REPORTAGE - 142 ressortissants roumains ont été rapatriés ce vendredi midi de l'aéroport Saint-Exupéry à Lyon, direction Bucarest. Ils se sont réunis à l'aube, à l'appel de l'office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), devant le Luna Park de Perrache. Ils vivaient dans le Grand-Lyon dans des conditions misérables depuis plusieurs mois. Explications. (Actualisé à 17h35).
Pour la plupart, ils sont dans l'agglomération lyonnaise depuis trois, quatre mois maximum. L'État français, via l'office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), leur a proposé l'aide au retour : 300 euros pour les adultes, 100 euros pour les enfants. Une aide qu'ils acceptent pour la plupart car ils sont dans l'impossibilité de trouver un logement et un travail à Lyon. L'OFII confirme qu'ils sont dans une situation d'extrême misère ce qui engage l'institution, après trois mois de présence en France, à les aider à rentrer chez eux. "Il s'agit d'une aide humanitaire ouverte à toutes les nationalités", nous précise-t-on à l'OFII. Selon les fonctionnaires, il ne s'agit donc pas d'une "expulsion" comme le pense les associations, mais d'un "retour volontaire". "Les ressortissants roumains regagnent volontairement la Roumanie", à leur demande". Ils bénéficient d'un "rapatriement humanitaire".
142 Roumains attendent donc dans le froid ce vendredi matin à Lyon. Le rendez-vous a été fixé il y a dix jours devant le Luna Park de Perrache. Des groupes d'hommes et de femmes, tous Roumains, principalement des adultes, des vieux, des jeunes mais aussi des enfants. Les familles et leurs valises attendent le long du trottoir. Les paupières sont lourdes, le jour n'est pas encore levé. Une voiture de police veille au coin de la rue. Tout est calme.
Sous un pont depuis deux mois
A 7h30, les fonctionnaires de l'OFII arrivent. Ils demandent aux Roumains de présenter leurs convocations, ainsi que leurs papiers d'identité. "Ce rendez-vous leur a été fixé à l'issue de l'instruction par l'OFII de leur demande d'aide au retour volontaire", nous précise-t-on à l'OFII.
Les associations sont là elles aussi, Médecins du Monde, CLASSES qui œuvrent en faveur des Roms à Lyon. Interrogés par Lyon Capitale, une militante reconnait quelques personnes : "une vingtaine vivaient dans un squat chemin Catupolan à Vaulx-en-Velin" témoigne-t-elle. Elle reconnaît aussi quelques personnes qui ont occupées, le 10 novembre dernier, le centre social de Vénissieux (lire ici). Un père de famille accompagne sa femme et sa fille de un an, il ne rentre pas en Roumanie ce vendredi. Il occupe une caravane, explique-t-il, dans l'Est lyonnais. Un autre chef de famille s'exprime. Il ne parle pas le français mais l'un de ses compatriotes traduit. Il dit qu'il dort dehors depuis deux mois à Lyon, avec quarante autres personnes, sous le pont Gallieni à Lyon 2e. Il se trouvait précédemment à Marseille "dans un foyer". Il regrette de ne pas avoir trouvé de place dans un CHRS à Lyon. Tout juste avait-il accès aux bains douches, explique-t-il. Un témoignage qui tranche avec celui du préfet, prononcé la semaine dernière (lire ici).
A 7h50, les portes des cars affrétés part l'OFII s'ouvrent. Les premiers Roumains y montent. Ils sont conduits à l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry à 8h30, pour un départ vers la capitale roumaine dans la journée. Arrivés à Bucarest, ils rallieront ensuite leurs communes d'origine "par leurs propres moyens", regrette une militante. Celle-ci explique que les Roumains dépenseront ainsi "un bon tiers de leur aide au retour".
Selon les associations, il s'agirait du troisième avion affrété ainsi à Lyon depuis septembre pour ramener des ressortissants communautaires chez eux. Autant de retours qui seront comptabilisés selon les associations parmi le nombre de reconduites à la frontière menées en 2011 dans le Rhône. Interrogés sur ce point l'OFII et la préfecture ne se sont pas prononcés.