Jean-François Carenco 03
@ Etienne Bouy

"100 à 150 personnes dorment dehors à Lyon" selon le préfet

INTERVIEW CROISÉE – Jean-François Carenco a accepté de nous recevoir lundi 10 février. Accompagné de son directeur départemental à la cohésion sociale, Gilles May-Carle, le préfet du Rhône a répondu à nos questions sur le fonctionnement du 115 et sur la situation des mal-logés à Lyon.

@ Etienne Bouy

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Lyon capitale : Combien de personnes appellent chaque jour le 115 dans le Rhône ?

Jean-François Carenco (photo ci dessus) : Nous avons 500 appels en moyenne par jour au 115 avec des pointes à 650 certains jours. Sachant que certaines personnes appellent plusieurs fois par jour.

Combien de personnes sont prises en charge chaque jour par le 115 dans le Rhône ?

Gilles May-Carle : 40 places sont données chaque soir par le 115 en moyenne, sachant que la halte de nuit dispose de 50 places et que nous en gardons 30, chaque soir, de manière à ce que le Samu social puisse mettre les gens à l'abri.

Lyon capitale : Combien de personnes dorment chaque soir dehors à Lyon ?

Jean-François Carenco : Nous avons 100 à 150 personnes qui dorment dehors en ce moment à Lyon… Ce sont des personnes que l'on connaît, que l'on suit.

Lyon capitale : De combien de places d'hébergement disposez-vous ?

Gilles May-Carle : Nous avons 7 300 places dans le Rhône. 3 000 sont occupées par des demandeurs d'asile, et 4 300 par les sans-abri ou les mal logés dont 1 500 places en CHRS, 1 000 en centre d’hébergement d’urgence ouvertes toute l’année, 500 en pensions de famille, 400 au titre d’Andatu et 900 pour le renfort hivernal.

Jean-François Carenco : Le public des CHRS est spécifique, il s’agit de personne en grande difficulté à qui il faut remettre le pied à l'étrier. 50% en sortent par le haut au bout de 18 mois.

Gilles May-Carle (photo ci-dessus) : S’agissant des 1 000 places d'hébergement d'urgence pérennes, ouvertes toute l'année. C’est un point de passage pour les personnes dans le besoin, les femmes victimes de violences notamment avant qu'elles ne retrouvent un logement.

© Robin Favier

© Robin Favier

Gilles May-Carle : Concernant les 500 places en pensions de familles. Leur nombre a été multiplié par 5 en trois ans, sous l'impulsion du préfet Carenco.

Jean-François Carenco : les pensions de famille, ce sont de grands appartements ou de grandes maisons, gérées par une maîtresse de maison. Des lieux qui offrent un accompagnement mais sans condition de résultat. Une solution particulièrement adaptée aux personnes âgées de plus de 50 ans. Nous avons également une maison médicalisée de 50 places pour les personnes présentant des troubles psychiatriques.

Gilles May-Carle : En comptant les places en pensions de famille, les places en CHRS et les places d’urgence pérennes, nous arrivons à 3 000 places.

Lyon capitale : Le programme Andatu qui vise à intégrer les Roms, combien de places représente-t-il ?

Gilles May-Carle : Andatu, ce sont 383 places.

Jean-François Carenco : il s'agit de personnes d’origine roumaine qui s'engagent par contrat. Les adultes travaillent, ont un logement et les enfants vont à l'école. Ils bénéficient d'un temps d'adaptation collectif puis sont logés dans des appartements situés dans l’agglomération. Il s'intègrent très bien. Nous sommes en train de prouver que c'est possible, avec le concours des collectivités territoriales.

Lyon capitale : Quelle est la part de préfabriqués dans le dispositif d'hébergement du Rhône ?

Les préfabriqués représentent 500 places sur 7 000 réparties sur quatre sites à Décines, Villeurbanne, Rillieux et Oullins.

Lyon capitale : Combien de places avez-vous ouvert cet hiver dans le cadre du plan froid ?

Gilles May-Carle : 900, c'est un peu plus que ce qui était prévu.

Lyon capitale : Combien de places fermerez-vous à la fin de la trêve hivernale ?

Jean-François Carenco : La plupart des places ouvertes pour le renfort hivernal (900 à ce jour) seront progressivement fermées à partir de la fin mars. Toutes les personnes qui occupent ces places bénéficieront d’un diagnostic personnalisé.

Gilles May-Carle : Le principe de continuité inscrit dans la loi est scrupuleusement respecté dans le Rhône.

Lyon capitale : Pourquoi avez-vous autorisé le recours à la force publique pour évacuer le squat de Roms de la rue Primat à Villeurbanne alors que nous étions en hiver ?

Jean-François Carenco : J'ai trois squats sur lesquels j'ai des décisions de justice qui m'autoriseraient à convoquer la force publique, mais je ne l'accorde l'hiver que lorsqu'il y a des troubles manifestes à l'ordre public. C’était le cas à Villeurbanne, rue Primat, où l'usine d'à côté avait été pillée...

Gilles May-Carle : Trois personnes ont été arrêtées dans ce squat pour des affaires pénales.

@ Etienne Bouy

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Lyon capitale : Concernant les demandeurs d'asile, leur nombre a explosé depuis trois ans à Lyon. La loi vous oblige à les loger, où en est on ?

Jean-François Carenco : Depuis novembre, le nombre de demandeurs d'asile a fortement baissé dans le Rhône. Le problème, c'est que leur situation au regard du séjour n'est pas vraiment tranchée. Ils n'ont pas le droit au logement social, comme tout étranger en situation irrégulière. En revanche, selon le code de la famille, il ont le droit à l'hébergement d'urgence. Mais selon le code de l'immigration, le CESEDA, s'ils sont étrangers et qu'ils ont épuisé tous les recours, ils doivent partir. Le conseil d'Etat a tranché, le code de la famille ne s'applique qu'en situation d'extrême détresse.

Lyon capitale : Concernant le problème spécifique des Roms, où en êtes-vous ?

Jean-François Carenco : Les Roms sont des citoyens européens, ils ont donc les mêmes droits que n'importe quel ressortissant de l'UE.... ceci dit, un étranger, y compris un européen, ne peut pas peser plus de trois mois sur les aides sociales d'un pays.

Lyon capitale : S'agissant du protocole de 2012, la circulaire Valls/Duflot qui oblige les préfets à faire des diagnostics sociaux et à proposer un relogement avant toute évacuation de squats ou de bidonvilles, la respectez-vous ?

Jean-François Carenco : Nous avons une obligation de résultats, pas de moyens. Je préfère avoir des résultats.

Lyon capitale : Concernant la mission "résorption des bidonvilles" lancée par Cécile Duflot le 31 janvier confié à Adoma, allez-vous vous appuyer dessus dans le Rhône ?

Jean-François Carenco : Nous avons déjà mis en place, avant 2010, un protocole d'interventions sanitaires et médico-sociales sur les bidonvilles du Rhône, en partenariat avec l'Agence Régionale de Santé (ARS) et le Conseil général, et signé par les maires de Lyon, Vénissieux et Villeurbanne. On utilisera cette nouvelle possibilité pour approfondir notre action.

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