête. Sauf que, dans cet opus, le lecteur n’est pas transporté dans le monde du crime, du trafic et des politiciens véreux. Encore que… Catherine Simon y met en scène un journaliste, chargé par Le Progrès de Lyon d’écrire un feuilleton sur ces fameuses restauratrices – lyonnaises ou s’étant établies à Lyon pour y ouvrir leur restaurant – qu’on appelle les “mères”. De la Génie (la mère Guy) à Marie-Thé Mora en passant par Eugénie Brazier, Léa Bidaut ou Paule Castaing.
La Génie, Léa, Eugénie… et leurs recettes
C’est évidemment une aubaine pour les amateurs de gastronomie, qui voient ici évoquées les spécialités culinaires inventées – ou améliorées – par le génie de ces femmes à poigne. Depuis la matelote d’anguilles jusqu’aux “tétons de Vénus”. Il y a de quoi saliver ! D’autant que l’ouvrage propose en appendice une demi-douzaine de recettes conçues par des admiratrices des Mères. Occasion donnée à la dessinatrice textile Michelle Berthet de proposer une “queue de bœuf façon Mère Brazier”. Ou encore à la journaliste Jacqueline Maurette de nous livrer les secrets du gratin de cardons de la Mère Biol.
Mais aussi un quart de siècle lyonnais
L’aspect culinaire ne constitue pas le seul intérêt de cet ouvrage. Loin de là. À travers la biographie des Mères que retrace le journaliste au fil de ses articles, c’est tout le Lyon de l’après-guerre et des années 1960, 1970, 1980 qui est ressuscité. Enfin, la psychologie des Mères – leur caractère rugueux, leur humanité (que l’on peinerait à retrouver chez les restaurateurs d’aujourd’hui) – est également touchante. D’autant que la plume de Catherine Simon est malicieuse à souhait. Elle témoigne d’une incroyable culture sur notre ville (où elle a longtemps habité) aussi bien que d’un sens aigu de l’observation et du récit.