Postures paradoxales, appels à une confrontation avec l’Allemagne et opposition inexistante : le théâtre d’ombres de la politique française.
1981. François Mitterrand arrive au pouvoir et instaure une politique de relance des dépenses publiques en vue de favoriser la consommation. 1983, c’est le tournant inévitable de la rigueur.
En 2012, François Hollande se pose en ennemi de la finance, il affirme ne pas aimer les riches et les annonces sont tonitruantes : imposer le capital comme les revenus, fixer la dernière tranche de l’IRPP à 75 %, etc. Finalement, rien ne se fera, car l’idéologie se heurte, comme en 1983, au mur de la réalité.
La gauche n’est pas seule responsable ou coupable : depuis plus de quarante ans, le budget est en déséquilibre ; sauf entre 1997 et 2003, la balance commerciale est demeurée déficitaire, avec une lourde aggravation au cours des dernières années. On commence à entendre : “De toute façon, on ne remboursera pas”, paroles qui font écho au slogan “patrons voyous”. Très bien, continuons les postures paradoxales et plaignons-nous de la chute des investissements industriels, bientôt de la rupture du crédit de la France. Continuons à stigmatiser le travail aliénant, l’effort, la réussite, et gémissons devant la fuite des jeunes entrepreneurs, des capitaux, des riches…
C’est pourtant simple. On ne peut pas vivre éternellement au-dessus de ses moyens, dépenser plus qu’on n’a, consommer plus qu’on ne produit. Les 35 heures, la retraite à 60 ans, les 5 semaines de congés payés, c’est très bien. Le système social, c’est encore mieux. Mais, à la fin, il faut payer. Qui paye, et comment ?
Mme Merkel dans le viseur rue de Solférino
La dernière solution du jour, ce sont les Allemands, Mme Merkel et son “intransigeance égoïste”, qui peut y croire ? Les appels à une “confrontation démocratique” et à un “affrontement avec Berlin” dépassent l’entendement. Nos voisins allemands n’y comprennent rien, d’ailleurs. Comment va-t-on les affronter démocratiquement, en faisant campagne contre Mme Merkel lors des prochaines élections en Allemagne ? N’est-ce pas au contraire le meilleur moyen pour soutenir la chancelière ? Oublie-t-on enfin que c’est le SPD de Schröder – la gauche allemande – qui a adopté avec vigueur les réformes structurelles rigoureuses qui ont remis l’Allemagne sur le chemin de la croissance et du succès qu’elle connaît aujourd’hui ?
On reste pantois devant le psychodrame apparent qui se joue entre l’Élysée et la Rue de Solférino, l’aile gauche du parti socialiste et Matignon. Et si tout cela n’était que de la poudre aux yeux ? Car l’opposition du PS, de Bartolone, de quelques ministres même, à la politique d’austérité finalement suivie par le président et le Premier ministre est tellement surprenante qu’elle en devient surréaliste et improbable.
Il n’y a plus d’opposition. Quelqu’un a-t-il encore vu ou entendu l’UMP, ses leaders ? Les socialistes jouent tous les rôles et occupent seuls la scène. Cela ressemble à une pièce de théâtre, un théâtre d’ombres, une manière d’être à la fois réaliste tout en satisfaisant au travers de l’image et de la voix le “peuple de gauche” en diffusant un message subliminal : “Nous faisons une politique qui ne nous plaît pas, nous ne pouvons cependant faire autrement mais nous gardons notre âme.”