Salon du chocolat : quelle éthique derrière le cacao ?

Les gourmands avaient rendez-vous au Salon du chocolat ce week-end à Lyon. Mais devant les portes, les Jeunes Ecologistes les alertaient sur une industrie du cacao au fonctionnement souvent trouble.

Il est sucré, il est raffiné, tout le monde en raffole. Chouchou du consommateur, le chocolat bénéficie d'une image positive. Mais qui dit chocolat dit culture du cacao, une industrie à la face souvent sombre : dégâts environnementaux et mauvaises conditions de travail des cultivateurs. C'est ce que dénoncent les Jeunes Ecologistes de Lyon, venus distribuer hier des tracts aux visiteurs du Salon du chocolat au Centre des congrès de Lyon. "Notre but n'est pas de culpabiliser les gens, explique Sonia, militante. Nous voulons seulement informer. On peut être gourmand et manger du chocolat durable ! "

Dans le viseur ? Les ravages écologiques et sociaux de la culture du cacaoyer, notamment en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial. Déforestation massive (selon eux, 80% de la couverture forestière de Côte d'Ivoire a été détruite depuis 1960), menace de disparition d'espèces animales et végétales, sous-rémunéraion des cultivateurs et, parfois, travail des enfants (voir à ce sujet le rapport l'ONG Mighty Earth) De quoi couper l’appétit.

"Les Jeunes Ecologistes se trompent de cible"

Alors, faut-il bouder les commerçants du salon du chocolat ? Pour Romain Boucaud-Maître, directeur général de la chocolaterie Voisin, ce serait faire un amalgame. Selon lui, les petits chocolatiers ne sont pas vraiment concernés. "Les Jeunes écologistes se trompent de cible. Sur le salon, ce sont des chocolatiers artisanaux, qui achètent des fèves plus chères, de meilleure qualité. Elles ne sont pas issues de grandes exploitations. La vraie cible, c'est la grande distribution."

Un argument que tend à corroborer le cas Valrhona, qui semble soucieux de l’éthique derrière ses fèves. Pour Franck Vidal, directeur de la Cité du chocolat Valrhona, il faut avoir conscience des travers de l'industrie du cacao. "J'ai vu des photos de cultures au Pérou, la déforestation fait peur... Nous, nous privilégions les petits paysans plutôt que les grosses exploitations. Et nous participons à un programme de formation des cultivateurs qui privilégie l'agro-foresterie et qui leur permettra de vivre de leur culture."

Une traçabilité du cacao souvent trouble

Pourtant, artisanat n'est pas synonyme d'un cacao éthique. La plupart des chocolatiers ne travaillent pas directement à partir de fèves, mais s'approvisionnent en cacao transformé auprès de distributeurs. Une matière première appelée couverture dans leur jargon, dont ils ne maîtrisent pas la fabrication. "Nous connaissons parfaitement notre traçabilité de la couverture à nos chocolats. Mais en amont de la couverture, c'est compliqué de savoir ", confie un artisan de la chocolaterie lyonnaise Les Origines le Lautrec.

Même son de cloche chez le meilleur ouvrier de France, Philippe Bel. "On pense faire venir des fèves d'un pays d'Afrique, mais quand les fèves manquent dans un pays, elles sont importées depuis un autre, et nous n'avons pas de moyen de le savoir." Quant à travailler avec de petits producteurs, c'est l'un de ses souhaits, pas toujours facile à réaliser : "C'est un grand business, il y a des gens implantés, on peut tomber sur des filous. Cela nous oblige à passer par des intermédiaires, des traders."

Dans le salon, seuls deux stands affichent un label durable ou équitable. La marge de progression est encore importante.

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