"Avec CoCo Lyon, Paris Society souhaite offrir une expérience unique aux habitants." La promesse était alléchante. On a déchanté. Notre expérience aura été la dernière.
6 millions d’euros. C’est la somme folle que le groupe Paris Society a investi dans le projet de restaurant CoCo, au sein de la gare des Brotteaux.
Le groupe, racheté à 100% par Accor en décembre dernier pour 330 millions d’euros (Accor possédait déjà 38% des parts de Paris Society depuis 2017) et as de l’ "eatertainment" dans les beaux quartiers de la capitale aux "cadres exceptionnels" et aux "vues époustouflantes" (225 millions d’euros de chiffre d’affaires, 3 000 collaborateurs, 24 restaurants, 15 clubs, 3 guinguettes, 2 hôtels et une vingtaine de lieux d’évènementiel), a mis les petits plats dans les grands pour son premier projet lyonnais.
La table, petite sœur de l’adresse parisienne éponyme ultra trendy, nichée au cœur de l’opéra Garnier, offre quatre cents places, dont deux cents en extérieur devant la gare des Brotteaux (aujourd’hui propriété de Claude Aguttes, de la maison de vente aux enchères du même nom, qui loue la partie centrale de la gare à Paris Society).
Monument historique
Classé (partiellement) monument historique en 1982, la gare des Brotteaux, dont le style rappelle celui de la gare d’Orsay (même époque), est un lieu exceptionnel. Mensurations de rêve : une salle de 900 m2 (plus grande que celle de la brasserie Georges), quatorze mètres de hauteur sous plafond, quarante six mètres de long, douze mètres de large.
Le plafond, relève le site Patrimoine Auvergne-Rhône-Alpes, présente "une ornementation variée de volutes, feuillages, pommes de pin, vases, coquilles, fleurs et fruits entourant des écussons peints représentant les villes de Genève, Paris, Marseille", référence à la ligne PLM (Paris-Lyon-Marseille. "Deux toiles de grandes dimensions sont marouflées et placées dans des cadres en stuc (...)" avec une "redondance ornementale du XIXe siècle, où les éléments Louis XVI (pommes de pin, guirlandes) côtoient les motifs Louis XIII (cartouches) ou Louis XIV (coquilles)".
L'ancienne maison de vente aux enchères du Lyonnais Jean-Claude Anaf puis du Parisien Claude Aguttes (qui loue la partie centrale de la gare à Paris Society) s'est métamorphosée en brasserie chic.
Brasserie chic
L'architecture d'intérieur est signée Corinne Sachot (déjà à l’origine du projet parisien) : "moquette palme, velours chatoyants, bois sombres aux reflets acajou ou encore les laques Napoléon III. Palmiers, loggias ouvertes sur la salle créent des salons privés. Au centre du restaurant trône la pièce maitresse des lieux : une œuvre lumineuse grandiose de Nacho Carbonell, nébuleuse qui cristallise l’espace".
400 couverts, 200 à l’intérieur et 200 en terrasse. "CoCo Lyon : le nouveau rendez-vous lyonnais à tester absolument !" précise le site internet. Très attendu effectivement, comme tout nouveau lieu qui sort un peu du lot, reporté depuis 2021 (Covid autorisations administratives...), le restaurant a finalement ouvert le 4 juillet dernier.
Si "l'expérience" opère dans le lieu métamorphosé, elle l'est nettement moins dans l'assiette. Les prix parisiens sautent d'abord aux yeux : 16 euros l'oeuf bio mollet croustillant, petits pois, poitrine fumée, 17 euros le carpaccio d'artichauts, vinaigrette, 25 euros la salade césar, 49 euros la noix d'entrecôte, frites fraîches, mesclun, béarnaise, 56 euros la sole meunière, purée de pommes de terre. De mémoire lyonnaise, on n'avait rarement vu de tels tarifs.
