La famille Josserand qui tient le Café du Jura depuis octobre 1974 passe la main en octobre prochain.
Le mail est tombé jeudi 14 septembre à 18h19. "Une page se tourne au Café du Jura. Dès le mois d’octobre, nous n’aurons plus le plaisir de vous accueillir au sein de notre bouchon. En effet, nous avons décidé de passer la main. Après 49 ans passés dans sa cuisine, ma mère Brigitte prend une retraite bien méritée. Quant à moi, son fils Benoît, je n'ai pas souhaité continuer l’aventure car d'autres projets professionnels et de vie m’attendent."
Les marmites tremblent dans les bouchons lyonnais : la "mère" Hugon également rend son tablier (de sapeur) à la fin du mois.
Les Josserand, marque déposée depuis 1974
Le 1er octobre 1974, Henri et Brigitte Josserand, fils de boulanger et fille de commerçant agricole, reprenaient l'affaire, créé en 1867, en grands habitués de bouchons qu'ils sont. Elle a 19 ans, ne sait pas cuisiner et encore moins sur un fourneau à charbon. Sa belle-mère, cuisinière en maison bourgeoise, la formera sur le tas. Elle fréquentera aussi Gérard Antonin (Les Terrasses, à Loyettes, dans l'Ain) et le père Berger (La Mère Bourgeois, à Priay, dans l'Ain, trois-étoiles de 1933 à 1937).
A lire : Café du Jura. Du porte-pot à la tête de veau, 155 ans d'histoire
"Pour les clients pressés, les plats peuvent être servis crus et froids !! (signé) La mère"...
Brigitte Josserand, c'est un caractère bien trempé. "Je suis entière, un brin sanguine" souffle celle qui se fait appeler "la mère". Et d'ajouter, illico presto : "ceux qui me prennent la tête, ils prennent la porte !". Un éternel recommencement finalement... Sur les glaces accrochées aux murs, une vérité très locale donne d'ailleurs le ton : "Pour les clients pressés, les plats peuvent être servis crus et froids !! (signé) La mère"...
Le Jura marche du tonnerre. Benoît voit le jour, quasi entre une tête de veau et une andouillette. À 6 ans, le rejeton fait déjà la plonge. Il reviendra dans le restaurant familial un magistère de sciences humaines et un master d'histoire en poche plus tard – ce qui fait dire à certains qu'il est très certainement le patron de bouchon le plus diplômé de France ! C'est lui qui imposera la sciure, à l'ancienne, sur le carrelage-mosaïque. " Je vois ce que je balaie, ça évite de glisser quand il pleut et puis ça me décape mon sol".
Les propriétaires du Val d'Isère aux manettes du Jura
Le Café du Jura sera repris, en octobre, par Daniel Mouton et Edouard Baudin (déjà propriétaires du bouchon Le Val d’Isère, rue de Bonnel, dans le 3e).
700O migrants à Lampédusa. Les bouchons ferment !
Une page qui se tourne
Je vais vite y aller pour gouter une dernière aux bon plats et à cette ambiance si typique
Merci à la famille Josserand pour tout