Bruno Da Silva, président du tribunal des activités économiques de Lyon
Bruno Da Silva, président du tribunal des activités économiques de Lyon , en février 2025 sur le plateau de 6 minutes chrono / Lyon Capitale

"2 200 procédures collectives et 7 000 emplois" menacés à Lyon en 2025 estime Bruno Da Silva

Bruno Da Silva, président du nouveau tribunal des affaires économiques de Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

Les défaillances d’entreprises s'emballent. En 2024, 2 000 entreprises ont fait l'objet d'une procédure collective dans le Rhône, essentiellement à Lyon. C'est 33% de plus que la que la moyenne normative lyonnaise.

Pour 2025, le président du tribunal des activités économiques estime le nombre de défaillances d'entreprises à un chiffre compris entre 2 100 et 2 200, soit +40% à +46% par rapport à la période dite normative.

Sur ce volume global de défaillances d'entreprises, entre 87% et 88% de liquidations seront prononcées (+ 2% à +3% par rapport à 2024), c'est-à-dire  la fin, pure et simple, de l'activité d'une entreprise en état de cessation des paiements. 

3,2 emplois "concernés" par procédure collective

Le tribunal des activités économiques de Lyon constate que depuis dix ans, la moyenne d'emplois "concernés" - sémantique volontairement préférée à celle de "menacés" - par chaque procédure collective est de 3,2. Multipliés par le nombre de défaillances probables, entre 6 720 et 7040 emplois pourraient être impactés en 2025.

Le 28 janvier dernier, slides à l'appui, lors rentrée solennelle du tribunal, dont il est le président, Bruno Da Silva regrettait "le nombre d’entreprises concerné par des procédures amiables et collectives de traitement de leurs difficultés (...) en progression de près de 90% par rapport à la période ante Covid". 

Lire aussi : Lyon : + 90% de défaillances d'entreprises par rapport à l'avant Covid

Nouveauté depuis 4/5 ans : les grosses entreprises touchées

A l'échelle nationale, selon le cabinet Altares, 67 000 sociétés ont déposé le bilan l’année dernière et 250 000 emplois sont actuellement menacés de disparition par des plans sociaux en cours. 

"En dix ans, ce que l'on a observé au niveau du ressort du tribunal de commerce de Lyon, et maintenant tribunal des activités économiques, c'est qu'on est passé de 63 000 sociétés commerciales actives à 98 000 sociétés commerciales actives".

Pour autant, explique le président du tribunal des activités économiques, si "les entreprises résistent plutôt" et que "le tissu des entreprises est plutôt résilient", la spécificité 2024, "qu'on n'avait pas vu depuis quatre ou cinq ans", et qui inquiète, c'est que ce ne sont plus seulement les TPE et PME, les plus fragiles qui sont touchées, mais aussi des plus grosses, avec l'année dernière, une douzaine d'entreprises, dont le chiffre d'affaires dépassait le seuil de 20 millions d'euros avec 250 salariés, en difficulté.

Voir et lire aussi :
- Septembre 2024 - Le moral des chefs d'entreprise lyonnais plombé par la carence du gouvernement
- Février 2024 : En France, le tribunal de commerce de Lyon à la pointe sur les conciliations


La retranscription intégrale de l'entretien avec Bruno Da Silva


Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau rendez-vous de 6 mn chrono. Nous accueillons aujourd'hui Bruno Da Silva, bonjour.

Bonjour Guillaume.

Bruno Da Silva, vous êtes le président du tribunal des affaires économiques, ex-tribunal de commerce et nouvelle appellation depuis le début d'année puisque l'activité du tribunal s'élargit aux sociétés civiles, aux professions libérales, aux exploitants agricoles et aux associations. Les plans sociaux agitent l'économie française. Selon le cabinet Altares, 67 000 sociétés ont déposé le bilan en 2024, il y a 250 000 emplois menacés à l'échelle française, quel diagnostic faites-vous dans le ressort de Lyon ?

Dans le ressort de Lyon, ce que l'on observe c'est qu'effectivement il y a une progression assez significative du nombre de procédures collectives. En termes d'emplois, finalement, quand on regarde la situation je dirais que ce ne sont pas forcément des emplois menacés mais des emplois concernés par je dirais ces procédures dites collectives on est globalement sur des tailles d'entreprises qui sont assez constantes et invariantes depuis toujours depuis au moins ces dix dernières années à savoir environ 3,2 emplois concernés par procédures collectives ouvertes.

