Lors de la présentation officielle de l'équipe de France au Bocuse d'Or, Laurent Wauquiez a regretté l'absence de soutien financier de l'Etat.
Quand il s'agit de parler gastronomie, Laurent Wauquiez passe à table sans rechigner : "la gastronomie et les métiers de bouche symbolisent tout ce que je défends : la passion, l’excellence, le travail, l’ambition, l’amour du terroir et de nos produits".
Un exercice que le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes affectionne particulièrement, qui plus est lorsqu'il est question de poser la cerise sur la gâteau, avec la présentation officielle de "la Team France Bocuse d'Or", qui participera, en janvier 2025, à la grande finale du plus grand concours de cuisine de la planète, souvent comparé aux Jeux olympiques de la gastronomie. "Cette équipe fait la fierté de notre patrimoine, elle incarne les valeurs ce qu'est notre pays à l'international. C'est l'image de marque de la France et ceux qui la composent sont les ambassadeurs de notre pays. Nous ne pouvons qu'en être particulièrement fiers."
Jeudi 28 mars, entre la poire et le fromage, Laurent Wauquiez était accompagné de plusieurs vice-présidences, dont la première déléguée à l'économie et à la relocalisation, pour présenter à la presse le duo (commis et cuisinier) qui portera les couleurs tricolores pour le 20e concours du Bocuse d'Or, dans lequel s'affronteront vingt-quatre nations.
Pour cette édition, l'Altiligérien Paul Marcon, fils de Régis Marcon, chef triplement étoilé Michelin à Saint-Bonnet-le-Froid (à mi-chemin entre Velay et Vivarais), et Bocuse d'Or international en 1995, sera le candidat français, billet décroché grâce à son titre au Bocuse d'Or France, le 8 septembre dernier à Paris. Le 20 mars dernier, il s'est classé 5e au Bocuse d'Or Europe, à Trondheim en Norvège, sorte de "rodage pour la grande finale lyonnaise". Il sera accompagné de sa commis officielle Camille Pigot, dont c'est le premier concours à l'international.
Question concours, Paul Marcon, en dépit de ses 28 ans, a déjà un beau palmarès, animé par la compétition : à 16 ans, il se présente à son premier concours, les Worldskills France, se plaçant sur la seconde marche du podium à la finale nationale. Il atteindra la finale mondiale quelques années plus tard. Entre temps, il fait ses gammes dans plusieurs établissements étoilés lyonnais, et pendant deux ans à Stockholm au sein du restaurant AIRA** du chef Tommy Myllymäki, Bocuse d’Argent 2011. En 2022, il remporte le Trophée Jean Delaveyne. De retour en France, Paul Marcon intègre les cuisines du restaurant familial triplement étoilé aux côtés de son frère Jacques et de son père Régis à Saint-Bonnet-le-Froid.
Il tentera d'égaler le Lyonnais Davy Tissot qui a remporté le Bocuse d'Or 2021, son père en 1995, Serge Viera (alors second de Régis Marcon) en 2005 et les cinq autres cuisiniers français (dont deux d'Auvergne-Rhône-Alpes) qui ont remporté la statuette en or.
Marchandise culturelle
Créé en 1987 par Paul Bocuse qui le pense comme l'expression de la rigueur, du savoir-faire, de l'excellence et de la créativité, dans un esprit de compétition sportive, festif, jeune et moderne, le Bocuse d'Or s'est rapidement imposé comme le plus important des concours culinaires internationaux, l'événement de référence de la haute cuisine. Il est devenu le Graal des jeunes chefs du monde entier, soucieux de s'affronter sur la scène internationale et aux yeux de leurs ainés, un tremplin unique pour accéder à une reconnaissance internationale.
Au fil du temps, le concours aussi devenu une arme de soft power, la table pesant lourd dans la balance commerciale. Derrière la médaille se cachent des enjeux de marché. Au point que le Bocuse d'Or est aujourd'hui pleinement considéré comme une marchandise culturelle soumise à l'échange et au commerce mondial. D'où la nécessité de penser la gastronomie comme un domaine culturel.
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En 2017, le chef Joël Robuchon, le chef alors le plus étoilé de la planète (30 étoiles pour 27 établissements à son nom), confirmait d'ailleurs à Lyon Capitale la "portée quasi-politique" du concours : "le Bocuse d'Or est plus qu'une simple compétition, croyez-moi. Les enjeux économiques et les retours sur investissements sont considérables."
Aucun soutien financier de l'Etat à l'équipe France Bocuse d'Or : "c'est une vraie erreur car l'image de marque de notre pays qui est en jeu."
Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
Cette année encore, la Région a mis du beurre dans les épinards de l'équipe de France du Bocuse d'or, en abondant à hauteur de plus du quart du budget global de l'équipe de France Bocuse d'Or, avoisinant les 500 000 euros. Le reste est apporté par la vingtaine de partenaires et sponsors.
"Je regrette que le soutien de l'Etat ne soit pas au niveau (qui n'apporte aucun soutien financier, NdlR) s'est désolé Laurent Wauquiez. C'est une vraie erreur car l'image de marque de notre pays qui est en jeu. Au-delà des paroles, il faut des actes." Clin d'oeil révolver à peine voilé à Emmanuel Macron qui s'est engagé à hauteur de huit millions d'euros (sur les 23 millions, dont 15 de la Région Auvergne-Rhône-Alpes) pour le financement du "Clairefontaine de la gastronomie", "le centre d'entraînement top niveau de l'équipe de France Bocuse d'Or".
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Composition de l’équipe de France du Bocuse d'Or :
• Paul Marcon : candidat France au Bocuse d’Or
• Camille Pigot : commis officielle de Paul Marcon
• Christophe Quantin : coach officiel, chef Meilleur Ouvrier de France 1993, vice-président et organisateur du concours Un des Meilleurs Ouvriers de France Cuisine depuis 2006
• Davy Tissot : jury dégustation France,
chef Meilleur Ouvrier de France 2004,Bocuse d’Or 2021
• Romuald Fassenet, Président de la Team France Bocuse d’Or
et chef étoilé Meilleur Ouvrier de France du Château du Mont Joly