(Chez CoCo Paris, les prix sont encore plus parisiens : comptez 2 euros de plus pour l'oeuf, 3 euros de plus pour le carpaccio, 9 euros de plus pour la salade crevettes, 3 euros de plus pour la noix d'entrecôte et... le même prix pour la sole).
Rapport qualité-prix anesthetique
Par assiette, il faut entendre le rapport qualité-prix diamétralement déséquilibré, car, en substance, la cuisine est de qualité. "Pour commencer", le croque-monsieur nous est recommandé par notre hôtesse : bien grilloté, avec un beaufort qui apporte une touche fleurie, fruitée intéressante, légèrement grasse idéale pour fixer les arômes de truffe. Mais à 15 euros les six petits carrés de croque-monsieur, on est à la limite de la farce.
En entrée, nous avons opté pour la straciatella fumée (partie crémeuse de la burrata), accompagnée de tomates cerises : délicieuse, rafraîchissante, gourmande. Dommage que les croûtons, censés apporter une touche craquante, aient sombré dans la mollesse.
A 36 euros, le pavé de bar, sans accompagnement, on reste un peu sans voix (version chant du loup).
Acte II, les plats : une viande et un poisson. Le bar rôti est bien cuit, la chair délicate, les assaisonnement bien marqués. Mais à 36 euros, sans accompagnement, on reste un peu sans voix (version chant du loup). Les trois côtes d'agneau maintenant. La viande est goûteuse, l'agneau de qualité, mais la cuisson, elle, n'a pas suivi. Nous avions commandées les côtelettes rosées, elles se sont présentées saignantes. On aurait pu mettre cette maladresse sur le compte du fameux "rodage d'ouverture" mais à 37 euros, ça fait cher le rodage.
D'autant que mis à part la crème de poivron rouge, plutôt maline avec l'agneau, les quelques pommes grenailles agrémentant le trio étaient juste cuites, à la limite du pas assez, avec un assaisonnement qui, se voulant le plus discret possible, peut-être pour laisser toute sa place à la pomme de terre, péchait outrageusement.
Cerise sur la noix, chez CoCo, pour chaperonner votre plat d'un accompagnement (purée de pommes de terre, sucrine-parmesan-tomates confites, frites fraîches, haricots verts), il vous faudra renchérir de 8 euros.
Coté carte des vins, l'IGP 50/50 de Louis Chèze 2022 sort à 10 euros le verre, le saint-joseph Ro-Rée 2021 du même Louis Chèze à 18 euros et le morgon 2021 de Jean Foillard à 14 euros. Ça pique.
Bilan des courses : notre expérience (subjective) aura été effectivement unique. Le rapport qualité-prix-plaisir-émotion, celui-là même qui incite à renouveler l'expérience, n'était pas au rendez-vous.
Ça nous a gonflé :
- Le dress code demandé : "Nous vous demandons de bien vouloir respecter un dress-code Casual Chic, la direction se réserve le droit d’entrée."
- L'injonction de ne pouvoir rester que 2 heures à table, "celle-ci devant être ensuite libérée pour le service suivant."
**- Le dress code demandé : "Nous vous demandons de bien vouloir respecter un dress-code Casual Chic ?C'est quoiça?, la direction se réserve le droit d’entrée." (Et nous de ne pas y mettre les pieds, c'est qui qui paie)
- L'injonction de ne pouvoir rester que 2 heures à table, "celle-ci devant être ensuite libérée pour le service suivant.".**..( A ce tarif pas de craintes de bousculade)
200 balles pour se faire foutre à la porte, se voir imposer sa tenue, ils se prennent pour qui.
faut bien rembourser les 6 millions!!
Il s oublient qu'ils officient dans la capitale de la gastronomie avec pas très loin les brasseries de Maitre Paul, les rue de bouchons où le repas complet vous coutera moins chère que leur salade de crevettes, Le Yonnais n'est pas le Parigot, on ne mange pas le décor.