En période dite normative, on compte à peu près 1 500 défaillances d'entreprises par an ça - c'était avant Covid. Là, en après Covid, il y a eu les aides de l'Etat qu'est ce qui vous annoncer pour 2025 ?

Annoncer quelque chose pour 2025 c'est peut-être un peu ambitieux mais ce que l'on peut raisonnablement pressentir pour 2025 c'est qu'à périmètre constant -parce qu'on va exclure l'apport qui sera fait au travers de l'extension de nos compétences - on peut pressentir une augmentation du nombre de procédures collectives à l'encontre des sociétés. Probablement une part encore plus importante de liquidations puisque on vient rattraper finalement. On constate un rattrapage des entreprises qui n'ont pas été enregistrées pendant la période post Covid 2020-2022.

Donc on rajouterait combien au quota classique de 1 500 défaillances d'entreprises annuelles ?

L'année dernière, on a enregistré un petit peu moins de 2 000 défaillances d'entreprises, procédures collectives, parmi lesquelles environ 84% à 85 % de liquidations judiciaires. On peut estimer qu'en 2025, on aura un taux qui sera légèrement supérieur à 85 % de liquidations judiciaires, probablement plus sur 87-88 % et un nombre peut-être qui sera légèrement également supérieur aux alentours de 2 100-2 200 procédures collectives en tout.

2 200 procédures collectives à raison de 3,2 emplois concernés...

... on va arriver à environ 7000 emplois concernés.

Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, disait récemment dans un article de Lyon Capitale qu' il y a aussi une bonne dynamique de créations d'entreprises,une bonne résistance de l'économie lyonnaise. Etes-vous d'accord avec ce constat ?

Ce que l'on observe c'est qu'effectivement on a la chance d'avoir un dynamisme de la création d'entreprises : en 10 ans, ce que l'on a observé au niveau du ressort du tribunal de commerce de Lyon, et maintenant tribunal des activités économiques, c'est qu'on est passé de 63 000 entreprises de sociétés commerciales actives à 98 000 sociétés commerciales actives - j'exclus bien des formes de créations d'entreprises, telles que les sociétés civiles et également la micro-entreprise. Donc on a un dynamisme de la création d'entreprises.
Et ce que l'on observe c'est que malgré tout; postérieurement à cet épisode qui a été constitué par la crise Covid, c'est que les entreprises résistent plutôt puisqu'il nous a manqué pendant cette période environ 1 800 défaillances par rapport à un cycle normal, comme vous l'avez indiqué, de production de défaillances annuelles de 1 500 entreprises, il nous en a manqué 1800. On en a rattrapé entre guillemets 500 entre 2023 et 2024.
Donc, dans l'ensemble je dirais que le tissu des entreprises est plutôt résilient. Maintenant, il faut être extrêmement clair là-dessus, c'est que malgré tout, les difficultés concernent certains types d'entreprises, et notamment des entreprises un peu plus grosses que ce que nous avions l'habitude de connaître. Et cela peut présenter effectivement des risques notamment dans l'hypothèse où malheureusement elles viendraient à connaître le chemin de la défaillance.

Plus gros que de la TPE donc.

Là nous connaissons plus gros que de la TPE. L'année dernière, on a connu une douzaine d'affaires qui dépassent les seuils de 20 millions d'euros de chiffre d'affaires et 250 salariés. On a connu 12 sociétés de cette taille-là ce qui n'avait pas été connu sur ces 4-5 dernières années.

Peut-on parler d' une certaine "désacralisation" du tribunal pour les chefs d'entreprises, qu'effectivement ça commence à rentrer dans la tête des entrepreneurs que le tribunal de commerce il est là aussi pour les accompagner en cas de difficulté.

Tout à fait. On essaie de faire différentes actions, et vous y contribuer au travers de ce droit de parole que vous nous donnez. On observe effectivement qu'il y a une forme de désacralisation du tribunal, et tant mieux, une plus grande proximité avec le monde de l'entreprise et puis la volonté qu'ont les chefs d'entreprises, finalement, de franchir la porte du tribunal pour, non pas demander conseil puisque nous ne sommes pas là pour ça, mais pour s'orienter sur les procédures qui peuvent être mises à leur disposition.

Etaler des dettes, notamment, ce qui permet de sauver une entreprise à terme. L'émission touche à sa fin ce sera le dernier mot de l'émission. Merci Bruno Da Silva d'être venu sur 6 minutes chrono. A très bientôt au revoir.

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